La situation à Fukushima

 

Où en est la situation à Fukushima ?

23 octobre 2016

Texte de de HORI Yasuo du 27 août 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET

Texte original en espéranto

Le premier Congrès International des Mères s’est tenu à Lausanne, en Suisse, en Juillet 1955, et y participaient 1060 personnes de 68 pays. L’année précédente, les États-Unis avaient expérimenté une bombe à hydrogène dans le Pacifique Sud. A cause de ces expériences, mille bateaux de pêche japonais avaient été irradiés et une pluie radioactive était tombée sur le Japon, et certainement sur l’ensemble du globe. En raison de leur crainte, des mères du monde entier avaient organisé ce congrès, mais malheureusement, il n’a plus jamais eu lieu dans le monde, sauf au Japon.

 

Seules les mères japonaises continuent d’organiser la conférence chaque année, et cette année c’était la 62ème. En raison de ces événements historiques, les mères qui participent aux congrès s’intéressent fortement aux questions nucléaires, ce qui fut le cas dans ce congrès également, où l’une des questions les plus importantes a été : comment supprimer les centrales nucléaires au Japon ?

 

La réunion dédiée à l’ « Energie et centrales nucléaires » avait lieu dans le département de Fukui, où se trouvent 15 réacteurs. A cette occasion, les mères qui agissent contre les centrales nucléaires dans leur département sont montées avec détermination sur le podium et elles ont fait un rapport sur leur action personnelle, parfois réussie, parfois difficile. Moi aussi, je voulais informer sur les rapports que j’écris en espéranto, mais malheureusement il ne m’a pas été permis de le faire. Peut-être n’avait-on aucune idée de ce qu’est l’espéranto, et en outre ma proposition était trop internationale pour les organisateurs.

 

Au cours de cette session, j’ai été étonné de l’énergie et de l’enthousiasme des mères. Le slogan du congrès était :  » Mères, vous qui donnez la vie, protégez-la et prenez soin d’elle. » Vraiment les mères sont fortes.

 

Les mères du département d’Aomori racontent leur bataille contre la centrale nucléaire en construction à Ōma

A la fin de la session, M. Itō Tatsuya, qui vit à Iwaki, ville du département de Fukushima, et travaille en tant que membre du conseil du » Centre japonais des mouvements anti-nucléaires » a fait une conférence. Le thème en était : «Nous ne devons plus répéter les accidents nucléaires. »

Les mères du département d'Aomori racontent leur bataille  contre la centrale nucléaire en construction à Ōma
Les mères du département d’Aomori racontent leur bataille contre la centrale nucléaire en construction à Ōma
  1. Maintenant, 5 ans après l’accident de Fukushima

(1) Dans 6 villes endommagées par l’accident, plus personne n’habite maintenant. La population de Fukushima a diminué de 5,7%. Ceci est la plus forte baisse au Japon.

 

(2) Même 5 ans après, des décès indirects dûs à l’accident se produisent encore (décès dûs à des soins insuffisants après la catastrophe, au changement et à l’appauvrissement, au désespoir, au suicide etc.). Le nombre de décès directs dûs au tsunami est de 1604, mais celui des décès indirects est de 2006 (jusqu’en décembre 2015).

 

(3) Il faudra plus de 40 ans pour une suppression complète de ces réacteurs endommagés. Nous ne savons toujours pas où, ni dans quel état, sont les combustibles nucléaires fondus. Si on couvre les réacteurs avec un « sarcophage de pierre », comme à Tchernobyl, on devra en prendre soin pendant les cent années à venir.

 

(4) Le gouvernement envisage de construire (c’est en partie commencé) un « dépôt temporaire de déchets nucléaires », qui se situera dans les deux villes d’Ōkuma et de Futaba, et il promet que, dans 30 ans, il transportera ces déchets en dehors du département de Fukushima, mais personne ne croit à cette promesse. Cela deviendra certainement un stockage éternel.

 

(5) Dans certaines villes polluées par les déchets radioactifs et ensuite « nettoyées », maintenant les habitants peuvent revenir, mais cela n’est pas facile en raison d’un manque d’hôpitaux, de magasins et d’autres fonctions indispensables, et à cause de la crainte de la radioactivité.

 

(6) Le gouvernement n’a pas de plan pour dépolluer les villes fortement contaminées.

 

(7) Nous avons trouvé 161 enfants qui souffrent d’un cancer de la thyroïde, et 42 chez qui on soupçonne cette maladie. Parmi les chercheurs et les médecins, il y a deux opinions. Certains attribuent cela à l’accident nucléaire, mais d’autres pas du tout. Quelles que soient les raisons de ces cancers, on doit s’occuper de ces enfants avec chaleur et persévérance.

 

(8) Une mésentente existe entre les victimes de l’accident. Le gouvernement a créé des divisions entre elles, en leur versant des indemnités différentes selon la distance entre leurs maisons et la centrale nucléaire, et selon la quantité de radioactivité dans leur région d’origine. Nous devons surmonter cette discorde et retrouver la solidarité entre les victimes.

 

 

  1. Mouvements contre les centrales nucléaires

(1) Avant le 11 mars 2011
· Nous nous sommes battus devant les tribunaux contre la construction de centrales nucléaires, mais nous avons échoué.
· « Le Centre japonais anti-nucléaire » a mis en garde le gouvernement et TEPCO à plusieurs reprises sur les dangers de grands tsunamis possibles, mais ils n’ont pas écouté nos conseils.

 

(2) De nouvelles perspectives après la catastrophe
· Le mouvement contre les centrales nucléaires est devenu un grand mouvement qui englobe tout le Japon , et tous peuvent y participer.
· Les groupes qui soutiennent la politique pro-nucléaire, soutiennent également la politique des armes nucléaires et essayent de changer l’article 9 de la Constitution japonaise, qui interdit la guerre et la possession d’une armée. Nous devons donc avoir une solidarité forte et une action commune entre nos trois mouvements, lesquels cherchent à protéger la vie du peuple, c’est-à-dire le mouvement contre les centrales nucléaires, le mouvement pour l’abolition des armes nucléaires et le mouvement pour protéger la Constitution Japonaise.

 

 

  1. Ce qui est important pour ne pas répéter les accidents nucléaires

(1) Mettons-nous mutuellement au courant des faits, expériences et leçons de l’accident nucléaire.
(2) Ayons une compréhension commune des dangers suivants :
a) Danger dû à un manque de technologie suffisante, en particulier danger des réacteurs à eau bouillante et danger en raison de réacteurs obsolètes.

  1. b) Danger dû au financement spécial des compagnies d’électricité. Grâce à ce système avantageux, elles peuvent librement prendre de l’argent dans les poches des gens quand elles en ont «besoin», et elles peuvent faire construire des centrales nucléaires à volonté et sans problème financier.
  2. c) Danger dû à la structure géologique de l’archipel japonais, où se produisent souvent des tremblements de terre et des éruptions volcaniques.
    d) Danger dû à la géographie. Les centrales nucléaires sont situées à proximité des villes et des villages. Dans les centrales nucléaires, plusieurs réacteurs sont installés sur une petite surface.
  3.      e) Danger dû à un manque de règles au niveau mondial pour contrôler les centrales nucléaires. Il n’existe qu’un comité, appelé « Autorité de Régulation Nucléaire », et il est favorable au gouvernement et aux compagnies d »électricité.
    f) Danger dû à la recherche de profit des entreprises électriques. Par exemple,

lorsque ont eu lieu les grands tremblements de terre à Kumamoto en avril 2016, la compagnie d’électricité Kjūŝū n’a jamais eu l’intention d’arrêter les réacteurs.

 

(3) Ayons un projet commun pour construire des villes non subordonnées à l’énergie nucléaire.
(4) Ayons un projet commun sur l’énergie recyclable. Partout dans le Japon, il y a des sources naturelles d’énergie recyclable, que nous pouvons utiliser en fonction des besoins de la région, qui nécessitent un faible investissement, et dont nous pourrons bénéficier.

 

  1. Avenir de Fukushima

(1) Toutes les villes dans le département de Fukushima exigent la suppression de tous les 10 réacteurs qui s’y trouvent, cependant TEPCO et le gouvernement se taisent.
(2) Fukushima vise à être le département de l’énergie recyclable. Ce sera la plus grande riposte au gouvernement et à TEPCO, et en même temps nous remercierons ainsi tous ceux qui viennent en aide à Fukushima.

Le grand salon est rempli de femmes venues de tout le Japon.Le grand salon est rempli de femmes venues de tout le Japon.

 

 

 

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