Autour de Fukushima
JPDS
TEXTE ET PHOTOGRAPHIES: JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
DESSINS: MATTHIEU BERTHOD
Trois ans après le tsunami dévastateur qui a ravagé près de six cents kilomètres de littoral le long de la côte Pacifique du Japon, provoquant la mort d’environ vingt mille personnes et plus de cent mille réfugiés, le constat des dégâts reste considérable.
Des travaux pharaoniques sont entrepris sur toute la côte Est. La petite ville de Rikunzentakata ayant été rayée de la carte, comme d’autres, un énorme chantier est à pied d’œuvre pour remblayer le terrain. Une colline proche est découpée afin de combler le manque de terre provoqué par les eaux du raz-de-marée.
Les déchets raclant le sol par le retour de la houle vers l’océan ont emporté des millions de tonnes de débris et provoqué une nouvelle catastrophe écologique causée par l’activité humaine.
Dans la chaîne de montagnes avoisinant la ville de Fukushima, le maire de la cité de Tamura, Yukei Tomitsura, ainsi que les autorités locales ont pris la décision d’autoriser le retour de leurs concitoyens, évacués dans l’urgence en mars 2011 après la fusion de deux des six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, située à une cinquantaine de kilomètres.
Le retour des réfugiés du nucléaire s’opère après la décontamination de la zone touchée par la radioactivité. Les sols sont décapés sur vingt centimètres de profondeur, les matériaux sont ensuite emballés dans des sacs pouvant contenir une tonne de déchets. Les maisons ont été lavées, une bonne partie des arbres découpés et l’eau des puits changée. Bien que la zone de décontamination soit plus vaste que prévu, seules trois cent septante-deux personnes ont choisi de rentrer chez elles. Les autres, par peur de la contamination encore présente, ont préféré ne pas réintégrer leur domicile.
Quant aux villes proches de la centrale nucléaire, situées à proximité ou à l’intérieur de la zone d’exclusion, comme Namie, Futaba, Ohkuma, Tomioka, le taux de radiations très élevé ne permet plus leur entretien, d’autant qu’elles sont devenues dangereuses après le tremblement de terre. Les bâtiments sont fragilisés, des maisons se sont effondrées, des magasins ont leurs vitres brisées. Les lieux n’ont pas été sécurisés vu l’importante radioactivité qui pourrait nuire aux travailleurs qui viendraient déblayer ces secteurs.
Les villes restent interdites d’accès, sauf aux habitants désireux de se rendre chez eux, ce qui requiert une autorisation de l’administration locale, valable pour quelques heures seulement. Au point de passage de la zone d’exclusion, leurs documents sont scrupuleusement vérifiés par une escouade du service d’ordre, au rôle parfaitement défini et dans un ballet soigneusement orchestré.
Quelques milliers de réfugiés ont été logés dans la mégalopole de Tokyo et dans la cité de Tatsumi, à la périphérie de la capitale, dans un ensemble de gratte-ciels prévus à la base pour les employés du gouvernement tokyoïte. Une fois par semaine un groupe de la Croix-Rouge locale vient prodiguer des soins de base aux personnes âgées. Et un autre groupe organise des ateliers d’animation, de couture, et parfois d’origami. Ces réfugiés, dont la plupart venaient de la campagne ou de petites villes situées le long de la côte avoisinant la centrale, se sont retrouvés sans repères dans l’une des tours de cent trente-huit mètres du complexe Shinonome Tower (Le Courrier du 2 avril 2014).
Rikunzentakata, dans le Tuhoku. Des visiteurs viennent en pèlerinage voir le dernier pin survivant d’une immense pinède ainsi que les restes d’un supermarché en bordure de l’océan, détruit par le tsunami..
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