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Nucléaire: un consortium franco-japonais remporte un contrat en Turquie

Le logo d'Areva

Le logo d’Areva (Photo Charly Triballeau. AFP)

La Turquie a attribué à un consortium incluant le japonais Mitsubishi et le français GDF Suez la construction de sa deuxième centrale nucléaire, un contrat de plus de 15 milliards d’euros qui marque la relance du marché du nucléaire civil gelé depuis la catastrophe de Fukushima il y a deux ans.

Suggérée depuis plusieurs semaines, notamment dans la presse nippone, cette décision a été confirmée jeudi à l’AFP par un haut responsable du ministère turc de l’Energie, à la veille d’une visite officielle en Turquie du Premier ministre japonais Shinzo Abe.

Un accord intergouvernemental, qui marque le coup d’envoi des discussions commerciales exclusives, sera signé à cette occasion en grande pompe à Ankara par M. Abe et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Selon une source industrielle, le groupement industriel vainqueur réunit Mitsubishi Heavy Industries (MHI), son compatriote Itochu et l’énergéticien français GDF-Suez, auxquels devrait se joindre ultérieurement une entreprise turque.

Areva fournira avec MHI les quatre réacteurs de moyenne puissance (1.100 mégawatts) Atmea-1 qui équiperont la centrale, développés par leur coentreprise.

«Quand je vois le Premier ministre japonais rendre visite à son homologue turc M. Erdogan, cela donne une perspective favorable», au consortium Mitsubishi, a déclaré à Paris le PDG de GDF Suez, tout en rappelant que «c’est aux autorités turques et à elles seules de donner la réponse».

Interrogé sur le rôle de GDF Suez dans cette offre, il a souligné que son groupe était le seul exploitant nucléaire du consortium dirigé par Mitsubishi, et que dans l’hypothèse ou le groupement serait retenu, il opérerait la centrale en partenariat avec un ou des électriciens turcs.

Même si de longues négociations commerciales devront avoir lieu avant que l’accord turco-japonais ne débouche sur une commande formelle d’Atmea-1, cela constituerait le 1er débouché tangible pour ce réacteur de taille moyenne (1.100 mégawatts) par rapport à l’EPR d’Areva.

Le calendrier du projet prévoit le début des travaux de construction sur le site de Sinop, au bord de la mer Noire, en 2017, pour une mise en service des quatre tranches étalée entre 2023/2024 et 2028.

Pour soutenir sa forte croissance économique, la Turquie veut s’équiper de trois centrales nucléaires d’ici à cinq ans pour réduire sa dépendance vis-à-vis de ses importations de pétrole et de gaz, en forte croissance, notamment de Russie et d’Iran.

Ankara a déjà conclu un accord en 2010 avec la Russie pour en construire une première à Akkuyu, dans le sud du pays.

La victoire franco-japonaise annoncée constitue le premier contrat remporté par la filière nucléaire nippone depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, qui avait freiné ou gelé de nombreux projets de réacteurs dans le monde.

Cité jeudi par le quotidien économique japonais Nikkei, M. Erdogan a justifié ce choix par le savoir-faire des Japonais en terme de résistance aux tremblements de terre –la Mer Noire est une zone à forte activité sismique– et la technologie d’Areva.

Selon Nikkei, il a également encouragé le consortium à participer à l’appel d’offres pour la troisième centrale, probablement dans le nord-ouest de la Turquie.

«Il est de la responsabilité du Japon de partager son expérience et les leçons qu’il a tirées de l’accident de Fukushima et de contribuer ainsi à l’amélioration de la sécurité de l’énergie nucléaire dans le monde», a pour sa part affirmé M. Abe au quotidien turc Milliyet.

De nombreuses sociétés étrangères s’étaient manifestées pour décrocher ce marché de la deuxième centrale nucléaire turque. Des offres canadienne, sud-coréenne et chinoise ont ainsi été éliminées.

Le japonais Toshiba avait aussi candidaté en association avec la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), gérante de la centrale de Fukushima, mais Tepco s’était retirée quatre mois après l’accident nucléaire.

Depuis le dépôt de l’offre franco-japonaise, la partie nippone a été délibérément mise en avant pour négocier avec la partie turque.

La coopération nucléaire entre la France et la Turquie a été officiellement relancée en janvier mais les relations économiques franco-turques restent compliquées en raison des crises diplomatiques entre les deux pays, notamment à cause du vote de lois françaises reconnaissant le génocide arménien ou réprimant sa négation.

Si un tel accord bénéficiant à Areva et GDF-Suez se concrétise, il serait l’un des rares grands contrats d’Etat attribués ces dernières années par Ankara à des entreprises françaises.

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