Fukushima n’a pas tué le nucléaire!
Plus de 72 nouvelles centrales verront le jour dans le monde d’ici 2030.
Par Laszlo Molnar. Mis à jour à 11h28

La centrale nucléaire de Tianwan, dans la province chinoise du Jiangsu, devrait être achevée d’ici un an.
Image: Wang jianmin/AP
Trois ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le marché des centrales atomiques se porte très bien, relève le cabinet international Roland Berger Strategy. Selon ses experts, 72 unités sont en chantier dans le monde. Le choc de l’explosion des réacteurs japonais n’a donc eu qu’un effet marginal, même s’il a permis la fermeture de 9 centrales à travers la planète, en grande majorité pour renoncement au nucléaire (notamment en Allemagne). Au Japon, les autorités avaient lancé la construction de deux sites nucléaires avant le séisme du 11 mars 2011, et le nouveau gouvernement semble vouloir les achever.
La Chine fait peur
Globalement les nouvelles centrales devront permettre un accroissement d’un quart de la production d’énergie nucléaire mondiale d’ici une quinzaine d’années. Mais dans certains pays, elle fera plus que doubler. Ce sera le cas en Chine qui a mis en chantier plus de 28 centrales, chacune pourvue de 2 réacteurs. Le pays le plus peuplé du monde n’était pas un champion de cette énergie jusqu’à présent. Il ne possédait que quatre centrales produisant à peine 1,8% de ses besoins en électricité. Mais Pékin veut augmenter ce quota, ce qui indispose un physicien suisse qui veut garder l’anonymat. Il reproche à la Chine de réaliser des sites à moindre coût, donc par essence dangereux.
Les deux autres pays les plus actifs en la matière sont la Russie qui est déjà le 4e plus important producteur d’électricité d’origine nucléaire et l’Inde qui va ajouter 14 réacteurs répartis sur 6 sites à ses 20 réacteurs déjà existants. Ces derniers pays ont au moins une certaine expérience de l’atome, contrairement à de nombreux pays émergents qui veulent se lancer dans l’aventure. Parmi eux, Roland Berger relève l’Afrique du Sud, le Vietnam, la Turquie ou l’Arabie saoudite.
Outre les 72 chantiers déjà démarrés, le cabinet d’experts a compté 580 projets. Verront-ils tous le jour? Les experts estiment les chances à moins de 50% car «la capacité à financer de tels investissements, dans des conditions souvent concurrentielles avec d’autres énergies, par exemple le gaz de schiste, sera un obstacle à surmonter», explique leur étude. Les ingénieurs tablent aussi sur le développement des énergies vertes qui pourraient permettre une réduction de la part du nucléaire dans la production de l’électricité à l’horizon 2050.(Le Matin)