Japon 2012 – Après le déluge/71

L’Isle le 12 mars: Cérémonies au Japon et dans le Monde pour le premier anniversaire de la double catastrophe du 11 mars 2011

11 mars : Le Japon se receuille, le monde manifeste

Claude Lely (Aujourd’hui le Japon).

Alors que des cérémonies étaient organisées partout au Japon ce dimanche 11 mars, des milliers de personnes à travers le monde ont apporté leur soutien aux efforts de reconstruction ou manifesté contre le nucléaire.

Cérémonie à Ishonomaki, province de Fukushima

Le Japon s’est souvenu et s’est receuilli ce dimanche 11 mars. Un an après le séisme et le tsunami qui ont ravagé ses côtes Nord-Ouest, le pays tout entier a rendu hommages aux 19 000 morts et disparus, mais aussi aux centaines de milliers deNippons dont la vie a été bouleversée par la catastrophe.

A 14h46, l’Archipel s’est figée : les magasins ont fermés, des sirènes retenti, les trains se sont arrêtés… même la Tokyo Tower, tour emblématique de la capitale, s’est mise à l’heure du recueillement en affichant des messages de soutien aux victimes.

C’est vers le Théâtre Nationale de Tokyo qu’étaient alors tournées toutes les caméras : l’empereur Akihito et l’impératrice Michiko se sont recueilli devant un mémorial aux victimes, en compagnie de nombreux officiels et dignitaires étrangers.

 » Il est important de garder en mémoire le grand tremblement de terre et de transmettre ces souvenirs à nos descendants afin de nous tenir davantage prêts à faire face aux catastrophes naturelles et de construire un pays plus sûr « , a ensuite déclaré l’empereur. Akihito, 82 ans, a subi une opération du coeur il y a seulement quelque jours, et avait prévenu ses médecins qu’il assisterait aux cérémonies du souvenir du 11 mars quelque soit son état.

Le premier ministre Yoshihiko Noda, présent aux côtés de l’empereur a lui aussi fait part de son “profond chagrin”, avant de s’engager à une “reconstruction sans délai”, qui “tirerait les leçons de la catastrophe”,

Autres images très diffusées sur les télévision japonaises, celle du président Obama qui a adressé un message de soutien au Japon depuis Washigton. «  Nous continuons à être inspiré par le peuple japonais, qui a affronté une perte inimaginable avec une bravoure extraordinaire”, a-t-il déclaré, avant d’appeler la communauté internationale à continuer à assister la reconstruction.

Cérémonies à la bougie

340 000 personnes vivant dans des abris temporaires, 3200 corps toujours portés disparus, le Japon est loin d’être remis de ses blessures, et l’émotion a été grande partout dans le pays. 

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à Rikuzentakata

Prières silencieuses et bougies aux familles des victimes à Ishinomaki, Chrysanthèmes aux disparus à Ofunato , rassemblement autour du désormais célèbre pin de Rikuzentakata, lâcher de ballon à Kamaishi ou lanternes flottantes à Iwate… les villes touchées ont célébré leur morts avec des cérémonies souvent intimistes.

Les participants confient leur chagrin mais aussi leur crainte face à l’avenir alors que seulement 20% des entreprises des zones touchées ont réouvert, pas plus de 5% des débris ont été traités et évacués, et que les fonds manque pour assurer une reconstruction rapide dans les villes de pêche de la côte. 

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à Iwate

« No more Fukushima »

Mais le journée a surtout été marquée par une mobilisation internationale contre le nucléaire, à l’occasion de l’autre anniversaire, celui de la catastrophe de Fukushima.

La centrale gérée par Tepco a été à l’origine du pire accident nucléaire depuis Tchernobyl, dont les conséquences sont encore très dures à évaluer. Entre 90 000 et 100 000 personnes ont été contraint d’abandonner leurs habitations, et beaucoup n’ont pas pu revenir, par peut des radiation ou par interdiction des autorités.

Plusieurs cérémonies en combinaison anti-radiation ont été tenus et notamment à Nami, dans la fameuse “zone interdite”, un périmètre de 20 km autour de la centrale.

Le président de Tepco, Toshio Nishizawa, a renouvellé ses excuses depuis la centrale de Fukushima. Dans un message diffusé au siège de la compagnie à Tokyo, il a garanti des efforts de son entreprise pour maintenir la centrale endommagée “stable” et pour compenser “de façon appropriée” les victimes de l’accident.

Devant le siège de la compagnie et dans le parc d’Hibaya à Tokyo ont manifesté des milliers de Japonais opposés au nucléaire. Le rassemblement intitulé “Peace on Earth” a réuni des dizaines de milliers de personnes, ainsi que des intervenants des milieus scientifiques ou artistiques.

La date du 11 mars restera donc comme un symbole de la lutte contre l’énergie nucléaire. C’est ce dimanche qu’a été lancé officiellement Green Active, un mouvement écologique destiné à l’action politique et à présenter des candidats aux élections, une première au Japon. 

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Devant la diète, à Tokyo

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D’autres militants ont profité de cet anniversaire pour porter plainte contre la remise en service progressive des réacteurs japonais.

Seuls deux sont aujourd’hui en service, qui devraient à leur tour cesser de fonctionner pour subir des contrôles. Mais le gouvernement a prévenu que les 54 réacteurs que compte le pays seraient remis en route un à un à partir du mois de mai, pour faire face aux pics de consommation de l’été.

D’autres rassemblements plus petits ont pris place dans différentes villes du Japon: 16 000 personnes à Koryama, des milliers dans dans le stade de baseball de Fukushima, plusieurs centaines à Shikoza, Fukui, Saga ou Aomori. Dans chaque villes, les manifestants s’opposent à la réouverture d’une centrale proche, et militent pour un avenir sans nucléaire.

Australie, France, Allemagne…

Des réunions similaires ont eu lieu aux quatre coins de la planète. En France, dans la vallée du Rhône, quelques 60 000 personnes ont formé une chaîne humaine de 230 kilomètre de long traversant la région la plus nucléarisé d’Europe.

Entre Lyon et Avignon, les manifestants français, belges, allemands ou suisses ont déployés des banderoles appelant à entamer la sortie du nucléaire dans le pays : « Fukushima aussi était sûre », y lisait-on. 

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une chaîne contre le nucléaire

Même mobilisation en Allemagne : 50 000 personnes sont descendues dans les rues et se sont rassemblées aux abords des centrales du pays pour pousser le gouvernement à accélérer la sortie annoncée du nucléaire. «Fukushima nous avertit : il faut fermer les centrales maintenant !»

Autre rassemblement en Australie, pour agir à la source de l’industrie. Devant les locaux de Rio Tinto et BHT Billiton, quelques centaines de manifestants ont appelé à la fin de l’exploitation des mines d’uranium du pays.

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