Japon 2013 – Après le déluge/252

Fukushima : des villages évacués pourraient être définitivement condamnés

(de notre correspondant à Tokyo)

Le gouvernement japonais étudie des programmes d’aides pour les habitants des municipalités proches de Fukushima où les seuils de radioactivité sont tels qu’aucun travail de décontamination ne semble possible.

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Tokyo est prêt à admettre que des villages évacués dans les environs de Fukushima seront définitivement condamnés – DR

Soumis à une pression de plus en plus forte des populations de Fukushima et d’une partie des élus de sa majorité, le gouvernement japonais commence à admettre publiquement que certains des villages situés près de la centrale détruite ne pourront probablement jamais être repeuplés.

Jusqu’à maintenant, l’exécutif a toujours cherché à entretenir un espoir parmi les 200.000 personnes évacuées des alentours de Fukushima-Daiichi et assuré que, dans un futur non déterminé, l’ensemble de la zone empoisonnée par les retombées radioactives de la catastrophe de mars 2011 retrouverait des niveaux de contamination suffisamment faibles pour accepter un retour des humains. Mais cette semaine, Toshimitsu Motegi, le ministre de l’Industrie, a laissé entendre devant une commission au Sénat que l’exécutif s’apprêtait à changer de positionnement. «Nous avons l’intention d’étudier toutes les options et les programmes d’aides nécessaires pour les zones où le retour s’annonce difficile», a expliqué le responsable. Il reprenait une idée évoquée quelques jours plus tôt par le secrétaire général du LDP, le parti au pouvoir. «Le temps va venir où quelqu’un va enfin devoir dire ’Vous ne pourrez plus jamais vivre ici mais nous allons vous dédommager pour ça’», avait lancé Shigeru Ishiba.

«Zone de retour difficile»

Après avoir dessiné une carte très précise des niveaux de radioactivité dans les 11 villages situés autour de la centrale, le gouvernement avait autorisé, l’an dernier, des habitants à revenir dans la journée, dans certains lieux de la zone. Selon Tokyo, ces territoires, qu’il a regroupés sous deux catégories – zones se préparant à la fin de l’évacuation et zones de résidence restreinte – pourraient potentiellement retrouver à moyen terme une vie «normale». Mais un groupe de villages, désignés sous l’appellation «zone de retour difficile», où les doses de rayonnement individuelle restent supérieures à 50 msv par an, semble, lui, condamné pour une durée plus longue. C’est cette zone que certains dirigeants voudraient qualifier de perdue pour éviter que les autorités ne commencent à y déverser des fortunes dans des chantiers de décontamination probablement inutiles.

Si Tokyo confirmait cette «condamnation» définitive de certaines zones, il devrait déployer avec Tepco un nouveau programme d’aides aux habitants, qui se sont parfois vu refuser des dommages et intérêts car, leur expliquait-on, leur évacuation n’était que temporaire.

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