Après la catastrophe de Fukushima, le Japon est entré dans l’ère du « smart »
LE MONDE | • Mis à jour le |Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

La catastrophe nucléaire de mars 2011 à Fukushima et l’arrêt des centrales ont bouleversé l’approche énergétique du Japon.
La mise en place, en juillet 2012, d’un système de soutien aux énergies renouvelables a incité les entreprises à accroître leur présence dans le solaire et l’éolien. Avec les collectivités, elles s’engagent dans des projets « smart » – « smart cities » et « smart houses » utilisant des « smart technologies ».
Panasonic doit inaugurer, en mars 2014, une smart city sur le site de l’une deses anciennes usines, à Fujisawa, au sud de Tokyo. Le géant de l’électronique y construit 1 000 maisons, dotées des équipements nécessaires pour que « les gens produisent l’énergie consommée dans la maison et l’utilisent de manière efficace et intelligente ».
Chaque maison sera équipée de panneaux solaires et de batteries. Avec les appareils électroménagers, l’éclairage et la voiture électrique, ces sources d’énergie seront gérées par un « HEMS ».
Ce système équilibre l’alimentation pour éviter la surconsommation. Il affiche à la demande sur un écran mural, une tablette ou la télévision, la consommation par appareil connecté – cuisinière, climatiseur ou réfrigérateur – ou par pièce. Il permet de consulter la consommation et d’activer des appareils à distance.
Le HEMS permet aussi de « réaliser un équilibre entre économies d’énergie et une vie confortable », précise-t-on chez Hitachi, également présent dans cette activité. Ce système s’intègre dans des réseaux plus larges, comme les « DEMS », à l’échelle d’un immeuble, ou les « CEMS », à l’échelle des communautés.
OPPORTUNITÉ ÉCONOMIQUE
L’arrivée dans les foyers de ces nouveautés se fait sous assistance. A Kitakyushu (Sud-Ouest du pays), au centre de gestion du quartier « smart » de Higashida, on cherche « à modifier la consommation, en incitant notamment les gens à sortir au moment des traditionnels pics ».
Le marché semble prometteur. « Nous avons lancé notre projet en 2009,précise Kozue Ichiba, d’Eco Solutions Company, branche de Panasonic chargée de Fujisawa. Après Fukushima, l’intérêt a augmenté. Et Fujisawa est un moyen de présenter un concept, avec l’idée de le vendre. » Au Japon mais aussi à l’étranger.
Mobilisant des savoir-faire variés, les projets favorisent les coopérations et les innovations, comme les systèmes V2H (Vehicle to Home) permettant à un véhicule électrique d’alimenter une maison – en cas de catastrophe naturelle notamment – ou de se recharger sur le réseau du domicile.
Pour le Japon, en pointe dans ces domaines, l’opportunité économique est réelle. Ce sont 365 sociétés qui se sont regroupées en 2010 pour créer la Japan Smart Community Alliance, aujourd’hui présidée par Toshiba.
Et « le gouvernement nippon promeut depuis deux ans les exportations de projets de renforcement des infrastructures avec les technologies smart », rappelle Takeshi Yoshida, du département des smart-communities à la NEDO, l’Organisation pour l’exploitation des technologies industrielles et des nouvelles énergies.