Fukushima : le tonneau des danaïdes

Fukushima : le tonneau des danaïdes, rien n’est réglé et le crime nucléaire empire

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Japon_enfants_dosimetres.jpgCe ne sont pas les antinucléaires conséquents qui le disent mais le très officiel Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) français : à Fukushima « compte tenu des dégradations très importantes subies par les barrières de confinement des matières radioactives, des rejets diffus se poursuivent toujours dans l’atmosphère, de même que dans le sol et donc les eaux souterraines. » Malgré les moyens colossaux déployés par l’exploitant nucléariste depuis 4 ans, la catastrophe nucléaire sanitaire et environnementale porte atteinte à la survie de la planète. Sans espoir ni certitude de retour à la « normale ». Ou l’on apprend aussi qu’ils ont utilisé de simples batteries de bus et de voitures pour parer à la catastrophe nucléaire. Puis des batteries de voitures personnelles ! Et que les autorités ont trafiqué les normes de sécurité pour envoyer au casse-pipe les travailleurs.

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Dans un « point de situation », l’Institut français de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) livre l’état à fin mars 2015 de la catastrophe nucléaire mondiale survenue le 11 mars 2011 au Japon à la centrale atomique de Fukushima-Daïchi. Rien n’est réglé, loin de là, malgré les moyens techniques et humains mis en oeuvre par Tepco, la société exploitante de la centrale atomique.

Près d’un million de m3 d’eau radioactive, des incidents nucléaires à répétition, une ignorance de ce qui se passe réellement

Fukushima_reacteur-3_2015.jpgLes réacteurs 1, 2 et 3 sont refroidis non sans mal à une température comprise entre 20 et 50 °C nécessitant l’injection permanente d’eau douce à raison de 5 m3/h pour chacun des 4 réacteurs nucléaires. « L’eau injectée, après s’être chargée en radioactivité, s’écoule ensuite dans les sous-sols des bâtiments où elle se mélange aux infiltrations d’eaux souterraines« . Cette eau ne peut être récupérée que partiellement pour être traitée puis, pour partie, réinjectée pour poursuivre le refroidissement des réacteurs. Un cercle vicieux et sans fin.

« Les piscines d’entreposage d’éléments combustibles sont refroidies en circuit fermé » et les températures à l’intérieur se situent pour le moment autour des 30 °C.

» Des événements » (ndlr: incidents nucléaires), surviennent en permanence lors des opérations et ont le plus souvent des conséquences techniques qui obligent les intervenants à parer au plus pressé et à trouver des solutions sur le tas.

Pour l’IRSN le « contexte (est) toujours difficile » et « la connaissance de l’état des installations (est) encore limitée« . D’autant que « l’accessibilité dans les bâtiments accidentés (est) réduite« , et que « les conditions d’interventions (en milieu radioactif sont) contraignantes« . A cela s’ajoute que « la fiabilité de certains moyens mis en œuvre » est plus qu’incertaine. Comme en plus « les eaux contenues dans les sous-sols des bâtiments (sont) radioactives et les volumes ajoutés journellement (sont) très importants » : « leur traitement et leur entreposage restent des enjeux importants de la reprise du contrôle des installations afin de limiter les rejets dans l’environnement » qui eux continuent.

Et l’incertitude sur le bien fondé de ce qui est entrepris en désespoir plane sur le long terme. On évoque à présent, sans aucune garantie ni certitude, plusieurs décennies : « l’IRSN souligne que les actions de maîtrise des installations doivent s’inscrire dans la durée et nécessitent une grande vigilance de la part de Tepco »

Des rejets radioactifs dans l’atmosphère et dans les eaux se poursuivent quotidiennement

Compte tenu des dégradations très importantes subies par les barrières de confinement des matières radioactives, des rejets diffus gazeux radioactifs se poursuivent dans l’atmosphère, de même que des rejets liquides radioactifs dans le sol et donc les eaux souterraines.

IRSN_Fukushima_cartographie_dose_201503.jpgL’exploitant Tepco tente de contenir les rejets gazeux d’une part « en recouvrant les bâtiments des réacteurs » par une structure qui se veux étanche dans le style de ce que les nucléaristes tentent de faire et maintenir opérationnel depuis le début de la catastrophe mondiale nucléaire de Tchernobyl il y a 27 ans (Ukraine, avril 1986); d’autre part en tentant de maîtriser « la pression dans les enceintes de confinement » qui continue toujours d’exercer son influence nocive sur la réaction en chaîne nucléaire incontrôlée.

Ainsi, une structure a été construite (entre janvier et juillet 2013) pour recouvrir le bâtiment du réacteur n°4. Une autre avait été mise en place fin octobre 2011 sur le bâtiment du réacteur n°1, mais comme les choses se font en permanence dans l’urgence et sans prévision cohérente, d’ailleurs impossibles, : « son retrait va toutefois être nécessaire pour évacuer les débris en vue de la poursuite des travaux (d’éventuel) démantèlement« . Donc retour à la case départ : « à l’issue de ces travaux, une nouvelle structure (devra être) mise en place« .

Au détour de son point technique l’IRSN confirme ce que nous disions concernant le réacteur atomique n°3 gorgé du terrifiant mélange de produits de fission Mox d’Areva : « les travaux de couverture du bâtiment du réacteur n°3, le plus dégradé par les explosions, sont en cours« . Mais rien n’est gagné tant le niveau de radioactivité provenant du mélange d’oxyde de plutonium et d’oxyde d’uranium, créé dans les laboratoires du Commissariat à l’Energie Atomique (C.E.A) français et fabriqué et commercialisé par Areva est colossal. (1)

2013-07-07_fukushima-radioactivite-ocean.jpgCôté rejets radioactifs continus dans l’océan, l’IRSN pense que les dispositions prises par Tepco pourraient être « de nature à limiter les relâchements vers l’océan » et, en croisant les doigts, mais est-ce bien rationnel et scientifique?  » voire à les empêcher« . Mais à une petite condition anodine : que « l’écran d’étanchéité côté océan et des pompages d’eau de nappe entre les stations de pompage des différents réacteurs (soient) totalement efficaces« . Ce qui est loin d’être le cas d’autant que « les pompages de nappe associés conduisent à augmenter les flux d’effluents (radioactifs) à gérer« .

Tepco a donc tenté dans l’urgence de mettre en oeuvre différents procédés de retrait des radionucléides de l’eau. Mais sans se rendre à l’évidence : on ne retire pas la radioactivité comme cela pourrait se faire d’un produit chimique car ce qui est à l’oeuvre est un processus de destruction atomique sans fin. Seul l’épuisement total de la réaction en chaîne atomique et des « descendants » de la source radioactive conduit à rétablir une situation non-radioactive. Et cela peut durer des milliers ou des centaines de milliers d’années. L’un des procédés mis en oeuvre générait ainsi au final un volume colossal de boues radioactives dont Tepco ne savait que faire. Alors a été lancé un autre système (multi-nuclides removal equipment , advanced liquid processing system, ALPS) dont l’objectif serait que, à compter de mai 2015, il puisse entreposer – et chaque jour de plus en plus – que « de l’eau ayant fait l’objet d’un traitement complet« . Complet ? enfin presque puisque l’IRSN reconnaît que ces milliards de m3 d’eau contiendraient encore et toujours du tritium radioactif (« demie-vie » mortelle de 12,5 ans. Voir note n°2) dont évidemment, et l’IRSN le dit : «  il n’existe pas de moyen industriel afin de l’extraire de l’eau« .

2015_Fukushima-citernes-eau-contaminee-tepco.jpgL’objectif de ce tour de passe-passe pour les nucléaristes est d’obtenir des autorités  » les autorisations pour le rejet (dans l’océan) des eaux traitées contenant encore une radioactivité ». Ce qu’ils font déjà du fait de la déliquescence des installations en perdition et des fuites à répétition des citernes de stockage. En attendant, des volumes d’eau sans cesse croissants (environ 600 000 m3 à ce jour) sont entreposés sur le site de la centrale nucléaire non sans « de nombreux problèmes d’étanchéité, d’importance variable, sur les équipements d’entreposage des eaux radioactives« .

Contrôle de la situation : pas avant 40 ans selon l’Irsn. Et encore…

Après le retrait des assemblages de produits de fission de la piscine du réacteur n°4, la plus chargée en « combustibles » (terme impropre manipulatoire martelé par les pro-nucléaires, car il n’y a pas de combustion dans une réaction nucléaire), le plan d’actions envisagé par Tepco prévoit le retrait des assemblages radioactifs présents dans les piscines des autres réacteurs : en 2015 pour la piscine du réacteur n°3 (le réacteur Moxé d’Areva), à partir de 2017 pour celle du réacteur n°2 et à partir de 2019 pour celle du réacteur n°1.

2011-10-31_corium_metl-through_view.jpgQuant au retrait des produits de fission des réacteurs n°1 à 3 certainement transformé en corium et dont nul ne sait où il se trouve, on évoque les « années 2020 pour les réacteurs n°2 et n°3 et vers 2025 pour le réacteur n°1« . Mais comme tient à le préciser l’organisme français « ce calendrier est très dépendant du programme de recherche et des connaissances acquises sur l’état des installations« . Et pudibond d’ajouter : « les délais annoncés sont à considérer comme des ordres de grandeur (car) d’importantes opérations de caractérisation approfondie de l’état des installations ainsi que des travaux de recherche sont encore à réaliser. » Et oui lorsqu’on met le doigt dans le nucléaire on en prend pour perpète et nos enfants aussi.

Contamination environnementale au Césium 134, Césium 137 et expositions radioactives des personnes

L’accident nucléaire à la centrale atomique de Fukushima a contaminé en césium 134 et en césium 137 (calculés en becquerels, Bq/m2), de vastes étendues forestières représentant 75% du territoire contaminé, principalement des forêts d’arbres à feuilles persistantes de type conifère. Des débits de doses radioactives dans l’air (calculés en microsievert par heure, µSv/h) sont également enregistrés.

2011-09-30_Japon_carte-contamination_mextmonitor9-27-1.JPGDes mesures par avion, hélicoptère, lors de trajets routiers, et des mesures ponctuelles in situ à l’aide de détecteurs statiques ou mobiles montrent que la décroissance radioactive du césium 134 enregistrée est principalement du au lessivage des sols par les pluies entraînant la migration des radionucléides mortels dans les sols ainsi que du fait des labours enfouissant ponctuellement la radioactivité mortelle. Mais les vents et l’incinération de bois ou de végétaux remettent en suspension les radionucléides mortels et entretiennent la contamination de l’air en césium radioactif.

Dans le même temps des flux de césium dans les cours d’eau (3) qui drainent les territoires contaminés sont mesurés qui alimentent à leur tour le milieu marin côtier tout comme le césium radioactif qui stagne en milieu forestier (la forêt représentant 75% du territoire contaminé).

Le césium 134 et le césium 137 dans l’eau brute (dissous + particules en suspension) restent proche de 1 Bq/L depuis fin 2011 environ pour la quasi-totalité des cours d’eau figurant dans le plan de surveillance de l’environnement. A l’automne 2013, le niveau de radioactivité était jusqu’à 1 000 fois supérieurs à ceux enregistrés dans les eaux filtrées du Rhône aval (fleuve le plus nucléarisé de France et déjà dangereusement contaminé). Le fleuve Ukedo, qui draine les bassins les plus contaminés par l’accident, connait des augmentations radioactives significatives pouvant augmenter de 10 fois en période de typhons. Quant aux matières radioactives en suspension, elles sont jusqu’à 100 000 fois plus élevées que celles des particules radioactives qui transitent dans le Rhône aval.

IRSN_Fukushima_contamination_denrees_201503.jpgSelon l’IRSN, dans les 2 zones entrant dans une stratégie de décontamination et de gestion des déchets, la loi fixe un objectif de réduction de la dose radioactive ambiante à des valeurs inférieures à 1 mSv/an : « Un premier retour d’expérience montre que l’efficacité des techniques de décontamination, est très variable selon les surfaces traitées ; les techniques employées ne permettent que rarement une réduction de plus de 70% de la radioactivité initiale. »

Autrement dit il reste au moins 30% de radioactivité mortelle dans les zones où les autorités tentent et veulent faire retourner la population. Cela porte un nom : élimination de masse de la population. Un crime contre le genre humain qui devrait conduire les nucléocrates et les autorités devant un tribunal international de poursuite des crimes contre l’humanité.

28 à 55 millions de m3 de déchets radioactifs générés par la décontamination

2012-11-01_fukushima-decontamination-et-dedommagements--100-mds-euros_site-nucleaire-detruit_1.jpgDans l’attente d’une évacuation vers une filière dédiée qui… n’existe pas (ni au Japon ni en France), d’un traitement ou d’une solution définitive de stockage… qui n’existent pas non plus : les déchets liés à ce qu’ils nomment « décontamination », sont estimés entre 28 à 55 millions de m3. Ils sont donc répartis dans une multitude de lieux de petits entreposages sur des sites de décontamination, dans des entreposages municipaux de tailles très variables et de technologies diverses, On fait avec les moyens du bord, sans prévisions sur le moyen ou long terme, sans solutions définitives possibles.

Les déchets dans le périmètre de la préfecture de Fukushima sont dirigés, quel que soit leur niveau de radioactivité, vers des installations d’entreposage de très grande capacité « interim storage facility » (ISF) dans l’attente de la disponibilité d’une solution de stockage qui n’existe pas non plus. La localisation de l’ISF est actuellement prévue dans les territoires des communes évacuées jouxtant la centrale. Après… on ne sait pas. Car à ce jour, aucune solution de stockage définitif n’a été retenue par l’Etat japonais. Il se murmure que si ce stockage devait voir le jour, il ne pourrait être situé sur le territoire de la préfecture de Fukushima, en vertu d’un accord passé entre les autorités nationales et locales. Qui est preneur de la merde radioactive ? Au Japon, en France, en Inde… les pronostiques sont ouverts.

2015_nucleaire-nouvelle-fuite-radioactive-fukushima_citernes.jpgPour les autres déchets radioactifs, les déchets « combustibles » qui présentent une activité massique supérieure à 8 000 Bq/kg : ils est envisagé de les diriger vers des incinérateurs dans le but de réduire leurs volumes. Bonjour les rejets atmosphériques ! Et les cendres issues de ce traitement seraient orientées, avec les déchets non combustibles, vers des décharges dites « controlled type landfill » (qui font l’objet d’un suivi radiologique) pour autant que leur activité radioactive massique ne dépasse pas… 100 000 Bq/kg. Dans ce dernier cas ils envisagent de stocker ces déchets dans des décharges « isolated type landfill »… qui n’existent pas.

Dans toutes les préfectures (correspondant en gros à nos régions), les déchets présentant une activité radioactive inférieure à 8 000 Bq/kg devront être envoyés vers… des décharges conventionnelles gérées par les municipalités ! C’est comme si les déchets radioactifs étaient considérés par les nucléocrates et les autorités comme de simples ordures ménagères. Avec la multiplication des entreposages et l’utilisation d’installations conventionnelles pour le traitement des déchets radioactifs chaque zone habitée aura sa poubelle nucléaire.

Répartir la radioactivité mortelle ou concentrer la radioactivité mortelle ne l’a jamais fait disparaître. C’est le talon d’Achille du nucléaire et de la radioactivité : il se passe allègrement de nous pour poursuivre son oeuvre de mort.

2013-07-07_japon-radioactivite-fukushima-tokyo.jpgAussi l’IRSN s’inquiète un petit peu face à la dizaine de plans de décontamination élaborés par le Ministère de l’Environnement nippon :  » dans un futur proche devront être traitées les questions relatives à la sûreté à moyen terme et à la surveillance des entreposages existants, puis à la récupération de ces déchets par l’État japonais et de leur transport vers les installations d’entreposage ou de stockage futurs. » Autrement dit : on fou la merde et on espère trouver une solution un de ces jours. Si dieu le veut. Bonjour la rationalité et la démarche scientifique ! Dans les faits le nucléaire et sa radioactivité artificielle dépassent tout le monde et principalement les techno-scientistes et leurs obligés politiciens.

De quoi glacer le sang : ils ont utilisé de simples batteries de bus et de voitures pour parer à la catastrophe nucléaire. Puis des batteries de voitures personnelles !

2011_TEPCO_salle-commande-batterie-secours.jpg » Afin de récupérer les indicateurs en salle de commande, les opérateurs tentent de restaurer l’alimentation électrique en utilisant des batteries de bus et de voitures. Une fois l’opération réussie, ils observent des informations contradictoires sur le niveau d’eau dans la cuve du réacteur n°1. Les investigations ultérieures ont démontré que l’indicateur donnait des indications fausses en raison des conditions extrêmes auxquelles il était soumis. Pourtant, à ce moment-là, personne ne le remet en question.  » C’est au détour d’un simple paragraphe intitulé « Comment faire face à une défaillance totale du contrôle-commande ? » que le constat dressé par l’IRSN vous glace le sang.

Et de dresser involontairement un constat sans appel  sur le monde nucléaire :  » Les savoirs empiriques sont limités car les opérateurs sont confrontés à un « monde sur écran » où ils ne voient les effets de leurs actions qu’à travers des capteurs et des indicateurs, et en raison de la place importante des prescriptions et procédures. »

D’autant que quelques heures après le début de la catastrophe nucléaire  » Le 12 mars dans la nuit, il apparaît certain que l’éventage de l’enceinte de confinement du réacteur n°1 devra être réalisé pour diminuer la pression et préserver son intégrité. Or, l’équipe de conduite qui avait pu jusqu’ici prendre des initiatives, doit cette fois attendre l’autorisation de la cellule de crise nationale.  Et pour cause: comme la fusion du cœur a probablement commencé, des rejets radioactifs dans l’environnement sont inévitables et la population aux alentours doit être évacuée au plus vite. »

2011-09-30_Japon_fukushima-gymnase-refugies-DE-COSSETTE-930620_scalewidth_630.jpgEt de mettre en lumière que face à la destruction atomique les meilleures incantations technicistes ne servent pas à grand chose. Comme au poker menteur, l’initiative change de main. « A 9h02, le 12 mars, (une fois l’évacuation forcée d’une partie de la population), trois binômes d’opérateurs sont choisis pour ouvrir les deux vannes d’éventage (de rejets radioactifs dans l’atmosphère ambiant). Toutefois, l’environnement hautement radioactif va obliger la seconde équipe à abandonner l’opération.  » La cellule de crise réfléchit alors à la possibilité d’ouvrir à distance une vanne équivalente. « Cependant, aucune procédure n’a prévu cette situation, qui nécessite l’installation d’un compresseur. » Et les nucléocrates se prétendent rationalistes et affirment à qui mieux-mieux avoir tout prévu !

TEPCO_injection-eau-urgence.jpgBelle illustration avec l’alimentation en eau des réacteurs, interrompue mais bel et bien indispensable : « Si trois camions (de pompiers) sont disponibles sur le site de la centrale, un seul est utilisable après le tsunami. Ensuite, seule une société prestataire est capable de manœuvrer l’engin (4) et elle s’interroge sur sa collaboration compte tenu du contexte.  Enfin, personne ne sait où se trouve le port de connexion sur la façade du bâtiment du réacteur, lequel est in fine trouvé caché sous un tas de débris. » (5)

Les autorités ont trafiqué les normes de sécurité pour envoyer au casse-pipe les travailleurs

Nous reproduisons in-extenso le texte accusateur et cynique de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) français :

2015_Fukushima-Tepco_enfant.jpg » Face à la gravité de l’accident, les acteurs (opérateurs, manageurs, politiciens) doivent faire face à des choix tragiques: comment choisir les opérateurs qui devront se déplacer sur le terrain alors que le niveau de radiation ne cesse d’augmenter ? Comment sélectionner les équipes chargées d’aller assurer l’éventage des réacteurs (pour rejeter la radioactivité dans l’atmosphère) ?

Autre dilemme : assurer la sécurité des travailleurs et la nécessité de réaliser certaines tâches pour éviter une évolution catastrophique de la situation. En réalité, ces enjeux sont très liés. C’est une négociation constante qui s’opère entre les risques encourus par les opérateurs et le gain attendu de l’action à entreprendre.

2011_IRSN_Fukushima-chronologie-accident.jpgAvec l’augmentation des niveaux de radiation, la cellule de crise réalise que les opérateurs ne pourront plus poursuivre leur activité. En réponse, le bureau du Premier ministre fait passer les valeurs limites d’exposition de 100 mSv à 250 mSv puis 500 mSv. »

Et l’IRSN de poursuivre froidement : « La décision de réajuster (ndlr : augmenter arbitrairement) les limites d’exposition (ndlr : des travailleurs aux radiations mortelles) a été prise par la cellule de crise, le personnel de l’administration centrale de TEPCO et les experts au niveau des autorités politiques. Le compromis (ndlr : entre pouvoir économique et pouvoir politique) est alors fondé sur le seuil d’exposition en-dessous duquel le risque (ndlr : de nombre de morts et de victimes des radiations radioactives décrété par les autorités) est supposé acceptable.(ndlr : à faire accepter par la population et les travailleurs) »

Mais qui gouverne et qui décide ? Un bras de fer entre politiques et technicistes

Le « point de situation » à fin mars 2015 établit par l’IRSN illustre aussi combien ceux qui décident ne sont pas toujours ceux que l’on croit et comment les uns et les autres se font des chausse-trappes pour conserver leur leadership.

2013-07-06_masao-yoshida-ancien-directeur-Fukushima.jpg » Le corollaire d’une très forte centralisation de la décision est le développement de décisions prises en parallèle part les acteurs sur le terrain. Le directeur de la centrale est pris dans cette contrainte… Aussi, il prétend que l’injection a été interrompue alors qu’elle se poursuit. Quand le Premier ministre finit par donner son accord, l’injection est prétendument redémarrée alors que celle-ci n’a jamais été interrompue. 

Une forte tension s’exerce donc entre le besoin de faire apparaître des décisions centralisées qui font consensus et le besoin de prendre des décisions décentralisées face à l’urgence pour répondre au plus près aux besoins du terrain.  »

La messe est dite. Le nucléaire retire au pouvoir politique – théorique émanation du peuple – sa légitimité démocratique pour s’approprier le présent et le devenir d’un pays et de la planète. Et la mort. On continue ?

La Coordination Anti-nucléaire Sud-Est regroupe les associations, organisations, particuliers qui luttent sans concession contre cette énergie sale et dangereuse et agissent sur le terrain et par d’autre moyens (soutien, pétition, dons, analyse, contrôle,…) pour l’arrêt immédiat et sans condition du nucléaire.

La Coordination Anti-nucléaire du Sud-Est est un outil démocratique souple, léger, sans enjeu de pouvoir et d’égo, qui est l’émanation des citoyens et regroupements locaux anti-nucléaires de base et à leur service.

http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2011-11-05/Bienvenue

(1) Ce terrifiant mélange de récupération à base de plutonium et d’uranium générés par les centrales nucléaires s’inscrit dans le vieux rêve fou des ingénieurs nucléaristes de récupérer les déchets radioactifs mortels (une faible partie en fait) pour en faire encore du buziness et « cacher la poussière sous le tapis ». Les projets démoniaques de création de sur-générateur dévorant ces déchets radioactifs (tel l’ex super-phénix ou le nouveau projet Astrid sur Marcoule dans le Gard) s’inscrivent aussi dans cette obsession nucléariste datant des années soixante.

(2) le terme manipulatoire inventé par les atomistes de « demie-vie » indique le temps au terme duquel l’élément radioactif a perdu la moitié de sa nocivité et dont il reste encore 50% de destruction. Exemple pour 1 kg de tritium : au bout de 12 ans il reste 500g, au bout de 24 ans il reste 250g, au bout de 36 ans il reste 125g, au bout de 48 ans il reste 62g, au bout de 60 ans il reste 31g, au bout de 72 ans il reste 15g, etc…

(3) La préfecture de Fukushima présente un réseau hydrographique très dense, avec de nombreux petits fleuves côtiers qui se jettent dans l’océan Pacifique au nord de la centrale de Fukushima Daiichi, et le fleuve de l’Abukuma qui traverse la ville de Fukushima et rejoint, un peu plus au nord encore, également le Pacifique.

(4) « Les décisions deviennent encore plus complexes quand elles impliquent des sous-traitants. « Nanmei » est mobilisée en partie car son personnel est le seul à pouvoir conduire les camions de pompier utilisés pour injecter l’eau. Or, quand les radiations atteignent des niveaux non prévues au contrat, le sous-traitant hésite. C’est logique. TEPCO, qui dispose de très peu d’options, conclut un compromis. Mais la négociation a retardé l’injection extrêmement urgente de l’eau dans le réacteur n°1. » dixit IRSN.

(5) question n°4 soulevée par l’IRSN in http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-fukushima-2011/fukushima-2015/Pages/5_accident-Fukushima-facteurs-organisationnels-humains.aspx?dId=35dae64a-182a-4349-ba27-211b58261fed&dwId=cd295740-164d-4b78-a4aa-70e35c65d06e

source : http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-fukushima-2011/fukushima-2015/Pages/1-surete-etat-centrale-nucleaire-fukushima-2015.aspx?dId=35dae64a-182a-4349-ba27-211b58261fed&dwId=cd295740-164d-4b78-a4aa-70e35c65d06e

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