L’Isle le 3 octobre:
Fuskushima : corium ou poudre noire, choisissez votre poison !
Peut-être nen avons-nous pas assez parlé : une association de vétérans du nucléaire souhaite travailler depuis 14 mois sur limmense chantier de Fukushima-Daiichi. M. Yamada a en effet sollicité dès le mois daoût 2011 auprès de lopérateur Tepco lautorisation dintervenir avec ses collègues retraités de lindustrie électronucléaire ; cette demande visait principalement à ménager lexposition des travailleurs plus jeunes, forcément plus sensibles aux dégâts créés par les irradiations répétées (1). Lensemble des interventions se déroulent en effet à Fukushima au niveau dun chantier qui nest somme toute quune immense source radioactive qui rayonnera pour une très, très longue durée.
Tepco refuse fermement lassistance de ces vétérans du nucléaire
Les 700 volontaires de SVF sont pour la plupart danciens travailleurs du nucléaire, certains ont même passé une partie de leur carrière dans la centrale même de Fukushima-Daiichi ; et pourtant lopérateur refuse depuis plus dun an de leur accorder le « droit » de remplacer ou même dassister les travailleurs employés actuellement sur limmense chantier de décontamination qui se prolongera probablement sur des décennies.
M. Yamada estime quune partie du combustible aurait pu se disperser largement sous forme de poudre, ce qui serait une catastrophe dans la catastrophe
Cest un fait peu connu : laccident de Three Mile Island a vu environ la moitié du combustible endommagé dont une partie (environ 35%) a été retrouvée sous une forme poudreuse qui sest incorporée dans leau du circuit primaire du réacteur (2) tandis quenviron 20% létait sous forme semi-liquide (le corium) qui sest déposée dans le fond de la cuve sans la percer (3).

Du fait que les confinements des unités sont très probablement endommagés à Fukushima-Daiichi, et à condition quune partie du combustible se soit retrouvé sous forme poudreuse comme à Three Mile Island, M. Yamada estime que, fort logiquement, une partie de cette poudre pourrait avoir été dispersée dans latmosphère sous forme de particules fines et / ou entrainé dans lenvironnement aquatique par lintermédiaire des nombreuses fuites recensées depuis le début de la catastrophe.
Un travail rendu impossible et un avenir incertain
Si cette hypothèse savérait exacte, M. Yamada affirme que le travail de décontamination sur le site savérerait alors « impossible » et que lavenir du chantier de décontamination serait plus quincertain.
A Three Mile Island, le combustible endommagé a pu être récupéré 6 années après laccident car il était contenu dune part dans le circuit primaire et dautre part dans le fond de la cuve sous la forme du corium solidifié, deux enceintes qui sont restées relativement étanches donc aux dimensions définies.
Interaction corium-béton dans le confinement de Fukushima-Daiichi (Tepco)
A Fukushima-Daiichi, si cette poudre fine sest dispersée, il savérera pratiquement impossible de la récupérer ; la dispersion sous forme particulaire du carburant endommagé serait véritablement une catastrophe dans la catastrophe car cette poudre pourrait non seulement se disperser bien plus loin que ce qui était estimé avant cet accident mais également distribuer très largement des émetteurs Alpha sous une forme assimilable, ces radioéléments étant les plus radio-toxiques de tous (4) une fois quils se retrouvent incorporés dans le corps humain.
La poudre noire retrouvée un peu partout au Japon serait-elle celle tant redoutée par M. Yamada ?
Nous avons parlé depuis longtemps de cette curieuse poudre noire émettant de la radioactivité Alpha et qui a été retrouvée éparpillée un peu partout autour du site accidenté et même parfois bien plus loin. Pourrait-il y avoir un rapprochement à faire entre les craintes de M. Yamada et les constatations (non-officielles pour la plupart) faites par des équipes privées sur le terrain ?
Si cest bien le cas, les conclusions évoquées par M. Yamada au niveau de limpossibilité éventuelle de la décontamination du site de Fukushima-Daiichi et de son avenir plus quincertain pourraient se retrouvées transposées à une échelle bien plus large
(1) Les dégâts dune exposition à une source radioactive modérée à moyenne ne sont pas immédiats mais tendent à se développer plusieurs années voire plusieurs décennies après lirradiation ; les personnes jeunes sont donc mathématiquement et statistiquement plus exposées à une morbidité radio-induite car il leur reste proportionnellement plus dannées à vivre et leurs cellules beaucoup plus de divisions à accomplir (et donc dopportunités de carcinogenèse dans le cas des morbidités cancéreuses)
(2) cf. Shipping fuel from TMI, GAO, p.14
(3) A TMI, lunique cuve réacteur du REP de 900 MWe a conservé miraculeusement et contrairement aux unités 1 à 3 de Fukushima-Daiichi son intégrité, ce qui a permis de contenir le corium dans le confinement
(4) Les Actinides sont majoritairement émetteurs Alpha, les produits de fission (Césiums) majoritairement Bêta et les éléments radioactifs recherchés par les autorités Japonaises majoritairement Gamma !
Sources :
Interview with M. Yastel Yamada, youtube, 27/9 (anglais)
Yastel Yamada & Skilled Veterans for Fukushima part I / part II (audio, 20min + 30 min, anglais)
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