Fukushima, l’impossible retour…

À Fukushima, l’impossible retour à la normale

L’édition du soir
Japon
De notre envoyé spécial à Fukushima, Jean-Christophe LALAY

Des villes évacuées en mars 2011 après les explosions de la centrale nucléaire de Fukushima vont, début avril, accueillir à nouveau des habitants. Avec un problème majeur, ils sont très peu nombreux à vouloir faire le chemin du retour.

(Photo : Ouest-France)

Minamisoma, au nord de la centrale de Fukushima. Dans le quartier Kashima, le docteur Seiji Endo a créé la « Clinique des liens ». Il travaille avec Masahiko Yamaki, pharmacien installé dans le même quartier. Après la catastrophe nucléaire, ils se sont fixés comme mission de venir en aide aux populations déplacées de leur ancien quartier d’Okada. Depuis six ans, des milliers de familles vivent dans des logements provisoires avec des pathologies liées à l’inactivité et à la dépression. Seiji Endo, avec sa clinique, tente de recréer du lien social.

Pour Masahiko Yamaki, le pharmacien, l’aide aux personnes victimes du nucléaire est une affaire de famille. Son père était à Nagasaki lors du largage de la seconde bombe atomique en août 1945. « Il a aidé les victimes plus gravement touchées que lui », raconte son fils pharmacien. Aujourd’hui, il suit ses traces après l’accident de Fukushima

(Photo : Ouest-France)

Okada, quartier de Minamisoma. L’interdiction d’habiter à Okada, à moins de 20 km de la centrale, a été levée en juillet 2016. Mais le retour des habitants se fait au compte-gouttes. Moins de 10 % de la population de 2011 est revenue dans le quartier. « Ce sont essentiellement des personnes âgées », regrette le maroquinier, un des rares commerçants de la rue principale quasiment déserte. L’école doit rouvrir en avril après six ans de fermeture. Seulement trois enfants sont inscrits dans le premier cycle. Ils étaient plus d’une centaine avant l’accident nucléaire.

(Photo : Ouest-France)

La décontamination. Des sites de stockage provisoire regroupant des milliers et des milliers de sacs fleurissent au bord des routes dans tout le département de Fukushima. L’une des expressions les plus concrètes de la décontamination. Sur des surfaces gigantesques, la terre a été grattée pour éliminer la couche supérieure censée avoir été contaminée par le nuage de la centrale. Cette terre doit être désormais conservée à l’abri. Les sites de stockage sont censés être provisoires. Pour l’heure, le gouvernement japonais n’a pas la solution pour créer des centres de stockage définitif.

(Photo : Ouest-France)

Le coiffeur d’Okada. Bien que son quartier ait été évacué après l’accident, le coiffeur d’Okada est très vite revenu dans son salon de la rue principale. Deux ans après l’accident, il devait amener des seaux d’eau pour assurer ses coupes. Aujourd’hui, la situation sanitaire est rétablie. Mais la population d’Okada a du mal à retrouver son niveau de 2011. Mais le coiffeur d’Okada, ici avec sa femme, reste enthousiaste. Sa clientèle lui reste fidèle même si elle ne veut plus habiter dans le quartier.

(Photo : Ouest-France)

La radioactivité est partout. L’image frappe le visiteur lorsqu’il arrive de Tokyo vers la région de Fukushima. Des grands panneaux électroniques le long de l’autoroute puis des bornes plus petites dans les villages annoncent le niveau de radiation ambiant, comme ici dans le petit village d’Itate. Selon le ministère de l’Environnement, les mesures effectuées aujourd’hui ne dépassent presque plus celles d’avant la catastrophe.

(Photo : Ouest-France)

Le riz repousse. Hirisho Miura pose fièrement devant son appareil servant à mesurer le taux de radioactivité dans les sacs de riz produits dans sa coopérative agricole. Offert par la préfecture, cet appareil vient d’une ancienne filiale d’Areva. Avec son association Nomado, l’agriculteur essaye de relancer une activité pour des agriculteurs qui ont perdu 70 % de leur terre dans la région côtière de Fukushima. Pour arriver à regagner la confiance des clients, le contrôle est systématique. En 2015, 99 % des 15 millions de sacs de riz affichaient des taux largement en dessous des normes internationales.

(Photo : Ouest-France)

Difficile d’être pêcheur dans le Pacifique. Avant l’accident, la pêche côtière de la région de Fukushima ramenait chaque année plus de 20 000 tonnes de poissons. Aujourd’hui, les pêcheurs sinistrés arrivent à moins de 2 000 tonnes. Des contrôles sur la radioactivité des poissons sont réalisés très régulièrement. La pêche n’est encore autorisée qu’à l’essai sur certaines espèces de poissons. Pour redynamiser leur activité, les pêcheurs se lancent aussi dans la transformation des poissons. Ici dans le port d’Isobe, ravagé par le tsunami, Yujiro Watanabe, 54 ans, présente les produits conditionnés dans le tout nouvel atelier de transformation : « Mon père est mort dans le tsunami. Tout mon village a été ravagé. Aujourd’hui, je suis là vivant. J’ai le devoir de continuer. »

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