Les scientifiques japonais étudient…

Les scientifiques japonais étudient la faune et la flore des forêts contaminées.

Mais ils se refusent à conclure avant encore 5 ou 6 ans.

Traduction (par vivre-après-fukushima) d’un article de l’Asahi Shimbun daté du 22 Décembre 2015.

Plus de 90% des sapins proches du site de la catastrophe nucléaire de 2011 présentent des anomalies; et des spéciments de pucerons collectés dans une ville distante de plus de 30 km de la centrale détruite ont des pattes tordues ou absentes.

Mais il reste difficile de savoir si les mutations des plantes et animaux sont effectivement en relation avec la catastrophe de la centrale nucléaire Fukushima N°1.

Tout ce que les scientifiques japonais acceptent de dire c’est qu’ils essaient de comprendre les effets du césium radioactif libéré avec d’énormes quantités de matières radioactives par la triple fusion à la centrale de Fukushima, déclenchée par le tremblement de terre et le tsunami du grand Est japonais.

Ils cherchent à savoir comment le césium radioactif s’est diffusé dans les forêts et le sol des zones proches de la centrale accidentée, accompagné de signes de mutations chez les plantes et les animaux.
Comprendre comment le césium et d’autres particules radioactives se sont propagés après la catastrophe est une clef pour comprendre les conséquences du pire accident nucléaire survenu au Japon.

Ces recherches concernent fortement ce à quoi les autorités et les habitants peuvent s’attendre en cas de nouvel accident.
Elles fournissent également des informations précieuses aux évacués lorsqu’ils pèsent le choix de refaire leur vie près de la centrale détruite.

Parmi les substances radioactives, le césium137 est la préoccupation majeure car sa demi-vie est de 30 ans à peu près. Comme les forêts ont été exclues des travaux de décontamination, une quantité indéterminée de césium va persister dans les forêts et rester enfouie dans le sol pendant de nombreuses années.

Des forêts montagneuses couvrent 70% de la surface de la Préfecture de Fukushima.
L’agence gouvernementale Japan Atomic Energy Agency (JAEA) est l’une des organisations qui étudie les effets de la radioactivité et la façon dont le césium se diffuse dans les zones boisées.

Lors d’un récent déplacement sur le terrain à Kawauchi, les niveaux de radiations sur un point de contrôle ont été de 1,2 à 1,3 microsieverts par heure.
Dans le sol on a mesuré entre 300 000 et 400 000 Becquerels par mètre carré.
voir la note

Le point de contrôle se trouvait dans une zone « No Entry»; cette zone couvrait un rayon de 20 km autour de l’usine; elle a été évacuée peu après l’accident nucléaire.
Actuellement, le site du point de contrôle est classé «Zone en préparation pour la levée de l’ordre d’évacuation» conformément à la réévaluation que fait le gouvernement de la situation des communautés touchées.

Des brindilles en décomposition et des branches mélangées à la couverture de feuilles recouvrent les pentes abruptes de la forêt de cèdres. Au cours de l’enquête, les chercheurs ont balisé une parcelle rectangulaire de 66 m2 comme témoin et y ont recueilli l’eau de pluie et les feuilles tombées.
Ils ont également mesuré la radioactivité de l’eau de pluie. Les chercheurs ont pour cela entouré les troncs d’arbres avec une bande et ont recueilli l’eau de pluie qui y coulait.

Avant la catastrophe de Fukushima, les seules données disponibles pour les chercheurs du JAEA sur le transfert à long terme du césium dans le sol était limitées à des données expérimentales au laboratoire.
«Nous avons du tâtonner pour trouver sous quelle forme et où se trouve le césium dans les forêts après avoir été relâché par la centrale nucléaire» a déclaré Kazuki Iijima, attaché au centre de sécurité environnementale de Fukushima.

Selon les chercheurs, le césium des feuilles se retrouve au sol du fait de la défoliation.
Dans le cas des cèdres, par exemple, les feuilles sont remplacées tous les 3 à 4 ans.
Les feuilles des cèdres tombées au moment de l’accident nucléaire étaient criblées de césium qui ensuite s’est infiltré dans le sol. Chaque nouveau lit de feuilles mortes pèse sur le sol de surface et repoussse le césium plus bas.
De ce fait, le niveau de radiations dans l’air de la zone considérée baisse plus rapidement que la décroissance naturelle du césium au fil du temps.

Les études précédentes des chercheurs ont montré que, en forêt, seulement 0,1 % de la quantité totale de césium des sites surveillés se propage hors de la zone sur une période de 1 an.
« La plus grande partie du césium reste dans le sol de surface jusqu’à 5 à 10 cm de la surface.»

Du fait que le césium se fixe sur la terre et se dissout dans l’eau, il se propage facilement. Il se dépose également dans le lit des rivières et au fond des lacs.
Au barrage de Ogaki, à environ 20 km au Nord-Ouest de la centrale nucléaire, les chercheurs ont mesuré 800 000 Becquerels/kg à 20 cm sous le niveau du lit du lac, à proximité de l’embouchure de la rivière Ukedogawa.
Mais un prélèvement près de la surface du lit du lac était à moins de 200 000 Bq.
Selon les chercheurs, cette différence est facile à expliquer: de la terre hautement contaminée par le césium s’est écoulée dans le barrage immédiatement après l’accident; et de la terre moins contaminée s’est accumulée plus tard au dessus.

Les chercheurs tentent également de déterminer si la libération de matières radioactives affecte la croissance des plantes et des animaux.
Les chercheurs ont rapporté des mutations et des anomalies concernant des espèces comme les sapins, les pucerons, les singes japonais, les carpes et les grenouilles.
L’institut national des sciences radiologiques (NIRS) , une organisation gouvernementale, a déclaré fin août que les troncs des sapins ne poussent pas à la verticale. (http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201508290045)
Les sapins sont l’une des 44 espèces que le gouvernement a demandé au NIRS et d’autres organismes de recherche d’étudier; dans le but de déterminer les effets des radiations sur les êtres vivants.

La NIRS a indiqué que la fréquence de ces mutations est liée à l’élévation du niveau de fond de la radioactivité naturelle.(note 2)
Dans la ville de Okuma, à seulement 3,5 km de la centrale accidentée, plus de 90% des sapins ont des anomalies de croissance.
«Nous avons besoin de comprendre comment la radioactivité s’accumule dans les sapins; nous faisons des recherches complémentaires.» affirme un chercheur de la NIRS.

Parmi les autres modifications signalées: les pattes de pucerons collectés à Kawamata, une ville située à plus de 30 km de la centrale, étaient manquantes ou tordues; et à Fukushima, capitale de la préfecture, à 60 km de la centrale, le nombre de leucocytes dans le sang des singes japonais était abaissé.
D’autres scientifiques étudient les vers de terre, les carpes, les grenouilles, les mouches et les coléoptères dorés.

Manabu Fukumoto, professeur de pathologie, du vieillissement, du cancer à l’Institut du développement de l’université du Tohoku, a mis en garde contre toute conclusion hâtive selon laquelle les retombées nucléaires seraient responsables de tous ces effets.
« Nous ne pouvons pas conclure définitivement que ces phénomènes ont été causés par les radiations tant que les doses cumulées (des estimations fiables) n’ont pas été calculées» a déclaré Fukumoto qui est aussi le chef de la société japonaise de recherche sur les radiations.
Mais l’évaluation de leur effet sur les animaux sauvages est un défi pour les scientifiques.
Avant la catastrophe, la plupart des expériences visant à évaluer l’impact des radiations sur les animaux avaient été menées dans les laboratoires.

Au cours de ces expériences, les animaux ont été exposés à des intensités de rayonnement variées sous le contrôle des chercheurs.
Dans l’environnement naturel il est difficile d’évaluer l’exposition externe car les animaux se déplacent.
De plus, les doses de leur exposition interne peuvent varier considérablement, en fonction de ce qu’ils mangent: quand et combien.
Il est également possible que certains animaux, même s’ils ont des signes d’effets des rayonnements, ne restent pas en vie et ne puissent être examinés. Ils pourraient également avoir été tués par leurs prédateurs naturels.

En outre, les scientifiques ne peuvent pas exclure des facteurs tels que la température, la présence de produits chimiques agricoles, derrière ces anomalies.

Les experts affirment qu’ils ont besoin de reproduire de semblables résultats dans des tests de laboratoire.
« Nous devons continuer de surveiller l’environnement pendant au moins 5 ou 6 ans» affirme Fukumoto. « Et dans le même temps nous devons commencer à analyser les phénomènes constatés»

le Journal Asahi Shimbun – 22 décembre 2015


Notes:

  • Pas bien précis cet article et on sent plein de réserves. On dirait que tous les scientifiques japonais, hormis quelques exceptions notables, se sont donné le mot: « Pas question de conclure sur les conséquences des retombées radioactives avant 5 ou 6 ans. Il faut faire des études complémentaires».
  • C’est la même rengaine au sujet de la multiplication des cancers de la thyroïde chez les enfants (au moins 30 fois plus qu’avant la catastrophe nucléaire).
    C’est beau, c’est très scientifique.
  • Mais en attendant, on fait quoi ? On incite énergiquement les gens, les enfants, les femmes enceintes, à aller vivre dans les zones polluées ! Avec l’aide des dosimètres que le programme «Ethos» leur fournit chacun pourra contrôler sa contamination !
    On compte le nombre d’enfants ayant un cancer de la thyroïde !
  • Il n’est pas mentionné que lorsque les arbres font de nouvelles feuilles ils remontent du césium puisé dans le sol

(1) La radioactivité naturelle au Japon est généralement franchement inférieure à 0,10 µSv/h
A partir de 8000 Bq/kg, on objet est déclaré «déchet radioactif» et doit être traité en conséquence.
La teneur normale d’un sol en Césium est ZÉRO
Un aliment contaminé jusqu’à 100 Bq/kg de Césium est déclaré consommable.
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(2)-un exploit cette phrase ! affirmer que l’augmentation de la radioactivité locale serait «naturelle»! Je ne peux déterminer si c’est le journaliste ou le scientifique qui a affirmé cela; ou peut-être une erreur dans les traductions successives.
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(3) Et on n’oublie pas bien sûr l’énorme fuite de méthane dans la région de Los Angeles. Des milliers de personnes ont du évacuer. 30 à 58 tonnes par heure ! La fuite dure depuis au moins le 23 octobre. Encore un exemple d’une « super » technologie non maîtrisée, avec de lourdes conséquences.

Le 10 janvier 2016

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