Pesticides en France et radionucléides à Fukushima : des risques identiques pour les enfants ?

Radionucléides et pesticides ont des propriétés communes. D’une certaine manière, ils font courir à la population des risques sanitaires assez semblables. Et c’est encore plus vrai pour une population, celle des enfants.
PROPRIETES COMMUNES DE LA RADIOACTIVITE ET DES PESTICIDES SUR LE PLAN SANITAIRE
On ne peut généraliser. Il existe une grande variété de radionucléides et de pesticides. Chaque agent a ses propriétés propres. Tous les agents n’agissent pas exactement de la même manière, mais, malgré tout, des tendances générales se dégagent. Ce sont ces propriétés communes à ces deux types d’agents que nous voudrions passer en revue.
1. Un risque sanitaire avéré
Qu’il s’agisse de la radioactivité ou des pesticides, ces agents présentent des dangers pour la santé. La chose est connue depuis longtemps. L’Organisation Mondiale de la Santé s’en préoccupe. Quand on clique « pesticides » sur le site de l’OMS, plus 1.300 liens y sont repris.
2. Une toxicité pour des doses dites « faibles ».
Pendant longtemps les défenseurs de ces agents ont prétendu qu’il existait un seuil en deçà duquel nucléotides et pesticides n’étaient pas dangereux.
La majorité des scientifiques est aujourd’hui d’accord pour reconnaître qu’il n’y a pas de dose seuil en ce qui concerne le danger de la radioactivité et/ou des pesticides. Même de faibles doses ont des effets délétères.
C’est encore plus vrai chez les individus présentant un nombre important de divisions cellulaires : les femmes enceintes (les fœtus) et les enfants (et plus les filles que les garçons). On ne peut plus parler de doses « planchers ». Dès que des radionucléides ou des pesticides sont présents, il existe un risque sanitaire.
Par exemple, l’augmentation des cas d’hypothyroïdie congénitale décelée chez les bébés californiens après le passage du nuage de Fukushima (faibles doses de radioactivité) montre que des « faibles doses » de radioactivité ont des effets délétères.

Un autre exemple concerne l’augmentation de la prématurité aux Antilles, en rapport avec la présence d’un pesticide, le Chlordecone, utilisé dans les bananeraies.
3. Une grande stabilité et une longue durée d’action
Pesticides et radionucléides sont souvent caractérisés par une très grande stabilité. Ces deux familles d’agents agissent longtemps, le plus souvent durant des dizaines d’années (voir des centaines ou des milliers). Par exemple, on retrouve dans l’eau de boisson des pesticides qui ne sont plus utilisés depuis plus de 20 ans (DDT). Ces agents, très stables, sont toujours là. Ils présentent un effet cumulatif. Faute d’être éliminé, chaque nouveau contact se cumule au précédent. Le temps agit comme un multiplicateur de risque.
A ce titre, la présence des pesticides (et leurs dangers) ne peut s’évaluer au travers des quantités annuelles utilisées : il est indispensable de tenir compte des quantités totales rependues pendant 20 ans…ou plus.
4. Une grande difficulté à neutraliser ces agents
Qu’il s’agisse des radionucléides ou des pesticides, nous sommes très désarmés pour nous en débarrasser. Nous ne connaissons guère de moyens pour les éliminer. Une fois rependus dans la nature, ils y restent sans que nous puissions agir. Nous subissons leur présence…et leurs effets ! Nous en sommes réduits à les stoker, faute de pouvoir les éliminer !
5. Des mécanismes toxiques qui se ressemblent
Chaque agent exerce sa toxicité d’une façon propre mais souvent, pesticides et radionucléides agissent un peu de la même manière. Plusieurs ont tendance à briser les brins d’ADN au sein des cellules. L’organisme sait « réparer »…mais pas toujours ! D’autres perturbent le fonctionnement intime de la cellule.
Il s’ensuit que les radionucléides et/ou les pesticides peuvent provoquer, chez les fœtus et chez les enfants, toutes sortes de troubles. Ils sont incriminés dans des décès (avortements, fausses couches), de la prématurité, des petit poids de naissance, des malformations fœtales de toutes sortes, des troubles endocriniens (insuline, hormones sexuelles), des cancers (thyroïde, leucémies), des troubles neurologiques du développement ( difficultés d’apprentissage autisme).
Le schéma ci-joint montre comment un cancer peut se développer en présence de radioactivité :
6. Des périodes de la vie plus menacées que d’autres, des effets comparables
La ressemblance entre le mode d’action de ces deux agents explique que certaines populations humaines sont particulièrement sensibles à leurs effets. Il s’agit des femmes enceintes et des enfants. Chaque fois qu’un organisme présente de nombreuses divisions cellulaires, le risque est plus élevé.
Il est significatif de constater à quel point les effets sur les enfants de l’agent orange au Vietnam et ceux des nucléotides à Tchernobyl se ressemblent. Dans les deux cas, de graves malformations apparaissent. Si on tape « agent orange » ou « effets Tchernobyl enfants » sur « Google images », ce sont les mêmes images insoutenables qui apparaissent.
7. Des délais souvent longs entre le moment de l’exposition et l’apparition des troubles
Radionucléides et pesticides agissent de façon sournoise. Les effets de leur toxicité sont très rarement immédiats. La plupart du temps, il s’écoule des années avant qu’on se rende compte de ce qui se passe.

Chez les enfants, des cancers de la thyroïde liés à des irradiations, peuvent survenir plus de 10 ans après l’exposition. Chez des adultes, on a observé des cas de leucémies et de maladie de Parkinson survenant des dizaines d’années après l’exposition à des radiations et/ou à des pesticides.
Le lien de cause à effet est d’autant plus difficile à mettre en évidence pour attribuer la responsabilité de l’un ou l’autre agent.
AUTRES PARTICULARITES COMMUNES A CES DEUX AGENTS
Les caractéristiques communes des radionucléides et des pesticides font comprendre les dangers et les difficultés pour lutter contre leurs effets délétères. Mais des particularités d’un autre ordre, également communes à l’usage du nucléaire et des pesticides, existent. On pourrait dire que, d’une certaine manière, ces autres « particularités » aggravent les difficultés pour prouver et lutter contre la toxicité de ces agents.
1. Contexte d’exploitation
La technique et l’exploitation de ces agents se sont développées dans des contextes identiques de guerre avant de devenir civiles (bombes atomiques, gaz Zyklon , défoliants, centrales nucléaires, pesticides). On retrouve souvent les mêmes sociétés (Monsanto,…) derrière l’usage guerrier puis civil.

Quand des sociétés développent leur activité en temps de guerre comme en temps de paix, on peut s’attendre à ce qu’elles ne se préoccupent que très peu du sort des populations concernées. Et encore moins de celle des enfants.
2. Intérêts financiers, influences, lobbies
Ces activités brassent d’énormes sommes d’argent, représentent des intérêts en matière d’influence. (Écoles des Mines ). Elles s’accompagnent de la mise en place de lobbies puissants qui en défendent les intérêts, souvent par tous les moyens (campagnes d’informations dévoyées, corruption de fonctionnaires et/ou de politiciens, menaces,…). Même l’OMS est asservie au nucléaire ( AIEA. Agence Internationale de l’Energie Atomique) !
3. Minimisation des dangers et des effets
En cas d‘accident, tout est fait pour minimiser les conséquences (Sévéso , Tchernobyl, Bhopal, Fukushima, …).
4. Déficit de prévention et de gestion
Toutes les mesures de protection ne sont pas prises. Elles sont souvent insuffisantes. Après chaque accident, aucune mesure réellement efficace n’est proposée pour éviter la récidive.
5. Insuffisance des études scientifiques et épidémiologiques
Les études épidémiologiques sont rares, insuffisamment financées, les conclusions mal connues. Les lobbies en contestent la valeur, les discréditent.
6. Paresse des politiques
Les décisions politiques permettant de mieux protéger les populations tardent. Des délais exceptionnels d’utilisation sont accordés. (Exemple du Chlordecone aux Antilles).
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La France (65 millions d’habitants) est un des plus gros utilisateurs de pesticides. Avec 63.000 tonnes en 2012, notre pays se situe au 4erang mondial, juste derrière les Etats-Unis (313 millions d’habitants), le Brésil (205 millions d’habitants) et le Japon (127 millions d’habitants).
Notre utilisation des pesticides a chuté ces dernières années (120.000 tonnes en 2.000) mais cela ne signifie pas pour autant que ce qui a été utilisé les années précédentes a disparu !
On le voit, radionucléides et pesticides présentent bien des points communs. Notre pays est particulièrement concerné par son usage important des pesticides.
Les petits Français sont-ils menacés par les pesticides de la même façon que les enfants du Japon sont les victimes de la catastrophe de Fukushima ?