Fukushima: …sept français sur dix…

C’est un pavé toujours aussi intéressant que vient de fournir l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), ce 11 octobre 2016, avec son baromètre 2016 de « La perception des risques et de la sécurité par les Français » (l’enquête a été faite fin 2015).

Sans surprise, le terrorisme est au premier rang des préoccupations des Français (1). Mais les questions ayant trait au nucléaire montrent aussi une forte défiance. A la page 4, qui résume les « traits saillants » des 155 pages du document, l’expression demeure (partiellement) euphémique : des trois tendances majeures qui se dégagent, la troisième est « une image plutôt en retrait du nucléaire parmi les sources d’énergie  et une inquiétude toujours forte liée aux accidents nucléaires de Tchernobyl  et de Fukushima ».

Pour ce qui est du « plutôt en retrait », le lecteur est servi : à la question de savoir quelle est « l’énergie d’avenir », seuls 4,8% citent l’énergie nucléaire, contre 57% le solaire et 23,5% l’éolien. Des tendances qui n’ont cessé de s’accentuer depuis 2013, où les chiffres étaient respectivement 6,8%, 53,9%, 20,8%. Quant à vivre près d’une centrale, les Français n’en ont pas une envie folle, pour 81% c’est non, et près d’un site de stockage de déchets radioactifs, c’est non, non, non (à 94,5%). Surprise, voilà qu’ils se mettent à tolérer les éoliennes ! Se dégage une courte majorité de oui pour « vivre près d’un parc éolien », à 51,9%.

Comme le fait remarquer l’analyse du document, si « l’argument le plus fort contre le nucléaire » demeure les accidents de Tchernobyl et de Fukushima (pour plus d’un Français sur trois), celui qui progresse (+ 6 points de 2013 à 2015) et se mute en repoussoir a pour nom « déchets nucléaires » (pour plus d’un Français sur quatre). Le projet de stockage géologique Cigéo de Bure a du souci à se faire pour son acceptabilité…

Quant à « l’inquiétude toujours forte », elle est bel et bien là, concernant Tchernobyl et Fukushima, accidents qui plombent durablement la confiance dans l’énergie nucléaire. Ainsi, ils sont toujours 44% à estimer que, dans les années à venir, les retombées radioactives de Fukushima feront plus de 5000 morts au Japon (ils étaient 53% après les débuts de la catastrophe). Et un Français sur quatre place le chiffre dans la fourchette des 1000 à 5000 morts.

En réalité, comment peuvent-ils se faire une idée un peu précise des événements ? Surtout, à qui faire confiance ? Vraiment dans les choux, si l’on ose pareille comparaison primesautière pour un sujet aussi grave, on retrouve les hommes politiques (1%), ce qui n’est pas très étonnant et aussi… EDF (3%), dont le capital confiance n’est vraiment pas au mieux en cette occurrence.

En revanche, les associations de défense de l’environnement font plus que tirer leur épingle du jeu en prenant la tête avec 27% de confiance, suivies des deux bras armés de la sûreté française, IRSN à 16% et ASN (autorité de sûreté nucléaire) à 15%. Prises ensemble, ces deux institutions atteignent 31%. Si elles veulent atteindre un jour une majorité, il y a encore un bel effort à faire pour assurer le citoyen qu’elles font tout pour sa sécurité. Y aurait-il un déficit explicatif ? Le baromètre rappelle que « quatre personnes sur dix estiment que les explications des experts sur les conséquences de Fukushima sont incompréhensibles » (tout à fait d’accord avec cette assertion) et « trois sur dix », plutôt d’accord…

  • Même si, comme le fait remarquer le document, l’enquête a été menée quelques semaines seulement après les attentats de novembre 2015, ce qui a pu renforcer leur impact et ainsi les mettre au premier rang des préoccupations, devant même le chômage.
  • Ne peuvent pas pavoiser non plus les journalistes (6%), les médecins (10%), le CEA (10%)
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