Japon 2013 – Après le déluge/74

L’Isle le 21 mars:

Fukushima : des piscines décidément bien négligées

Les piscines de désactivation n°. 3 et 4 et la piscine commune de Fukushima-Daiichi seraient toujours privées de refroidissement alors que le bassin n°. 1 aurait retrouvé son alimentation électrique ce matin vers 0600 . Les circuits de refroidissement alternatifs montrent beaucoup de signes de faiblesse et surtout, ils ne sont visiblement pas redondants.

Lundi 18, 0957 GMT : un nouveau blackout général bloque l’ensemble du site de Fukushima-Daiichi

Les deux lignes électriques de 65 kV alimentant – en l’absence de production interne – le site de Fukushima-Daiichi depuis les centrales thermiques voisines se seraient brièvement coupées lundi matin (heure de Paris) pour une raison encore inexpliquée. A la suite de cet incident, Tepco aurait constaté que de nombreux circuits électriques ne fonctionnaient plus malgré le rétablissement de l’alimentation nationale ; un incident qui serait à priori localisé au niveau du tableau électrique MC1, dans le bâtiment de régulation.

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(1) En noir, les circuits non alimentés ; notez que la SFP1 est alimentée séparément  (Tepco)

Les piscines de désactivation n°. 1, 3, 4 et la piscine commune privées de refroidissement

Parmi ces circuits défaillants, les systèmes de refroidissement de secours des piscines installés en urgence après la catastrophe ainsi que celui de la piscine commune ont refusé de redémarrer pour une raison inconnue à ce jour.

Des conditions météorologiques non exceptionnelles

La météo ne semblait pas particulièrement défavorable avec une température au sol d’environ 9°, un vent moyen de secteur Nord (30 km/h) mais une humidité élevée (80% environ). La seule information météo intéressante est que le vent est passé du secteur Sud au Secteur Nord le 18 mars vers 10h GMT. Certains incidents d’origine électrique au niveau des isolateurs des lignes THT sont parfois induits par des conditions particulières d’humidité ambiante, de vitesse et de direction du vent.

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(2) Le vent s’est orienté du Sud au Nord le 18 mars à partir de 10h GMT (METAR RJSF du 18313)

Les piscines, déjà déshéritées en exploitation normale, le sont doublement en situation post-accidentelle

Alors que ce qui reste des réacteurs de Fukushima-Daiichi est refroidi par un système quasiment redondant, les circuits de secours refroidissant les différentes piscines de désactivation sont restés exactement dans l’état provisoire dans lequel ces derniers avaient été mis en service après la phase critique de l’accident. Ils ne sont non seulement pas entièrement redondants mais de plus semblent fragiles au point d’être affectés par le moindre petit incident électrique.

Des températures moyennes de piscine en hausse régulière mais très disparates

La température moyenne des bassins de désactivation privés de refroidissement dépend non seulement de la quantité de combustible usagé qu’elle accueille mais également du taux d’exposition du combustible (burnup) et du temps passé en bassin depuis son déchargement du cœur.

Le bassin accueillant le combustible le plus « froid » est l’unité n°. 1, suivie par le bassin n° 3, la piscine commune et enfin l’unité n°. 4 qui contient l’intégralité du cœur n°. 4 déchargé de ce réacteur à l’automne 2010 et dont la température est celle qui augmente le plus rapidement à un niveau d’environ 0.37° C par heure.

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(3) Environ 4 jours d‘autonomie pour le bassin n°. 4 avant d’atteindre le seuil de 65° C (Tepco)

Tepco n’a pas d’explication à cet incident

Fidèle à sa tradition, Tepco a informé qu’il “recherchait les causes de l’incident” mais travaillait avant tout au rétablissement du circuit de refroidissement du combustible irradié de l’unité n°. 4 qui pourrait être le premier a être affecté si cette coupure se prolongeait plus de 4 à 5 jours environ. Ceci laisse évidemment un peu de marge pour résoudre l’incident mais les premières réponses à la gestion de ce dernier donnent des indices défavorables sur la capacité de l’opérateur à prévoir ou gérer rapidement tous les cas d’incidents possibles et imaginables.

Un incident reporté 3 heures après sa survenue entraine des critiques médiatiques immédiates

L’incident initial a débuté à 1900 heure de Tokyo mais n’aurait été reporté qu’à 2211 soit plus de 3 heures après sa découverte ; ceci n’augure rien non plus de très rassurant au niveau de la spontanéité avec laquelle l’opérateur reporte les incidents. Tepco semble d’ailleurs avoir été lourdement critiqué par les médias Japonais pour n’avoir pas reporté ce nouvel incident dans les meilleurs délais et ça, c’est relativement nouveau et nettement encourageant.

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(4) Tepco critiqué par les journaux régionaux pour n’avoir pas reporté l’incident immédiatement (AP)


Sources :Power Supply Facility Failure at FD NPP – Tepco, 19313

Power outage means crippled Japanese nuclear plant unable to cool 4 fuel pools, but temps safe – AP, 19313

Fukushima I Nuke Plant: Power Back On, Cooling of Reactor 1 SFP Resumed – ex-skf, 19313

The sudden blackout revealed the weakness of Fukushima plant, “Reactor4 has 4 days to go” – fukushimadiary, 18313

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2 réponses à Japon 2013 – Après le déluge/74

  1. cox89 dit :

    Un rat pourrait avoir causé un court-circuit et entraîné la panne de distributeurs d’électricité qui a paralysé de lundi soir à mercredi matin une partie des systèmes de refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima.

    « Nous avons confirmé la présence d’un petit animal », a expliqué un porte-parole de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) en présentant une photo prise du dessus sur laquelle le cadavre du « petit animal » en question ressemble clairement à un rat d’une quinzaine de centimètres.

    Le rat, conducteur, aurait pu faire jonction entre deux connexions électriques et faire disjoncter les équipements.

    Lundi, vers 19H00 locales, le courant s’était brutalement interrompu dans une partie des installations de Fukushima Daiichi, stoppant les dispositifs de refroidissement des piscines de désactivation des réacteurs 1, 3 et 4, et d’un bassin commun, dans lesquels sont immergés des milliers d’assemblages de combustible usé.

    Les équipements en question se trouvent dans un camion garé au pied des bâtiments. En sortent des câbles destinés à l’alimentation des systèmes de refroidissement, selon les photos publiées par Tepco.

    La compagnie avait précisé que la panne provenait de plusieurs tableaux de distribution électrique.

    Le rétablissement s’est fait progressivement, et a été achevé à la première heure du matin, mercredi.

    Cette panne, sans doute la plus grave depuis que la centrale a été déclarée en état stable dit « d’arrêt à froid » mi-décembre 2011, a révélé la précarité des dispositifs actuellement en place dans ce complexe atomique mis en péril par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.

    Bien qu’ayant une fois de plus fortement été critiquée pour avoir mis trois heures à faire état publiquement de cette panne, la compagnie Tepco s’est montrée très rassurante, assurant notamment qu’il aurait fallu plusieurs jours avant que la température de la piscine n’atteigne un niveau susceptible d’inquiéter.

    AFP

  2. admin dit :

    Merci cox89 pour ces précisions, et n’hésitez pas à me contacter à nouveau lorsque vous avez des infos
    Je ne manquerai pas de les faire « rebondir »

    Cordialement

    Admin

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