Nucléaire : la radioactivité de Fukushima …

Nucléaire : la radioactivité de Fukushima est arrivée sur les côtes du Canada

Déjà signalée en 2014 au large du nord du continent américain, la pollution radioactive de la centrale de Fukushima a été décelée récemment sur les côtes canadiennes

Nucléaire : la radioactivité de Fukushima est arrivée sur les côtes du CanadaL’océan Pacifique au large de la centrale nucléaire accidenté de Fukushima.© AFP

Fukushima, 11 mars 2011 : un séisme de magnitude 9 au nord-est du Japon, suivi d’un tsunami géant, provoque la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire de l’humanité après celle de Tchernobyl, en Ukraine, le 26 avril 1986. Des tonnes de débris et de déchets radioactifs échouent dans l’océan Pacifique, suivis par les tonnes d’eau contaminée de l’arrosage de la centrale dévastée, pour empêcher l’explosion des réacteurs, auxquelles s’ajouteront ultérieurement les fuites d’eau à répétition du site.

Le tsunami du 11 mars 2011 qui a frappé le nord-est du Japon, a donné naissance à un continent de déchets, dont certains radioactifs, qui se déplace vers la côte Ouest de l’Amérique du Nord.© PHOTO ARCHIVES AFP

Attendue avec inquiétude de l’autre côté de la Terre, la radioactivité avait mis trois quatre ans à traverser le Pacifique pour atteindre le continent nord-américain en 2014. De nouvelles traces de radioactivité ont été relevées en février dernier, cette fois-ci sur les côtes ouest canadiennes : la pollution de Fukushima mettra des décennies à disparaître.

Des traces de césium caractéristique de Fukushima

La carte de l’institut Woods Hole qui localise les traces de césium relevées près des côtes du nord-ouest canadien.© PHOTO WOODS HOLE OCEANOGRAPHIC

La radioactivité peut être dangereuse, et nous devons surveiller attentivement les océans, après ce qui a été sans aucun doute le plus important déversement accidentel d’agents contaminants radioactifs dans les océans au cours de l’histoire.Ken Buesseler, Institut océanographique Woods Hole

Depuis le mois de mars 2011, l’océan Pacifique est sous haute surveillance. En février 2014, deux isotopes radioactifs avaient été découverts au large de Vancouver, sur la côte Pacifique du Canada: du césium-134 et du césium-137 en provenance de Fukushima. En novembre de la même année, les scientifiques de l’institut océanographique américain Woods Hole avaient également observé des niveaux de radioactivité dus à Fukushima, à 160 km des côtes du nord de la Californie. Puis, plus rien, jusqu’au 19 février où des traces de radioactivité provenant de la centrale japonaise ont à nouveau été détectées près des côtes ouest du Canada. Deux échantillons d’eau de mer prélevés au large d’Ucluelet, petite île de Vancouver en Colombie britannique, recelaient en effet des traces de césium-134 (1,4 becquerels par mètre cube) et de césium-137 (5,8 becquerels par mètre cube). Selon les scientifiques du réseau de surveillance InForm (Integrated Fukushima Ocean Radionuclide Monitoring) qui ont pratiqué les analyses, il s’agit de l’isotope de césium caractéristique de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima.

« Sans réel danger pour la santé humaine »

Le chercheur canadien Jay Cullen, membre du réseau InForm.© PHOTO CAPTURE D’ÉCRAN

Les niveaux de césium relevés sont bien en deçà des niveaux de radioactivité reconnus au niveau international comme pouvant représenter un danger pour la santé humaine ou pour l’environnement. Le réseau InForm sur son site internet

Le professeur Jay Cullen de l’université de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique, l’un des scientifiques du réseau InForm, a expliqué en mars 2015, sur la radio canadienne CBC, que ces traces de pollution sur le littoral n’étaient pas surprenantes. « Les niveaux (de césium, ndlr) qui ont été détectés à la fois au large ou sur les côtes sont pertinents avec les modèles qui avaient prédit l’arrivée de cette contamination sur la côte » a-t-il déclaré. Sur les deux échantillons, le niveau de césium-134 dans l’eau est sans réel danger, car il est mille fois moins important que le seuil de tolérance pour la santé humaine, a-t-il ajouté. Selon Woods Hole, nager tous les jours pendant un an dans les eaux de l’île de Vancouver équivaudrait à une dose de radiation environ mille fois inférieure à une radio dentaire.

Une carte interactive pour suivre les particules radioactives

Les observateurs de la côte ouest des USA pourront mesurer une augmentation des matières radioactives trois ans après l’événement. La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration)

Ce graphique de la NOAA montre les concentrations en césium 137 à la surface des océans (entre 0 et – 200 mètres) en avril 2012 (a), avril 2014 (b), avril 2016 (c) et avril 2021 (d).© PHOTO NOAA

Les particules radioactives issues de la pollution provoquée par la catastrophe nucléaire de Fukushima, devraient errer durant des décennies  dans les océans du monde, selon les chercheurs américains du Centre of Excellence for Climate System Science (CECSS) qui ont publié sur internet uneétude sur le sujet, en août 2013. Les courants au large du Japon accélèrent la dilution des eaux radioactives, qui perdent donc en concentration radioactive et se dispersent, rapportait l’étude. Afin de suivre leur diffusion dans l’océan, l’agence américaine NOAA a mis en place une carte interactive permettant de visualiser l’évolution d’un produit, quel qu’il soit, porté par les courants marins.

Débris radioactifs: appel à la population

La NOAA a également lancé un appel dès le mois de mai 2012, afin que les promeneurs préviennent les autorités dès qu’ils trouvent un objet rejeté par les flots sur la côte Ouest, au cas où il proviendrait de Fukushima et serait radioactif.

Si elle se dilue avec le temps dans l’océan, la pollution radioactive de Fukushima est loin d’être finie. Les scientifiques s’attendent à ce que des niveaux de césium analogues soient de nouveau progressivement mesurés sur le littoral ouest de l’Amérique du Nord, de l’Etat de Washington à la Californie. La surveillance de la qualité de l’eau de mer, de la faune et flore marines devra se poursuivre encore durant plusieurs années, afin d’appréhender l’impact environnemental de la catastrophe, a souligné le réseau InForm, constitué de scientifiques, de professeurs, d’organisations gouvernementales, de représentants de la société civile ou de simples citoyens volontaires qui collectent et analysent des échantillons.

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