Japon 2013 – Après le déluge/24

L’Isle le 3 février:

6.9 à Hokkaido : une pré-alerte peu efficace

L’ile d’Hokkaido et l’extrémité Nord de l’ile Japonaise d’Honshu ont été secouées hier par un puissant séisme de magnitude 6.9 qui n’aurait pas fait de dégâts importants mais qui repose de nouveau la question de la pertinence de l’exploitation de sites nucléaires dans une région à très haut risque sismique.

Trois installations nucléaires situées à moins de 300 km de l’épicentre du séisme d’Hokkaido

L’épicentre du séisme survenu hier à 23h30 heure de Tokyo était localisé sur terre – une rareté au Japon – et à proximité d’Ohibiro, une localité située entre les villes de Sapporo et de Kushiro. L’hypocentre était fort heureusement situé relativement profondément (environ 120 km) pour éviter des dégâts en surface trop importants. La secousse s’est prolongée durant environ une minute et a été ressentie sur toute l’ile d’Hokkaido ainsi que sur la partie Nord de l’ile de Honshu où se situent les installations du site de retraitement de Rokkasho.

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Selon l’échelle Japonaise JMA, le site nucléaire de Tomari, situé à 250 km à l’Ouest de l’épicentre, était situé en zone 3 (les lignes électriques se balancent faiblement) alors que la centrale nucléaire de Higashidori était exposée à un niveau 5- (fissures sur les murs non renforcés) et le site de retraitement de Rokkasho à un niveau 4 (balancements importants des lignes électriques).

Une pré-alerte peu efficace et sans grande utilité pratique

Le Japon expérimente depuis quelque temps un dispositif de pré-alerte sismique qui n’est que peu convaincant pour l’instant : en se basant sur la détection précoce d’ondes sismiques rapides qui voyagent plus rapidement que les secousses destructrices , l’alerte peut ainsi être donnée dans le meilleur des cas une bonne minute environ avant les premiers effets mécaniques notables .

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Des ondes particulières sensibles par les animaux ?

Certains scientifiques estiment que ce phénomène légèrement précurseur d’un séisme important pourrait expliquer les réactions constatées chez certains animaux qui semblent apeurés ou tout au moins mal à l’aise avant un séisme majeur comme s’ils ressentaient l’approche du phénomène.

Quoiqu’il en soit, ce dispositif, même s’il est intéressant sur le plan technique, ne trouve pas de grande utilité sur le plan pratique : le temps de répercuter l’alerte, la moitié environ du temps disponible avant la secousse sera déjà écoulé, sans même parler des alertes nocturnes qui n’ont pratiquement aucune chance d’être interceptées par leurs destinataires.

Il faut également compter avec les fausses alertes qui ajoutent une couche d’incertitude à l’équation : il arrive parfois que les vibrations engendrées par des activités humaines comme les déplacements de véhicules lourds ou encore des travaux de terrassement importants déclenchent le dispositif par erreur ; l’alerte doit ainsi être de préférence confirmée par un intermédiaire humain ce qui réduit d’autant l’efficacité du système.

Assez loin mais pas trop !

Le dernier des points faibles de ce dispositif de pré-alerte sismique réside dans un paradoxe majeur : pour être efficace, la détection doit se faire à une distance optimale des secousses car son principe repose sur la phase mesurée entre deux expressions du même phénomène, une appréciation qui s’accroit avec la distance parcourue. Il faut ainsi compter pour une bonne efficacité une distance d’environ 500 à 1000 km, ce qui réduit d’autant la pertinence de la détection car, “vus” de plus loin, les signaux sont évidemment affaiblis et d’autant que rien ne permet de renseigner le lieu exact où la secousse va finalement se déclencher.

Des systèmes non validés officiellement

L’ensemble de ces éléments peu optimaux amène de manière fort logique les scientifiques à se méfier de ce “prévisionnisme” sismique qui pourrait malgré tout attirer – surtout s’il est bien exploité commercialement – certains amateurs de technologies futuristes emballés par une – fausse – impression de sécurité.


Sources :

Japon: le Nord secoué par un violent séisme, les sites nucléaires indemnes, courrierinternational, 2213

Powerful 6.9-magnitude quake shakes northern Japan, channelasia, 2213

Earthquake Information, jma, 2213

P Waves, universetoday, 19311


Lire également :

Rokkasho-mura, la presqu’île au nucléaire japonaise, japon-gekokujo, 3711

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