Japon 2013 – Après le déluge/154

Le vice-ministre de l’industrie Japonais s’exprime : « La situation [à Fukushima-Daiichi] est déplorable »

Les premières réactions officielles suivant les errements récents du liquidateur de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi n’ont pas tardé : M. Kazuyoshi Akaba, premier vice-ministre de l’Industrie du Japon s’est déplacé sur le site lundi et a critiqué ouvertement la manière dont Tepco gère la situation sur le terrain. En fait, il s’agit d’un nouveau paradoxe, l’Etat Japonais se désavouant publiquement lui-même puisqu’il est l’actionnaire majoritaire  de la société depuis près de 12 mois.

Ce n’est pas la gestion de la crise nucléaire qui est déplorable, c’est le nucléaire lui-même !

Certes, Tepco n’est clairement pas à la hauteur de la tâche mais cette dernière nous a toujours semblé ingérable dès les premiers jours du développement de la catastrophe ; la situation nous est apparue comme critique et elle a automatiquement empiré pour devenir quasiment désespérée et irréversible, après 28 mois d’actions cosmétiques, de demi-mesures, d’atermoiements synchronisés de Tepco mais également de l’agence de régulation Japonaise, du gouvernement national et surtout d’une campagne de couverture et de minimisation organisée et entretenue au sein même de la mafia atomique mondiale.

« Tepco a toujours un coup de retard sur les événements »

Le ministre Akaba a également lancé cette formule que nous ne pouvons qu’applaudir d’autant plus qu’elle est absolument réaliste et ne remonte pas à hier : nous avons ainsi recensé un nombre incalculable de déclarations lénifiantes et de formules incantatoires lancées par Tepco du genre de celles-ci :

Il s’est produit un incident, nous ne savons pas ce qui s’est réellement produit mais nous enquêtons…

Nous effectuons des analyses complémentaires [dont les résultat ne sont évidemment jamais communiqués]

La radioactivité n’a pas augmenté de manière inquiétante et soudaine [mais sournoisement et lentement]

Les risques sanitaires [immédiats] sont nuls faibles modérés [biffer les mentions obsolètes]

L’eau contaminée ne s’est jamais écoulée un peu écoulée s’est régulièrement écoulée dans l’océan Pacifique

Aucune communication sincère sur les problèmes fondamentaux du site de Fukushima-Daiichi

Tepco et les Japonais auraient du immédiatement – nous répétons pour que ce point soit très clair : dès les premières heures après la fusion des cœurs – faire le forcing sur la recherche, l’isolement et la récupération éventuelle des combustibles nucléaires ; en laissant la situation pourrir comme ils l’ont fait et en regardant toujours à côté du problème majeur (le corium), il n’est guère étonnant que la situation se soit rapidement détériorée pour atteindre en quelques semaines à peine un point de non-retour : alors que les Japonais croyaient la situation sous contrôle et le faisaient croire au monde entier, la contamination des aquifères situés sous le site se propageait peu à peu, s’amplifiait au fil des fuites successives et de la propagation et de la dispersion d’un combustible nucléaire que nul observateur sérieux ne peut plus considérer comme « confiné » à ce jour.

Aucune technologie actuelle ne peut désormais résoudre le problème

Les propositions d’assistance aux autorités Japonaises pour la gestion pure de la catastrophe ont toujours été ajournées par le Japon, certaines idées et technologies non conventionnelles auraient pu s’avérer efficaces sur la situation naissante, de l’ordre de celles mises en œuvre par les Ukrainiens à Tchernobyl [1], des actions courageuses mais de bon sens auxquelles auraient pu être avantageusement jointes des technologies internationales plus récentes [2]. Dans la série des réponses ultimes figurait, selon certaines sources, l’éventualité d’une vitrification de l’intégralité du site par une explosion thermonucléaire au sol qui aurait en outre présenté l’avantage [3] de disperser très largement les aérosols et les particules dans l’atmosphère [4].

 

Arrivé à ce point, que peut faire le gouvernement Japonais ?

La marge d’action des autorités Japonaises est plus que réduite : elle pourrait démettre dans la foulée la totalité de l’équipe dirigeante de Tepco qui a démontré – bien plus que son inaptitude – sa mauvaise volonté à rechercher les causes et les développements profonds de la catastrophe et placer les meilleurs spécialistes internationaux dans un comité de gestion internationale de la crise nucléaire ; sur le plan technologique tout reste à faire, chaque jour qui passe dissémine un peu plus les poisons vomis par les 300 tonnes de combustible nucléaire fondus. Il est probable que les Japonais se contenteront d’attendre que les effets secondaires de cette catastrophe au ralenti commencent à faire surface – comme ils le font actuellement – pour les identifier et les traiter au coup par coup. Y aura-t-il des conséquences internationales ? C’est pratiquement obligatoire dans la mesure ou les radionucléides se sont désormais très largement disséminés dans l’océan et dans l’atmosphère, ne perdant en rien leur pouvoir de nuisance mais s' »étalant » juste un peu plus au niveau du globe terrestre [5].

Autrement dit, entre la bombe immédiate dispersante et la bombe à retardement locale [6], les Japonais semblent avoir choisi leur poison ; si l’on on ne peut plus faire grand chose pour contrer cette catastrophe, cette dernière appartenant déjà hélas non au passé mais au passif de l’humanité, on peut par contre se préoccuperd’éviter la suivante en stoppant instantanément tous les engins fabriquant chaque seconde des matières nucléaires mortelles et en se donnant – enfin – les moyens de gérer autant que faire se peut les immenses quantités de poisons radioactifs déjà constitués à ce jour.

 

32.png(3) Fair copy de la brève NHK, des infos qui disparaissent (trop) rapidement (NHK )

 


Notes :

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