Fukushima, le Japon lutte encore…

Quatre ans après Fukushima, le Japon lutte encore contre ses conséquences

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le

En mars 2011, un séisme et un tsunami entraînaient la fusion du combustible de trois des six réacteurs de la centrale de Fukushima et d’importants rejets radioactifs, provoquant l’un des pires accidents nucléaires de l’histoire. Traumatisé, le Japon arrêtait, en 2013, toutes ses centrales nucléaires.

Quatre ans plus tard, l’archipel nippon a relancé, mardi 11 août, un premier réacteur nucléaire à la centrale de Sendai (île de Kyushu, Sud). Une manifestation, organisée aux portes de la centrale, et qui compte notamment Naoto Kan, premier ministre au moment de l’accident, témoigne de la vive opposition d’une partie de la population à cette relance du nucléaire dans l’archipel, alors même que le pays subit encore les conséquences du drame de Fukushima.

  • Le chantier géant du démantèlement

A la centrale, quelque 7 000 ouvriers se relaient dans des conditions pénibles pour mener à bien une gigantesque entreprise de démantèlement du site de Fukushima daiichi, qui prendra au moins quarante ans, selon la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco). Elle doit aboutir, dans les prochaines décennies, à l’opération la plus délicate, à savoir la récupération du combustible fondu des réacteurs 1 à 3.

En attendant, la première bataille est celle des eaux contaminées. Les réacteurs 1 à 3 sont continuellement refroidis, et le déblayage alentour se poursuit pour diminuer les radiations. Le circuit de refroidissement nécessite l’injection de 350 m³ d’eau douce par jour, dont une partie est ensuite stockée dans plus d’un millier de réservoirs, des bâtiments et des tranchées. Cette eau – plus de 680 000 m3 au total – est partiellement décontaminée. Son volume augmente sans cesse, et il sera un jour impossible de la stocker ainsi, laissant planer le risque qu’elle soit alors déversée dans la mer.

Une partie de cette eau injectée dans le circuit de refroidissement, chargée de radioéléments, s’écoule également chaque jour des cuves percées dans les sous-sols et les eaux souterraines. Sans compter diverses fuites accidentelles, qui valent à Tepco des rappels à l’ordre réguliers.

Toutes ces eaux ruissellent vers l’océan, malgré les mesures de protection : barrières d’étanchéité, pompages dans la nappe phréatique, projet d’un « mur de glace » souterrain, dont la construction a toutefois pris beaucoup de retard. Résultats : dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale, la radioactivité des sédiments marins atteint par endroits 5 000 becquerels par kilo (Bq/kg), et des niveaux de contamination très supérieurs à la limite tolérée (100 Bq/kg) sont observés chez certains poissons. La pêche demeure interdite dans la préfecture de Fukushima.

Lire le récit : A Fukushima, l’interminable décontamination

  • Une laborieuse décontamination

image: http://s1.lemde.fr/image/2015/08/11/534×0/4720847_6_3013_des-hommes-en-combinaison-de-protection-contre_10e3c8ffa102fa861b5a73fe9c32f012.jpg

Des hommes en combinaison de protection contre la radioactivité travaillent à la décontamination d'une zone dévastée par la catastrophe nucléaire, à Namie, préfecture de Fukushima, en février.

Des hommes en combinaison de protection contre la radioactivité travaillent à la décontamination d’une zone dévastée par la catastrophe nucléaire, à Namie, préfecture de Fukushima, en février. © Toru Hanai / Reuters / REUTERS

Autour de la centrale, dans la zone irradiée, la décontamination est toujours en cours. Selon les chiffres du ministère de l’environnement, quelque 20 000 « décontaminateurs » s’attellent à cette tâche titanesque, aux résultats incertains. Autour des habitations et lieux de vie, la terre est raclée par des pelleteuses. Les bâtiments, routes, parkings sont lavés. La terre, les herbes ou feuilles souillées sont enfermées dans des centaines de milliers de gros sacs qui patientent sur place ou dans des sites d’entreposage temporaire, en plein air.

La zone dite « interdite » dans les premiers mois suivant l’accident a été redécoupée en fonction du niveau de radioactivité, afin d’organiser la décontamination puis le retour progressif des habitants. Le périmètre où l’exposition dépasse 50 millisieverts/an est pour le moment laissé inhabitable. En revanche, la décontamination progresse dans les onze localités où le niveau était compris entre 20 et 50 millisieverts par an. Trente-neuf autres communes, non évacuées car présentant une exposition inférieure à 20 mSv/an, doivent aussi être assainies. Enfin, les forêts et prairies éloignées des habitations sont quant à elles laissées intactes, faisant craindre une recontamination des zones nettoyées.

  • Le retour progressif des habitants

Lors de l’accident, plus de 150 000 habitants ont dû partir précipitamment. Jusqu’à présent, le retour a été autorisé dans les parties évacuées de Kawauchi et de Tamura, dans la province de Fukushima. Le gouvernement a récemment annoncé la levée, au début de septembre, de l’ordre d’évacuation de la localité de Naraha, à moins de 30 kilomètres de la centrale – une première pour une ville totalement désertée.

Les autorités estiment en effet que le niveau d’exposition à la radioactivité y est revenu à un niveau inférieur à 20 millisieverts par an, qui permet, officiellement, d’y revivre, même si la décontamination n’est pas parfaite. Les organisations écologistes, et beaucoup d’habitants, s’inquiètent néanmoins du niveau des radiations. Telle l’organisation écologiste Greenpeace, qui juge « inacceptable » que la levée de l’interdiction d’habiter puisse entraîner la suppression un an plus tard des indemnités pour préjudice moral versées mensuellement aux personnes déplacées.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/energies/article/2015/08/11/le-japon-lutte-toujours-contre-les-consequences-de-l-accident-de-fukushima_4720850_1653054.html#kCq3VF8gpLQoob6U.99

Ce contenu a été publié dans Japon 2015. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *