Fukushima: Autour du Mont Shinobu

Autour du Mont Shinobu dans la ville de Fukushima

15 décembre 2016
Texte de de HORI Yasuo du 30 novembre 2016 traduit de l’espéranto par Ginette MARTIN et Paul SIGNORET
[pdf] LA 30 AN DE NOVEMBRO 2016

Texte original en espéranto

Le 30 novembre a eu lieu la fête de Zamenhof (événement en l’honneur de l’inventeur de l’espéranto) organisée par le Cercle de Mai dans la station thermale d’Īzaka dans la ville de Fukushima. Profitant de cette occasion, j’ai visité la ville de Fukushima et le mont Shinobu qui s’y trouve.

Comment on nettoie l’environnement dans les villes autour de la centrale nucléaire n°1 endommagée de Fukushima
A trois minutes de marche de la gare de Fukushima se trouve ce qui s’appelle la « Plaza pour obtenir des informations sur le nettoyage » (http://josen-plaza.env.go.jp/). Dans cette Plaza, on distribue diverses informations sur la radioactivité et le nettoyage, donc, lorsque je vais à Fukushima, j’ai l’habitude de m’y rendre. Cependant, je n’ai jamais vu de visiteurs dans ce bureau et chaque fois deux ou trois préposés m’attendaient avec une expression ennuyée. Ce jour-là aussi, la situation était identique.

Je m’intéresse à l’état du nettoyage dans les villes autour de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima. Sur les tableaux blancs on pouvait lire l’état actuel dans ces villes,  par exemple celui-ci :

 

Villes Transports de déchets

dans le lieu de stockage provisoire

Nombre d’ouvriers Progression du travail de nettoyage
Minami-Sōma transporté 4100 Maisons 100%, Forêts 100%, Champs 100%, Routes 100%
Ītate transporté 1400 Maisons 100%, Forêts  99.8%, Champs  99%, Routes  95%
Namie transporté 2300 Maisons 92%, Forêts 96%, Champs 96%, Routes 87%
Ōkuma transporté 590 Maisons 100%, Forêts 100%, Champs  100%, Routes 100%
Tomioka transporté 1200 Maisons 100%, Forêts 100%, Champs  99.9%, Routes 99%

La centrale nucléaire n°1 est implantée dans les villes d’Ōkuma et Futaba. Namie et Tomioka sont des villes voisines, et Ītate est situé un peu loin de la centrale, mais le nuage nucléaire a flotté vers ce village et l’a fortement contaminé. Dans ces 5 villes et village, les gens ne sont pas autorisés à vivre, mais 9590 personnes en tout y travaillent pour nettoyer la terre. La moitié d’entre eux sont des habitants de Fukushima, l’autre moitié vient d’autres départements pour gagner un salaire.

Selon les informations ci-dessus, presque tous les sites sont déjà nettoyés, mais ici « forêts » signifie « lisière de forêt dans un rayon de 20 mètres autour des maisons. » On ne peut pas nettoyer de très vastes forêts, on a donc décidé de nettoyer juste quelques arbres autour des maisons afin que les habitants puissent vivre dans leur propre maison. Par conséquent, presque toutes les forêts sont encore si radioactives qu’on ne peut y prendre du bois pour cultiver des champignons, ni y cueillir des herbes et champignons comestibles. En outre, l’eau de pluie provenant des forêts peut à nouveau contaminer le sol où sont installées les maisons.

On va construire à présent, on construit, et on a déjà achevé une petite partie de « l’avant-dernier stockage  de déchets » ( On construira le stockage final dans 30 ans en dehors du département de Fukushima, et c’est là qu’iront ces déchets, mais personne n’y croit), or de nombreux propriétaires de terrain ne sont pas d’accord pour la vente ou le prêt de leurs terrains à l’État, si bien que la construction est très lente. Selon le tableau, on transporte maintenant les déchets de ces villes dans le lieu de stockage, mais je suppose que la quantité en est très faible. La plupart des déchets se trouvent encore dans ces villes.

Sur les tableaux sont écrits les noms des entreprises qui font ces travaux. Toutes sont de grandes compagnies. Certes, elles en tirent un grand bénéfice, ainsi que de la construction de barrages anti-tsunamis le long de la côte de la région de Tōhoku. Nombreux sont ceux qui souffrent des suites du tsunami et de l’accident nucléaire, mais à l’inverse, ces entreprises rient sous cape de l’immense profit engendré, et je les soupçonne d’espérer que reviennent tsunami et accident nucléaire.

Efforts pour la sécurisation des productions
Encore beaucoup de gens pensent que les produits de Fukushima ne sont pas sûrs, c’est pourquoi le département de Fukushima essaye de dissiper cette mauvaise réputation auprès des gens. Pour cette raison, on fait différents efforts; par exemple, pour le riz on effectue ceci :

  1. le nettoyage des champs par retournement de la terre de sous-couche pour la mettre en surface, labourage plus profond, grattage de la terre de surface
  2.   la prévention de l’absorption de césium radioactif dans le riz par épandage de grandes quantités de potasse dans les champs, car, lorsque la terre manque de potassium, le riz absorbe davantage de césium.
  3. l’examen de tous les sacs de riz. La norme maximale de radioactivité autorisée dans les productions est de 100 becquerels / kg. On examine tous les sacs de riz, et seuls les sacs en dessous de cette norme reçoivent l’étiquette « contrôlé » et pourront aller sur le marché. En 2014, 10.968.811 sacs ont été examinés, dont aucun ne dépassait la norme.

Pareillement les fruits, les légumes, le poisson et la viande sont contrôlés puis envoyés sur le marché. Sur la base de ces efforts, le département de Fukushima explique  que les productions de Fukushima sont les plus sûres du Japon, mais la sécurité et la paix appartiennent à d’autres catégories. Même si on comprend « la sécurité » dans sa tête, dans son coeur on ne peut pas l’accepter, car maintenant encore les productions de Fukushima ne sont achetées qu’après d’âpres marchandages et les agriculteurs se lamentent.

Au pied du mont Shinobu côté sud
Le pied du mont Shinobu côté sud était un lieu de prédilection pour les habitants. Beaucoup s’y promenaient, mais depuis l’accident nucléaire seulement quelques personnes courageuses y vont. Il est très proche de la gare de Fukushima. J’ai emprunté un vélo gratuit à la gare et je m’y suis rendu.

Au pied de la montagne se trouve le Musée Départemental de l’Art. Entre le musée et la montagne il y a un petit ruisseau. A un endroit, il y a 3 ans, c’était contaminé à 12 microsieverts par heure (la norme maximale est de 0,23). L’an dernier, le nombre était tombé en dessous de 10. Le ruisseau à présent était plein de feuilles mortes. J’ai mesuré sur les feuilles et le chiffre a affiché environ 6 microsieverts. Le chiffre cette fois a diminué de moitié, mais cet endroit est encore trop pollué pour être habitable.

Le pied sud de la montagne était un endroit très agréable pour les habitants, car ils pouvaient profiter d’un beau panorama en direction du mont Azuma-yama, symbole du département. Mais maintenant, à côté de toutes les maisons, on voit des sacs verts contenant de la terre polluée. J’ai mesuré la radioactivité sur ces sacs. Les chiffres étaient d’environ 0,15 donc ici c’est habitable, mais les gens ne veulent pas vivre entourés de sacs verts. Beaucoup de maisons étaient vides. Lorsque cet « avant-dernier lieu de stockage » sera terminé dans Ōkuma et Futaba, ces sacs verts y seront dirigés, mais nous ne savons pas quand cela aura lieu.

Je me suis dirigé ensuite vers l’ouest en longeant la montagne. Il s’y trouve un centre des impôts municipal et national, et à proximité une station émettrice de télévision. Dans ce lieu il y a un énorme stockage temporaire de déchets. Peut-être y avait-il là un parking auparavant.

A côté du stockage se trouve un dosimètre avec l’information suivante:

« Cet entrepôt provisoire est une installation pour préserver temporairement et en toute sécurité la terre polluée etc., avant qu’elle soit transportée vers « l’avant-dernier stockage ». A cet effet, l’installation est construite pour contenir les déchets nucléaires, empêcher la radioactivité de se répandre, observer les déchets et tenir les gens à distance.
Afin de maintenir le lieu de stockage sûr et rassurant, nous mesurons la radioactivité chaque semaine et l’eau souterraine chaque mois.
Afin de ne pas endommager le beau paysage du mont Shinobu, nous avons couvert la terre polluée avec une bâche de plastique vert. »

Explications tout à fait ridicules ! Le lieu de stockage s’est rapproché des habitants et les inquiète. Est-ce que la couverture verte s’harmonise avec la montagne verte ? Nous ne savons pas quand ce monticule sera transféré à « l’avant-dernier stockage » que l’on construit à côté de la centrale nucléaire endommagée. Certes, beaucoup craignent que le monticule vert ne se dresse ici à jamais.

A côté de ce monticule se trouvent des maisons provisoires pour les réfugiés de la ville de Namie. Ils sont partis de leur ville parce qu’il y a là-bas une radioactivité forte mais invisible, or maintenant ils logent face à une radioactivité visible. Sur quelques fenêtres pendaient des kakis. C’est là un paysage d’automne symbolique du Japon, mais comme ils pendent tristement ici !

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