Japon 2014 – Fukushima/303

Daisy, lycéennes à Fukushima #1-2

7 octobre 2014 |

Ouvrons les yeux : la plaie Fukushima restera longtemps béante. Il est donc naturel que l’impact du «Three Eleven» se répercute aussi sur les objets culturels nippons, sous la forme de messages d’espoir, de mises en garde et autres commentaires – à ce propos, lire nos interviews d’Atsushi Kaneko ou de Natsumi Aida. Avec une ligne éditoriale comme la leur, les éditions Akata se devaient de traiter le sujet : c’est désormais le cas avec Daisy, lycéennes à Fukushima, un récit en deux tomes fondé sur des témoignages d’étudiants, de parents et d’enseignants recueillis par Reiko Momochi.

daisy-1-extrait-casesLes cheveux sales par peur de se laver. La boule au ventre à chaque fois qu’il pleut. Une terre qu’on ne peut plus cultiver, ni toucher. Tel est le quotidien des habitants de Fukushima au lendemain du séisme. Mais ce n’est rien à côté de cette angoisse permanente, celle d’avoir perdu tout avenir, d’habiter un corps à jamais souillé et condamné… Aujourd’hui, c’est la première fois que Fumi retourne au lycée, plusieurs semaines après l’accident du 11 mars : à cause de la radioactivité, elle s’est cloitrée entre quatre murs. Malgré l’anémie, les boutons ou autres réactions corporelles anormales, et alors que de nombreuses familles ont déserté la région, elle a choisi de rester dans sa ville natale. Parce que si un nouveau séisme venait à se produire, Fumi ne reverrait peut-être plus jamais ses proches.

À travers les portraits croisés de quatres jeunes filles tentant de se reconstruire autour d’une passion commune, leur groupe de musique nommé «Daisy», Reiko Momochi signe un récit bouleversant, porteur d’espoir et de force combative, sans pour autant maquiller la dureté des faits. On pourra, certes, regretter sa forme de shôjo archétypal, sa narration parfois un brin laborieuse et son second tome moins marquant, mais rien de tout cela n’entrave la valeur du message. Et à ceux qui reprocheraient la superficialité du genre shôjo, quelquefois attaché au stéréotype de la midinette futile : voici une œuvre plus connectée à la réalité que jamais.

© Reiko Momochi, Teruhiro Kobayashi, Darai Kusanagi, Tomoji Nobuta / Kodansha Ltd.

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