Les actions post-Fukushima …

Les actions post-Fukushima démarrent à Saint-Laurent

26/03/2015 05:38
Le DUS (Diesel ultime secours) est un bâtiment anti-sismique abritant en hauteur (hors inondation) un groupe électrogène capable d’alimenter les organes vitaux de la centrale. – dr

La centrale nucléaire a commencé à s’équiper contre l’éventualité d’un séisme majeur. Un lourd programme dont le déploiement s’étendra sur quinze ans.

Un accident de type Fukushima est-il possible à Saint-Laurent ? Pour répondre oui, il faudrait imaginer une vague submergeant les installations. Celles qui pourraient se produire dans le cadre d’une crue centennale de la Loire n’auraient pas une ampleur suffisante pour perturber les deux tranches construites sur un promontoire hors d’eau. « A la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire, nous avons toutefois été amenés à réévaluer ce référentiel », explique Jean-Paul Germa, directeur délégué. « Les aménagements qui en résultent envisagent désormais une crue millénale aggravée par une rupture du barrage de Villerest à son plus haut niveau de stockage. C’est à cette situation que nous devons être capables de faire face. »

Un tel événement, dont la probabilité reste infinitésimale, pourrait conduire à un arrêt des deux tranches, voire une panne des dispositifs chargés de refroidir le cœur du réacteur dont le combustible se trouverait alors exposé à un risque de fusion. « La sécurité reposerait alors sur notre capacité à apporter et injecter de l’eau en quantité suffisante dans les circuits primaire et secondaire qui évacuent la chaleur, ainsi que dans la piscine où se trouve entreposé le combustible usagé. »
Pour en arriver là, il faudrait admettre une défaillance en chaîne de tous les systèmes de secours déjà existants, accompagnée d’une perte totale des alimentations électriques et des ressources en eau. Un premier dispositif complémentaire d’intervention (voir par ailleurs) a déjà été réalisé. Mais à partir de cette année, c’est la construction d’un dispositif lourd et permanent qui démarre.

Bâtiments anti-sismiques

Il s’articule en plusieurs éléments : le plus visible, dont la construction va démarrer en mai, consistera en deux bâtiments de grande dimension (25 ms de hauteur) abritant les DUS (Diesel ultime secours). Montés sur plots anti-sismiques, dotés de parois anti-tornade et indépendants de toute source d’énergie extérieure grâce à leurs réservoirs de carburant, ces équipements auront pour objet de fournir du courant à tous les organes vitaux du site grâce à deux générateurs d’une puissance unitaire de 3,6 MWm.
Édifié selon les mêmes critères, un centre de crise fournira des locaux sécurisés pour les équipes d’intervention, quelles que soient les conditions extérieures. Il sera équipé de systèmes de décontamination, de ventilation et de lieux de vie et permettra le pilotage des tranches en direct.
Concernant l’alimentation en eau, c’est un forage en nappe profonde qui fournira l’indispensable source froide. Il sera doublé à terme par un bâtiment dit de refroidissement ultime, faisant appel à une autre technologie (probablement échangeur air-eau). Par ailleurs, les digues et talus protégeant le site seront renforcés afin de limiter les effets d’une inondation.
La réalisation de tous ces aménagements s’étalera jusqu’en 2030. Leur finalité est de permettre la poursuite de l’exploitation des deux tranches existantes dans des conditions de sûreté conformes aux nouvelles exigences réglementaires.

SURETÉ Un mot d’ordre : refroidir !

En matière de sûreté nucléaire, le contrôle de la température interne du réacteur constitue la priorité des priorités. Les deux accidents survenus dans le passé à Saint-Laurent, sur les tranches aujourd’hui en cours de démantèlement de la première centrale, étaient imputables à un dysfonctionnement des systèmes d’évacuation de la chaleur. L’un d’eux avait même causé un début de fusion du combustible.
Même après sa mise à l’arrêt, un réacteur continue à produire de la chaleur. C’est ce qui s’est produit à Fukushima où l’inondation consécutive au tsunami a causé la panne des groupes électrogènes, entraînant l’arrêt des systèmes de refroidissement de secours des réacteurs ainsi que ceux des piscines de désactivation des combustibles irradiés. Il s’en est suivi des fusions partielles des cœurs de trois réacteurs nucléaires, puis d’importants rejets radioactifs, dont les conséquences sanitaires sur les populations locales n’ont pas été totalement évaluées.

Jean-Louis Boissonneau
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