MAN’S LAND DE FUKUSHIMA

DANS LE NO MAN’S LAND DE FUKUSHIMA

Par Dominique Poiret 
24 avril 2017 à 11:24

Depuis la catastrophe nucléaire de mars 2011, les photographes Carlos Ayesta et Guillaume Bression se sont rendus à de nombreuses reprises dans la région de Fukushima et tout particulièrement dans le «no man’s land» qui entoure le site accidenté. Aujourd’hui, ils recueillent les témoignages de ceux qui ont décidé de tourner la page, et d’autres qui rêvent d’y revenir. Pour «Libération», ils commentent quelques-uns de leurs clichés.

«En 2011, 9 mois après le tremblement de terre, il n’y avait toujours pas d’électricité autour de la centrale. Nous sommes arrivés à la gare de Tomioka de nuit. Elle se situait à quelques centaines de mètres du bord de mer et a été entièrement détruite par le tsunami. Sur les rails, une voiture, notre première photo. Elle donne le ton de notre travail. Elle fait partie de notre première série 'A no man’s land' qui témoigne de la triple catastrophe, tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire.»

«En 2011, 9 mois après le tremblement de terre, il n’y avait toujours pas d’électricité autour de la centrale. Nous sommes arrivés à la gare de Tomioka de nuit. Elle se situait à quelques centaines de mètres du bord de mer et a été entièrement détruite par le tsunami. Sur les rails, une voiture, notre première photo. Elle donne le ton de notre travail. Elle fait partie de notre première série « A no man’s land » qui témoigne de la triple catastrophe, tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire.»

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Censée rendre sa pureté originelle aux territoires, la décontamination de Fukushima a en fait criblé les paysages de blocs sombres. Ces sacs soigneusement empilés dans de vastes zones de stockage rappellent constamment la catastrophe de Fukushima. Nous avons parcouru la grande majorité de ces sites avec pour objectif d’établir une sorte de cartographie de la région. Les photos s’assemblent les unes aux autres et établissent ainsi une fresque qui ne semble jamais prendre fin.»

«Censée rendre sa pureté originelle aux territoires, la décontamination de Fukushima a en fait criblé les paysages de blocs sombres. Ces sacs soigneusement empilés dans de vastes zones de stockage rappellent constamment la catastrophe de Fukushima. Nous avons parcouru la grande majorité de ces sites avec pour objectif d’établir une sorte de cartographie de la région. Les photos s’assemblent les unes aux autres et établissent ainsi une fresque qui ne semble jamais prendre fin.»

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Dans les villes les plus proches de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, plusieurs années se sont écoulées depuis le tremblement de terre. Les maisons et édifices abandonnés par leurs propriétaires tombent en ruines et dans cet environnement où les gens ne vivent plus, la nature efface progressivement toute trace de l’homme.»

«Dans les villes les plus proches de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, plusieurs années se sont écoulées depuis le tremblement de terre. Les maisons et édifices abandonnés par leurs propriétaires tombent en ruines et dans cet environnement où les gens ne vivent plus, la nature efface progressivement toute trace de l’homme.»

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Lors de l’évacuation de la zone interdite autour de la centrale, nombre d’éleveurs ont laissé leurs animaux. A Tomioka, nous sommes entrés dans un poulailler aux portes fermées. A l’intérieur des milliers de poules mortes. Cette photographie fait partie de la série 'Temps suspendu'. Ici, nous avons pris des objets et les avons photographiés de nuit sur un parking de la zone d’exclusion. Notre objectif était de montrer qu’ils portaient en eux la trace des conséquences d’un accident nucléaire.»

«Lors de l’évacuation de la zone interdite autour de la centrale, nombre d’éleveurs ont laissé leurs animaux. A Tomioka, nous sommes entrés dans un poulailler aux portes fermées. A l’intérieur des milliers de poules mortes. Cette photographie fait partie de la série « Temps suspendu ». Ici, nous avons pris des objets et les avons photographiés de nuit sur un parking de la zone d’exclusion. Notre objectif était de montrer qu’ils portaient en eux la trace des conséquences d’un accident nucléaire.»

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Comment montrer ce qui ne se voit pas ? Ce qui ne se sent pas ? Dans ces photographies, nous voulions que la fiction révèle le réel et non l’inverse. Les villes, les campagnes et les forêts ont été divisées entre les zones possiblement contaminées et celles qui ne le sont pas. Dans ces photographies nous avons voulu poser la question d’une contamination qui n’a pas de frontière claire, d’une menace grise qui devient le terreau fertile de notre imagination et de nos peurs.»

«Comment montrer ce qui ne se voit pas ? Ce qui ne se sent pas ? Dans ces photographies, nous voulions que la fiction révèle le réel et non l’inverse. Les villes, les campagnes et les forêts ont été divisées entre les zones possiblement contaminées et celles qui ne le sont pas. Dans ces photographies nous avons voulu poser la question d’une contamination qui n’a pas de frontière claire, d’une menace grise qui devient le terreau fertile de notre imagination et de nos peurs.»

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Le principal problème est qu'il n'y a plus d'infirmières dans la région. La plupart ont été évacuées après l'accident et ne veulent pas revenir. Les gens ont besoin de comprendre que ce ne sera plus comme avant. Les personnes âgées ne recevront pas le soutien de la jeune génération. Que vont-ils devenir ? Ce qui est sûr, les gens qui reviennent ont 70 ans environ, ils auront 80 ou 90 ans dans 10 ans. Si les enfants ne reviennent pas, on ne pourra pas vraiment parler de revitalisation.» Katsumi Sato

«Le principal problème est qu’il n’y a plus d’infirmières dans la région. La plupart ont été évacuées après l’accident et ne veulent pas revenir. Les gens ont besoin de comprendre que ce ne sera plus comme avant. Les personnes âgées ne recevront pas le soutien de la jeune génération. Que vont-ils devenir ? Ce qui est sûr, les gens qui reviennent ont 70 ans environ, ils auront 80 ou 90 ans dans 10 ans. Si les enfants ne reviennent pas, on ne pourra pas vraiment parler de revitalisation.» Katsumi Sato

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«Ici, trois personnes fabriquaient des tatamis et des futons. J'y étais lors du tremblement de terre. Le 12 mars, nous avons vu des gens autour de notre maison dans des combinaisons de protection. La police demandait de partir. La veille de la fermeture de la zone, le 21 avril 2011, nous sommes revenus. Nous avions peur de la radioactivité. Je suis resté 10 minutes dans la maison. Il fallait trouver ce qui avait de la valeur,. Un sentiment étrange parce que le dosimètre bipait tout le temps.» Ikuko Suzuki

«Ici, trois personnes fabriquaient des tatamis et des futons. J’y étais lors du tremblement de terre. Le 12 mars, nous avons vu des gens autour de notre maison dans des combinaisons de protection. La police demandait de partir. La veille de la fermeture de la zone, le 21 avril 2011, nous sommes revenus. Nous avions peur de la radioactivité. Je suis resté 10 minutes dans la maison. Il fallait trouver ce qui avait de la valeur,. Un sentiment étrange parce que le dosimètre bipait tout le temps.» Ikuko Suzuki

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

«REVENIR SUR NOS PAS - Fukushima no go zone», Carlos Ayesta et Guillaume Bression 
Jusqu'au13 mai. A la galerie Le 247, 247 rue Marcadet. 75018 Paris.
www.le247.fr

«REVENIR SUR NOS PAS – Fukushima no go zone», Carlos Ayesta et Guillaume Bression Jusqu’au13 mai. A la galerie Le 247, 247 rue Marcadet. 75018 Paris. www.le247.fr

Photo Carlos Ayesta – Guillaume Bression

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