L’Isle le 15 décembre:
Fukushima : 1300 m3 deau contaminée auraient disparu de lunité n°. 2 en 7 jours
Un bâtiment-réacteur BWR du type de ceux de Fukushima-Daiichi se compose de deux confinements : le confinement « primaire » qui se compose du Drywell et du tore de suppression ou Wetwell et le confinement dit « secondaire » qui est simplement constitué des cloisons du bâtiment lui-même (murs, toit, plancher).
Nous savions depuis longtemps que le confinement primaire n°. 2 de Fukushima-Daiichi était « déconfin頻
Ce fait était devenu évident dès les premiers jours suivant le 11 mars 2011 : leau « injectée » dans lex-réacteur n°. 2 se retrouvait plus ou moins rapidement inondant la salle du tore ; cette eau ne pouvait donc que traverser très rapidement le confinement primaire qui était forcément ouvert à un ou plusieurs endroits.
Il faut rappeler que le tore de suppression fait partie intégrante du confinement primaire au point que le moindre incident touchant cet anneau géant est qualifié dincident LOCI [LOCI : Loss Of Containement Integrity].
Le Tore de suppression, reconnu dès 1972 comme le talon dAchille des réacteurs à eau bouillante
Il faut également rappeler que les premières chambres de suppression réalisés par General Electric (Mark 1) dans les années 1970-1980 ont été rapidement critiquées pour leur faiblesse relative par rapport aux autres éléments du confinement « sec ».
Dès le début des années 1970, des officiels de lAEC (la future NRC américaine) recommandaient de « décourager » lutilisation danneau de suppression dans les réacteurs à eau bouillante. Lautorité de contrôle nucléaire américaine connaissait et reconnaissait donc dès 1972 les dangers de ce type de mécanisme et avaient envisagé un moment de linterdire purement et simplement dans un délai de deux années.
La réaction du patron de lAEC : vous avez raison mais cette raison risque de saborder General Electric !
Quelques jours après le mémo publié ci-dessus, le patron de lAEC, Joseph M. Hendrie, reconnaissait que lanalyse de la faiblesse de la chambre de suppression était « pertinente » mais recommandait de ne pas rendre de décision contraignante dans ce domaine précis car cette opération aurait fort bien pu signifier à ce moment « la mort de lindustrie électronucléaire » [américaine].
Autant pour les unités n°. 2 et 3 de Fukushima-Daiichi qui ont été mises en service après cette date avec un confinement humide que lon savait pertinemment fragile et mal conçu !
Revenons à nos eaux perdues
Attendu que nous savons que le confinement principal est percé, quel est le seul élément qui évite à leau radioactive de se retrouver « dans la nature » ? Le confinement secondaire cest à dire le plancher de la salle du tore dont lépaisseur représente moins dun mètre de béton armé « lourd », si le schéma ci-dessous (fourni par Tepco) est à léchelle.
Un bien étrange document Tepco datant du 121212
Dans ce document daté du 121212 et publié le lendemain, Tepco informe la NISA/NRA de manière hebdomadaire des quantités deau présentes dans les sous-sols des différentes unités de Fukushima-Daiichi ainsi que dans lensemble du site. On y apprend par exemple quau 11 décembre, plus de 280.000 tonnes deau contaminée étaient stockées .


A la date du 18 décembre 20122 Pardon ?
Dans la seconde partie de ce même document (ATT-2), lon peut trouver un tableau bizarre qui évoque des quantités deau radioactive à la date du 18 décembre 20122 (sic).

Non sans surprise, nous pouvons constater que lopérateur « annonce » une baisse de 1300 m3 au niveau de lunité n°. 2 qui passe(rait) ainsi de 22.900 à 21.600 m3 et dun niveau OP. 3180 à un niveau OP. 2996 alors que le volume « stock頻 dans lunité n°. 1 nest pas modifié.
Problème : les sous-sols des unités n°. 1 et 2 sont communicants
Il faut savoir que les « tranchées » des unités de Fukushima-Daiichi sont combinées par binômes : 1-2, 3-4, 5-6 et que les sous-sols des binômes (1-2) communiquent par lintermédiaire du bâtiment-turbine (3) commun.

Hypothèse : une fissure importante dans le confinement secondaire de lunité n°. 2 ?
Nous nous étonnions fortement hier que le robot Toshiba ait été expédié apparemment de manière totalement inopinée au niveau de la salle du tore de lunité n°. 2, ce qui a dailleurs valu quelques surprises mécaniques au niveau dune opération qui nétait manifestement pas préparée.
Le cafouillage de Tepco dans le communiqué du 121212 pourrait ainsi nous laisser penser quun nouvel incident se produit en ce moment au niveau du sous-sol du bâtiment n°. 2 dont létanchéité déjà très relative pourrait diminuer de manière importante, permettant ainsi à son niveau de baisser dune manière qui nest évidemment pas rassurante sur le plan de la biosphère environnante.
Sources :Situation of Storage and Treatment of Accumulated Water including Highly Concentrated
Radioactive Materials at Fukushima Daiichi Nuclear Power Station (77 th Release)
Tepco, 121212
Hazards of Boiling Water Reactors, NIRS, mars 2011

