Fukushima: Tepco avoue avoir menti…

 Japon : l’entreprise Tepco avoue avoir menti sur la catastrophe de Fukushima

Un violent tsunami avait causé d’importants rejets radioactifs en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011.

Une vue de la centrale de Fukushima prise le 12 novembre 2014
Crédit : AFP/ Archives, Shizuo Kambayashi. (Vue de la centrale de Fukushima prise le 12/11/ 2014)

Cinq ans après la catastrophe de Fukushima en mars 2011, l’entreprise Tepco a avoué avoir minimisé la gravité de l’état des réacteurs mercredi 24 février, en ne reconnaissant pas aussi rapidement que possible le fait que trois d’entre eux étaient en fusion. « Nous nous excusons profondément pour avoir affirmé par erreur que rien ne permettait de déterminer qu’une fusion du cœur de réacteur était en cours », a déclaré l’opérateur de la centrale à la presse japonaise.

Il a fallu attendre deux mois, en mai 2011, pour que l’exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), emploie le mot fusion, alors même que ses propres manuels de gestion de crise, s’ils avaient été correctement utilisés, lui auraient permis de porter plus vite un jugement plus exact sur la situation. Tepco a évité durant des semaines d’employer l’expression effrayante « fusion du cœur » de réacteur. Pourtant, la compagnie disposait des informations qui permettaient de déterminer qu’un tel processus était en cours dans les tout premiers jours suivant le 11 mars, quand la centrale a été dévastée par le tsunami provoqué par un violent séisme de magnitude 9.0.

Quarante ans de travaux à venir

Les installations ont été un temps submergées, l’électricité coupée, les systèmes de refroidissement du combustible nucléaire totalement arrêtés et la situation est devenue vite impossible à maîtriser. Les cœurs de trois des six réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi ont alors fondu. Dans ses manuels, il était écrit « si l’endommagement d’un cœur de réacteur dépasse 5%, on peut en déduire que la fusion du cœur est en cours », mais ces critères n’ont pas été appliqués sur le moment alors même que la dégradation du combustible avait été évaluée et dépassait ce niveau dans plusieurs unités, a admis Tepco.

« Nous avons aussi analysé les autres informations transmises immédiatement après l’accident et il s’avère que nous aurions pu communiquer plus tôt sur divers points », a aussi écrit Tepco lors d’un rare mea culpa. À sa décharge,

la compagnie peut dire que les circonstances étaient exceptionnelles : installations sens dessus dessous, pas d’électricité, 4 réacteurs simultanément gravement touchés, deux autres également affectés quoique moins sévèrement, traumatisme lié au séisme et au tsunami et une deuxième centrale, Fukushima Daini, à une douzaine de kilomètres, également endommagée.

Reste que nombre d’experts s’inquiétaient dès le départ de la nature des informations données par Tepco et les autorités, soupçonnés de volontairement faire de la rétention de données afin de ne pas entraîner un mouvement de panique. Il a fallu plus de trois mois avant de reprendre le contrôle du site et six de plus avant de décréter la situation stabilisée. Depuis, des milliers de travailleurs s’escriment chaque jour dans cette centrale pour en préparer le démantèlement prévu pour durer une quarantaine d’années.

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