L’Isle le 20 novembre:
Fukushima sur France
De rares médias restent encore attentifs à la situation, pourtant tragique, qui se joue en ce moment au Japon, mais en France, nous sommes loin dêtre à labri d’une catastrophe sil faut en croire la multiplicité des « incidents » qui sy sont déroulés ces derniers jours.
Pas rassurant.

Le 30 octobre 2012 lASN (autorité de sureté nucléaire), a signé, sous la plume de Marie-Pierre Comets, Jean-Jacques Dumont, et Philippe Jamet, une série darticles enjoignant fermement la FBFC (société franco-belge deRomans-sur-Isère de fabrication de combustibles nucléaires) de fournir avant le 30 novembre toutes les garanties afin que les « incidents » des 18, 26, et 27 septembre 2012 ne se reproduisent pas.
Incidents dont la presse ne sest pas fait un large écho, le moins quon puisse dire.
Le rapport déclare pourtant : « considérant que les évènements significatifs déclarés et leurs conséquences potentielles représentent une menace grave pour les intérêts mentionnés à larticle L 593-1 du code de lenvironnement
».
Cet incident classé dabord 1 sur léchelle INES a finalement était reclassé au niveau 2 par lASN laquelle a considéré que vu le nombre de « bouteillons » concernés par lévènement, il y avait un risque de criticité. lien
Ces bouteillons permettent de transférer les matières fissiles dun atelier à un autre et celles-ci peuvent se présenter sous forme sèches ou humides, et il semble quil y ait eu des « disfonctionnements »
Quelques jours avant, dans la centrale nucléaire du Tricastin, une vanne disolement de lenceinte du réacteur n°1, essentielle pour éviter la dissémination de la contamination radioactive, sétait mal fermée. lien
Quittons le Sud pour Flamanville où EDF à signalé le 24 octobre 2012 à23h00 un « incident » : un organe de contrôle de type indicateur visuel de circulation du fluide se rompt, entrainant une fuite, obligeant lexploitant à procéder à « larrêt à froid du réacteur afin de permettre une baisse en pression et température de leau du circuit primaire ».
La fuite na été arrêtée que le lendemain à 5 heures du matin. lien
5 jours après, cest la centrale nucléaire de Cruas Meysse qui a connu quelques problèmes suite à « une gestion inappropriée de 2 vannes permettant le refroidissement du réacteur N°2 ». lien
Cet « incident » faisait suite à une série de « 7 évènements significatifs » qui se sont produits au mois de mai et juin 2012.
Le 6 novembre 2012, cette centrale connaissait un nouvel « incident ».
En effet, ce jour là, à 8h10, un dégagement impromptu de vapeur potentiellement radioactive, a provoqué lévacuation de toute urgence de 27 personnes travaillant sur le site, et si la direction assure quil ny a pas eu « de blessés ou de rejets dans lenvironnement », il vaut mieux attendre lexpertise prévue pour déterminer la cause de ce nouvel incident et ses conséquences éventuelles. lien
Rendons nous maintenant à La Hague où, outre les 230 millions de litresdeffluents radioactifs (entre autres du tritium) rejetés annuellement dans la Manche, (lien) des centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs sont entreposés en attente dhypothétiques solutions. lien
Le 11 octobre 2012, 2 vannes ne sétant pas complètement fermées ont provoqué un rejet en mer deffluents radioactifs illégal et encadré juridiquement par larticle n°23.
Le 19 octobre 2012, allons dans lAin, à la centrale nucléaire de Bugey, où le système de ventilation a connu quelques problèmes.
Un système de filtration permet de limiter les rejets radioactifs dans lenvironnement, or le 17 octobre, le transformateur du réacteur n°5 est tombé en panne, provocant larrêt des ventilateurs, un dépassement des rejets dans lenvironnement, lesquels devaient respecter les 180 000 m3/h, et ce nest quau bout de près de 2 heures que la situation a pu être enfin normalisée, alors que le délai légal ne doit pas dépasser les 60 minutes.lien
10 jours auparavant, la même centrale avait connu un problème de baisse de température sur le circuit primaire du réacteur n°4, incident classé 1sur léchelle INES.
Tout près de là, dans la centrale de St Alban, la salle de commande duréacteur N°2 a connu aussi, le 7 octobre 2012, un souci de ventilation.
Un graissage excessif a rendu inopérants le système de ventilation et de filtration diode qui permet de protéger le personnel du bâtiment en cas daccident, mais ce nest quau bout de 7 jours que lexploitant a découvert la panne. lien
Restons dans cette centrale où le 10 octobre, lexploitant a signalé à lASN une panne concernant le système destiné à mesurer déventuelles fuites entre la partie primaire et secondaire des générateurs de vapeur.
Entre le 22 et le 26 septembre 2012, plusieurs alarmes signalant des fuites se sont déclenchées, et ce nest quau bout de plusieurs jours que lexploitant a réalisé quil sagissait en fait de panne des appareils de détection, mais quil ny avait pas de fuite. lien
Voila qui nous rappelle de bien mauvais souvenirs, à Malville, le mal nommé « Superphénix », puisque cest exactement le contraire qui sétait passé : pendant 1 mois, ne croyant pas à la réalité dune fuite de sodium pourtant signalée par les appareils de détection, les techniciens ont cherché en vain une explication ailleurs, croyant à une défaillance du système électrique pour réaliser enfin, au bout de 30 jours que 500 litres de sodium liquide fuyaient chaque jour dans lespace intercuve.
Lorsque lon sait que ce sodium liquide senflamme spontanément au contact de lair, explose au contact de leau, et que lon ne sait quasi pas éteindre un feu de plus dune tonne de sodium, (lien) il y avait de quoi rétrospectivement sinquiéter
.dautant quil y avait dans les circuits de refroidissement de Superphénix près de 5500 tonnes de sodium liquide.
Laddition fut lourde : 10 milliards deuros. lien
Mais revenons à nos « incidents » qui comme chacun le sait, nont pas eu de « conséquences sur le personnel des centrales mentionnées, ou sur lenvironnement » aux dires de lASN, pour nous rendre de nouveau àBugey.
On vient dy faire une découverte étrange.
La nappe phréatique analysée révèle des taux de tritium 25 fois plus élevée que la norme.
Habituellement, le taux de tritium analysé dans lun des puits situé entre les réacteurs N°2 et N°3 et le Rhône avoisine 8 Bq au litre et les prélèvements faits dans le courant du mois doctobre ont révélé un taux atteignant 200 Bq/l.
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Logiquement, au-delà de 100 Bq/litre, lexploitant doit rechercher sil ny a pas dautres radionucléides, mais pour linstant on est sans nouvelles déventuelles investigations supplémentaires.
Le communiqué officiel émanant « dénergie.edf.com » a naturellement publié lhabituel commentaire : « cette présence de tritium (
) ne présente pas dimpact significatif pour lenvironnement ».
LASN a demandé à lexploitant de « déterminer lorigine de ce niveau de tritium et de prendre les mesures nécessaires ». lien
Mais que sont ces « mesures nécessaires » ?
Lexploitant va-t-il tenter la mission impossible de vider la nappe phréatique, afin de filtrer la radioactivité avec les techniques qui ont montré « leur efficacit頻 à Fukushima
.avant de remettre leau « nettoyée » dans la nappe ?
On se souvient en effet que linstallation quAreva avait proposée à Tepco a été largement défaillante, et on sait maintenant que toute cette eau polluée est stockée dans des milliers de containers en attente de solution, quand elle ne part pas directement dans lOcéan. lien
En France, le débat sur lénergie semble avoir du plomb dans laile, puisque Greenpeace, par la voix de Jean-François Julliard, ne souhaite pas y participer expliquant : « nous navons plus confiance dans ce débat et dans la réelle volonté du gouvernement de réussir la transition énergétique ». lien
Il vient dêtre suivi par « les amis de la terre » (lien) lesquels napprécie que modérément que dans les 5 membres du comité de pilotage, figurent2 des principaux promoteurs du nucléaire en France et dans leMonde dont Anne Lauvergeon, ex patronne dAreva, qui vient de se voir attribué le prix Pinocchio. lien
Pascal Colombani, ancien administrateur du CEA (commissariat à lénergie atomique) fait aussi parti de ce comité.
Du coup, le gouvernement envisage de revoir sa copie. lien
Et puis, après la déclaration fracassante de Montebourg sur « lavenir nucléaire », on ne sent plus une réelle volonté de sortie du nucléaire enFrance, et François Hollande lors de sa conférence de presse tenue par le13 novembre 2012 na pas marqué de changement notable sur la question comme la remarqué Martine Billard, la coprésidente du Parti de Gauche. lien
Personne ne semble avoir encore retenu les leçons de Tchernobyl ou deFukushima
En tout cas, du coté de Bugey, des militants occupent régulièrement depuis des mois des rond points à Ambérieu en Bugey puisquavec le nucléaire on tourne en rond : pour se joindre à laction, il suffit daller sur celien
Comme dit souvent mon vieil ami africain : « quant la tête est là, le genou ne porte pas le chapeau ».
Limage illustrant larticle provient de « éclaircie.canalblog.com »