Que se passe-t-il vraiment à Fukushima ?

Que se passe-t-il vraiment à Fukushima ?

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SPOILER : ça craint !
Le 11 mars 2017, cela fera exactement 6 ans que le Japon tente de se remettre du plus terrible accident nucléaire de l’archipel.  Le drame nucléaire survenu suite à un tsunami dévastateur a rayé de la carte toute une partie du nord-est du Japon qui est trop contaminée pour le public. Seulement, ces derniers jours, Tepco, la société qui gère la centrale nucléaire de Fukushima, a fait une annonce qui a de quoi nous faire réfléchir à des moyens alternatifs de production énergétique. 

Pour rappel, le tsunami du 11 mars 2011 a tué 18 500 personnes. Il a également détruit le générateur de secours de la centrale de Fukushima, ce qui a eu pour effet de précipiter la chute de 3 réacteurs sur les 6. L’accident a provoqué l’évacuation de 160 000 personnes qui ne reviendront certainement jamais plus chez eux. La région de Fukushima avait également une terre agricole très fertile… mais elle est aujourd’hui inexploitable.

Très récemment, la société Tepco, a pu faire pénétrer un robot au coeur des bâtiments accidentés pour prendre des photos et relever les niveaux de radiation

 

Des doses de radioactivité mesurées pour la première fois

Le niveau de radioactivité au sein de l’enceinte de confinement du réacteur N°2 atteint les 650 sieverts par heure. Pour bien comprendre à quoi correspond ce chiffre, il faut que vous vous disiez qu’une dose de 4 sieverts est suffisante pour tuer un humain. Avec le niveau de radiation dans le réacteur n°2, un humain décède en 30 secondes. On est bien peu de choses.

Pour entrer dans le réacteur, Tepco a utilisé une sorte de bras télescopique avec une caméra au bout. Et, surprise, ils ont découvert une chose qui ressemble à une grille fondue par le combustible d’un des réacteurs. Si c’est bien le cas, cela signifie que le corium (magma à très haute température et extrêmement radioactif) a fondu (ce qui est mal) et qu’il a aussi percé la cuve du réacteur pour tomber dans l’enceinte de confinement (ce qui est très mal). Et en tombant, le corium a creusé un trou d’un mètre de côté. 

La découverte de ce trou est pourtant une bonne nouvelle. Car pour nettoyer le site, il faut trouver le combustible et l’évacuer pour chacun des réacteurs. Ainsi, trouver le corium d’un des réacteurs est déjà un pas important pour terminer les travaux. Tepco doit maintenant être certain qu’il s’agit du corium et doit déterminer dans quel état il se trouve.

Fukushima interieur reacteur trou

6 ans après, les réacteurs chauffent encore

Le corium a pu creuser un trou dans le sol du bâtiment, mais il y a peu de chance qu’il ait réussi à transpercer les 6 à 8 mètres de béton. Normalement, le corium s’est solidifié en route. Surtout que chaque jour (depuis 2011), ce sont 100 m3 d’eau qui sont injectés dans les enceintes de confinement pour refroidir l’intérieur (car, oui, 6 ans après, la centrale chauffe encore). L’eau est ensuite retraitée et réinjectée en partie. Le reste est stocké sur place dans un millier de réservoirs cylindriques bourrés d’eau contaminée. On parle ici d’1 million de mètre cube d’eau dont on ne sait pas quoi faire. Pour comparaison, une piscine olympique qui aurait 3 mètres de profondeur tout le long, c’est 3 750 m3 d’eau seulement.

À l’extérieur de l’enceinte de confinement, les radiations ne seraient que de 5 millisieverts par heure. Les travailleurs du nucléaire qui s’en sont approchés pour réaliser les images ont reçu une dose de 1,66 millisieverts par heure (la dose maximale généralement admise est de 20 millisieverts pour cette profession). Mais on parle tout de même de 6 000 à 7 000 personnes qui travaillent sur le site chaque jour.

Dans les prochaines semaines, ils vont pouvoir envoyer un nouveau robot à l’intérieur du réacteur. Il s’agit d’un robot qui ressemble à un bâton long de 70 cm  et qui a été baptisé le Scorpion. Ce robot ne peut encaisser que 1 000 sieverts. À 530 sieverts, il ne devrait survivre que 2 heures. Sa mission sera de détecter où se trouve précisément le corium dans le réacteur n°2.

Fin du démantèlement ? en 2060 ?

Le processus de démantèlement de la centrale nucléaire va durer de nombreuses années. Depuis 2011, Tepco a sécurisé le site, résolu des problèmes de fuite d’eau contaminée, et évacué des gravats. Maintenant, la société doit identifier où se trouve le corium dans le centrale pour les réacteurs 1,2 et 3. En 2021, soit 10 ans après l’accident, elle commencera enfin à récupérer le corium. Cette opération devrait demander… 30 ans… au moins ! En 2051, ils pourront ensuite poursuivre avec le démantèlement de la centrale.  Le coût total des travaux est estimé à 180 milliards d’euros (ce qui est le double de l’estimation de 2013).

On peut donc facilement imaginer que la facture pourra être revue à la hausse si de nouvelles surprises attendent les ingénieurs dans les réacteurs qui n’ont encore jamais été explorés. Les centrales nucléaires permettent sans aucun doute de produire énormément d’énergie à un prix raisonnable et de subvenir à nos besoins sans « trop » polluer (même si les déchets produits aujourd’hui restent dangereux pour des milliers d’années). En cas de problème par contre, tous les avantages disparaissent : la facture est incroyable, la pollution sans précédent et l’énergie inaccessible.

Sommes-nous vraiment prêts à prendre le risque par rapport aux bénéfices que le nucléaire nous apporte ? Avons-nous d’autres moyens de produire de l’énergie en abondance ? Plusieurs pistes et rapports montrent qu’en France par exemple, on pourrait produire 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Chiche ?

En attendant, avec le nucléaire, le Japon a laissé un joli cadeau empoisonné aux générations futures qui devront payer longtemps les erreurs  de leurs aînés. Après, nous pouvons nous convaincre que ce genre d’accident ne se reproduira plus ou pas chez nous… Et malgré l’avertissement de Tchernobyl, je suis certain que les japonais étaient convaincus eux-aussi que ça n’arriverait jamais chez eux. Et maintenant, on fait quoi ? On continue de se persuader ou on change les choses ?

Sources :TEPCO
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