Tokyo le 31 octobre: Le passage de l’ouragan « Sandy » laisse sur son passage des dégâts importants aux centrales nucléaires américaines.
USA : le point sur la situation électronucléaire après le passage de louragan Sandy
Défauts signalés dans la région I NRC
(Note préliminaire : cet article est un condensé dun billet disparu précocement dans les méandres dun ordinateur capricieux, RIP)
Plusieurs centrales nucléaires ont été affectées par le passage de louragan Sandy qui a frappé cette nuit la côte Est des USA
Lincident le plus grave a touché le vétéran des réacteurs Nord-américains situé à la centrale dOyster Creek dans le New Jersey. Plusieurs événements ont amené lopérateur Exelon à déclarer un premier incident hier vers 1900 EDT avant de réviser vers 2045 EDT la gravité de lincident au niveau 2 (alerte) de léchelle dalerte nucléaire américaine qui en compte 4.
La montée des eaux semble avoir créé des problèmes au niveau de la prise dalimentation en eau de la centrale, doù la situation critique. Lopérateur aurait en outre fait face à la perte du réseau électrique extérieur qui aurait été heureusement compensé rapidement par le démarrage normal des 2 groupes auxiliaires diésel.
Il semble que le réacteur, du même type que lunité n°. 1 de Fukushima-Daiichi, était en procédure de rechargement lors de lincident ; malgré tout, daprès le bulletin de la NRC, le combustible était toujours présent au niveau du cur car ce dernier nécessitait toujours un refroidissement (Shutdown cooling).
Plusieurs autres unités électronucléaires plus ou moins affectées par le passage de Sandy
– Les unités n°. 1 de Nine Mile Point, 1 de Salem et 3 dIndian Point ont du être placées en arrêt durgence automatisé ou manuel suite à des problèmes de prise deau obturée ou de trip turbine (incident sur le générateur principal induisant un arrêt durgence du réacteur) ; au cours de ce même incident, il faut noter que les 2 groupes auxiliaires diesel nont pas démarré alors que par chance le réseau électrique principal était resté disponible.
– Les unités n°. 1 et 2 de Limerick, 3 de Millstone et 1 de Vermont Yankeeont dû réduire leur production électrique afin de sadapter aux conditions exceptionnelles induites par louragan
La roulette électronucléaire
Les USA ont eu de la chance : il aurait suffi que les groupes électrogènes qui nont pas démarré à Indian Point se soient situés à Oyster Creek et ce dernier site se retrouvait dans une situation de Blackout Station strictement similaire à celle de Fukushima-Daiichi, les alimentations électriques principale et auxiliaire devenant indisponibles pour une période indéterminée.
Une réglementation à revoir ?
Ces événements font froid dans le dos : pourquoi les opérateurs sont-ils autorisés à poursuivre la production électronucléaire à pleine puissance alors que les autorités clament par ailleurs que la situation induite par louragan approchant pourrait savérer « très préoccupante » dans une zone bien définie à lavance ?
Pourquoi les génératrices auxiliaires ne sont-elles pas activées en permanence lors des mêmes événements, procédure simple permettant ainsi de saffranchir intégralement dun vulgaire défaut de démarrage ? Il suffirait de forcer la main à lopérateur : pas de générateurs auxiliaires en service dans un cadre météorologique aussi exceptionnel = arrêt durgence immédiat des unités concernées.
Cette situation est le comble de lhypocrisie car les autorités comme lopérateur savent parfaitement que le réseau va subir de grosses contraintes entraînant de toute façon, dans la plupart des cas, larrêt durgence manuel ou automatisé des unités de production.
Dinondations en ouragans, la crainte dévénements cumulatifs ?
La réponse pourrait tenir dans le désir des autorités et des opérateurs de poursuivre coûte que coûte une production électronucléaire chaque minute darrêt dun réacteur coutant très cher – quitte à prendre quelques risques que les populations locales ne sont probablement pas prêtes à accepter aussi facilement, si elles avaient leur mot à dire !
Les mêmes « responsables » en profitent peut-être pour tester la résistance déquipements nucléaires vieillissants face à des situations météorologiques extrêmes mais, il faut bien le constater, se présentant de plus en plus fréquemment, doù lassouplissement certain de règles de sécurité en situation exceptionnelle pourtant parfaitement évidentes ?
Pas daccident sans incident initial !
En se basant sur le fait que tous les accidents majeurs ont débuté par une série cumulative dincidents (souvent additionnées derreurs humaines plus ou moins impardonnables), il est facile de déduire arithmétiquement que tous les X incidents, un accident majeur se produira et que ne pas chercher à limiter par une réelle culture de sécurité nucléaire les incidents ou les arrêts durgence cest tordre le bras à la « géométrie accidentelle » au-delà des limites du raisonnable.
Les statistiques existent probablement : les arrêts durgence étant des procédures lourdes et pas anodines pour un Becquerel, lensemble du village nucléaire sait pertinemment que, statistiquement, une complication de SCRAM se présentera un jour ou lautre ; lindifférence quils affectent de maintenir envers et contre tout retombera certainement un jour où lautre sur leur pseudo-sérénité !
Tout mécanisme, si bien conçu soit-il, peut et doit en effet présenter une jour une défaillance et ce, dautant plus rapidement que la machinerie est complexe et quelle est fréquemment sollicitée. Et si, un jour, la procédure darrêt durgence échouait, les barres de contrôle refusant par exemple de sintroduire dans un réacteur en surchauffe ? MM. les responsables de tout cette pagaille à venir seront-ils ceux qui auront le courage daller observer le monstre dans les yeux, comme lors de « linavouable » accident nucléaire de Sellafield ?
