Japon 2013 – Après le déluge/39

Mardi 26 février:

Fukushima : l’irradiation de Futaba aurait en fait débuté plusieurs heures avant la première « dépressurisation »

D’après le Mainichi du 22 février, les premières bouffées de radiations ionisantes provenant des installations de Fukushima-Daiichi auraient été détectées à Futaba dès le 12 mars 2011 vers 6 heures du matin alors que la première tentative de purge du confinement de l’unité n°. 1 n’a été officiellement effectuée qu’environ 4 heures plus tard, le 12 mars vers 10h du matin.

(1) Zonage approximatif de 10 km décrété le 12 mars 2011 à 0544

Yamada et Kamihatori sont deux quartiers (districts) de la petite ville de Futaba qui regroupait 7500 habitants et se situait à environ 6 km à l’Ouest du site de Fukushima-Daiichi. Selon la chronologie officielle établie par la commission d’enquête parlementaire Japonaise, les populations habitant ces quartiers auraient reçu des consignes hâtives et incomplètes suite à l’établissement du zonage de 10 km décrété le 12 mars à 0544 mais dont les opérations n’ont débuté en réalité – pour des raisons de désorganisation totale – que le même jour à partir de 0800, pour se prolonger durant plusieurs heures.

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(2) Panique et désorganisation dans l’évacuation du zonage “10 km” initié le 12 mars 2011 à 0544

A Futaba, quelques heures d’irradiation et de contamination supplémentaires qui comptent

Donc, selon la station de mesure de radioactivité située à Yamada, le débit de dose ambiante aurait commencé à s’élever dans la matinée du 12 mars pour atteindre 32.5 µSv/h vers 10h du matin ; le bruit de fond habituel de la station de Yamada étant estimé à 0.045 µSv/h   l’augmentation du débit de dose ambiante peut donc être fixé à la même valeur de 32.5 µSv/h à 10h du matin, soit une multiplication par un facteur de 720 de la “radioactivité habituelle”.

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(3) Le débit de dose mesuré à l’Ouest du site le 12 mars 2011, notez le pic de 500 µSv/h à 10h30 JST
Le même jour à 15h, soit 30 minutes après la quatrième tentative de dégazage du confinement de l’unité n°. 1 qui est, toujours d’après la chronologie du rapport gouvernemental indépendant la première couronnée de succès, et 30 minutes environ avant la première explosion, le débit de dose atteignait près de 1.6 mSv/h à la station de Kamihatori situé un peu plus au Nord.

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Ayant une petite expérience des calculs de retombées atmosphériques, il nous est particulièrement difficile de valider le fait que le débit de dose induit par les éléments les plus volatils (iodes, gaz nobles…) puisse être multiplié par 32.000 en 30 minutes sur une distance de 6 km avec un vent soufflant manifestement ce jour-là dans la direction opposée.

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Estimation sur la base d’une dose d’exposition pondérée de 100 µSv/h

Les populations exposées à une irradiation de 100 µSv/h atteindront la limite de dose annuelle d’exposition pour la population en une dizaine d’heures environ ; sur le plan de la contamination interne, le tableau est nettement plus inquiétant car les premières heures après l’exposition sont celles qui mettent en contact les populations proches exposées aux retombées avec le redoutable Iode-131 ; voici pourquoi il est impératif d’évacuer vite et bien, un pari qui n’a hélas jamais été remporté au cours d’aucune des catastrophes majeures précédentes et qui ne le sera, sauf miracle, pas plus au cours de la suivante.

Une réponse “honteuse” des autorités locales

Selon M. Reiko Hachisuka, membre de la commission d’enquête gouvernementale représentant les habitants de la préfecture de Fukushima, la réponse des autorités locales dans la gestion de cette alerte nucléaire a été “inavouable”. En prolongeant un peu ce raisonnement, il n’est pas interdit d’estimer que la totalité de la gestion de la crise nucléaire s’est en fait située à ce niveau et que ce n’est pas parce que chacun partage une part de responsabilité dans cette lamentable affaire que chacun est dédouané de toute responsabilité ; diluer les responsabilités pour mieux s’en affranchir, voila bien une des tares de nos sociétés dites civilisées que le Japon médiéval, malgré tout ce que l’on peut lui reprocher, ne connaissait pas.

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Sources :

Fukushima radiation spread to residential areas hours before venting – mainichi, 22213

Measurement of soil contamination by radionuclides due to the Fukushima Dai-ichi Nuclear Power Plant accident and associated estimated cumulative external dose estimation – JOER, 912

Rapport officiel de la commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima (résumé en français) – blogdefukushima, 111112


Lire également :

Le combat de Mr. Idogawa, maire de Futaba – kna, 21213

Le temps semble terriblement long dans le dernier centre d’évacuation Japonais – gen4, 12412

Fukushima – Deux japonais viennent témoigner à Gèneve – independantwho, 71112

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