L’Isle le 17 avril: Une population partagée entre un arrêt total d’exploitation et un reforment des garanties au sujet des dites centrales nucléaires japonaises
Centrales nucléaires à l’arrêt, pourquoi les redémarrer ?
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Les défenseurs du nucléaire se font rares au Japon. La population se divise entre ceux qui veulent « plus de garanties » avant les remises en route et ceux qui plaident pour l’arrêt définitif des centrales du pays. Le gouvernement peine à justifier la reprise.

La centrale d’Oi, dans la préfecture de Fukui
Le 6 mai, il n’y aura plus aucun réacteur nucléaire en activité au Japon. Et pourtant, pour Yukio Edano le ministre de l’industrie, qui a confirmé l’information ce dimanche, ce n’est pas faute d’essayer de les remettre en route.
Après avoir pendant plusieurs mois montré son engagement pour un accroissement de la sécurité dans les installations nucléaires, la volonté du gouvernement de redémarrer certaines des centrales s’est faite plus pressante ces dernières semaines. Avec comme objectif affiché d’éviter les carence en énérgie pour le deuxième été consécutif.
L’annonce, vendredi 13 avril, du feu vert gouvernemental pour le redémarrage de deux réacteurs de la centrale d’Oi, s’est faite avec précaution : «La réactivation se fera une fois que nous aurons obtenu la compréhension des citoyens, à commencer par la population riveraine.» , a expliqué M. Edano.
Ce qui pourrait être une formule politicienne révèle en fait une difficulté majeur du gouvernement qui doit désormais composer avec une population sceptique vis-à-vis de l’atome.
Contrôle prolongé
Les unités 3 et 4 de la centrale d’Oi (ou Ohi) située à proximité de la ville de Kyoto et exploitée par la la Kansai Electric Power ont été mises à l’arrêt en juillet dernier pour un entretien de routine. Elles ont depuis été soumises à de nouveaux de test de résistance et n’ont toujours pas repris leur activité, comme 53 des 54 réacteurs du pays.
« Il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement a tellement hâte de redémarrer les réacteurs », écrit le très influent Mainichi Shinbum ce week-end, en réaction à l’annonce. Les médias se montrent de plus en plus critiques sur la politique énergétique du gouvernement.
Le premier ministre démocrate Yoshihiko Noda avait promis d’entamer la dénucléarisation du pays lors de son arrivée au pouvoir, en septembre 2011. Il parle depuis de sortie du nucléaire « dans les limites du possible » et ses lieutenants ne cachent guère leur empressement de revoir certaines centrales remises en route.
Les médias donnent désormais la parole aux mouvements anti-nucléaire, considérés comme marginaux avant le 11 mars 2011. Et les éditos se font plus frequemment engagés sur la question de l’atome, « admiré comme une merveille de la modernité, comme l’était le Titanic en son temps », lit-on dans le Japan Times.
Nucléaire en perte dénergie
Malgré les efforts de communication pour redorer le blason d’une industrie honni depuis la catastrophe de Fukushima et assurer que les systèmes de préventions seraient à l’avenir plus efficaces, les plans de Tokyo bute sur une grogne populaire.
Alors que le taux d’utilisation des centrales a été de seulement 23% les douze derniers mois et pas plus de 1,9% en mars, le Nippons commencent à se dire que vivre sans nucléaire n’est pas un pari impossible. 80% des Japonais se disent prêt à abandonner définitivement cette énergie, seulement 16% n’envisagent pas cette possibilité.
La majorité n’est pas acquise au mouvement anti-nucléaire mais s’accorde à penser que l’industrie doit apporter les garanties nécessaires de la sécurité de ses centrales. Impossible, pour les militants, pour qui le risque inhérent à cette énergie est décuplé au Japon. Adapter les normes à la dernière catastrophe ne protège pas de la suivante, explique-t-on, surtout dans cette terre sismique aux densités de population fortes.
Multiplication des fronts
Pour le gouvernement la lutte doit surtout être menée avec les autorités locales, dépositaires d’un pouvoir important de décision en matière énergétique. Et s’il paraît facile de convaincre les préfectures abritant les centrales, concernées par les problématiques d’emploi, ce sont désormais les localités plus éloignées qui mènent la fronde.
Dans la préfecture de Shiba, aucun et réacteur et pourtant des opposants à la remise en route de ceux de la préfecture voisine de Fukui, qui n’en compte pas moins de 13, explique Reuters.
Les habitants et leurs élus craignent pour les réserves d’eau douce importante de la zone notamment le lac Biwa après avoir constaté l’étendue et l’irréversibilité des dégâts à Fukushima. Les habitants de Shiba partagent le risque mais pas les fruits, explique la gouverneur de la préfecture, Yukiko Kada : « personne ne peut dire oui avant d’être complètement certain de la fiabilité des centrales », assène-t-elle.
Le nucléaire pourrait devenir un sujet politique majeur au Japon lors de futures échéances électorales. L’inconstance de Yoshihiko Noda sur cette thématique rend son avenir à la tête du gouvernement incertain. Alors que les candidats à la succession se positionnent, il y a fort à parier qu’il devront présenter un discours novateur sur la question du nucléaire pour être reconnus par l’opinion.
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