Mercredi 1er février: Après avoir annoncé une fuite de trente litres d’eau contaminée ces derniers jours, l’opérateur indique des volumes inférieurs, … (nhk word)… regard sur un lieu à haut risque, « la piscine commune » (fukushima blog) …
Enquête sur les causes d’une fuite d’eau dans le bâtiment du réacteur 4
Tepco, la Compagnie d’électricité de Tokyo, est en train d’enquêter sur les raisons pour lesquelles une canalisation reliée au réacteur numéro 4 a été endommagée, provoquant une fuite d’eau irradiée.
Selon l’opérateur, un employé chargé de la surveillance s’est aperçu mardi vers 22h30 que de l’eau s’était mise à fuir d’une canalisation située au rez-de-chaussée du bâtiment du réacteur.
La fuite a été arrêtée en fermant la vanne de la canalisation du côté du réacteur, mais au moins 6 litres d’eau s’étaient déjà écoulés.
Le niveau de radioactivité de cette eau a été établi à 35,5 becquerels par centimètre cube. On pense qu’elle provient du réacteur mais selon Tepco, elle n’aurait pas fui à l’extérieur du bâtiment.
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La piscine commune de combustible usé de Fukushima Daiichi
A la centrale de Fukushima Daiichi, lattention a toujours été portée à juste titre sur les réacteurs et leurs piscines. Il faut évidemment les surveiller car la moitié dentre eux comporte deux dangers : le cur dont le combustible fondu, le corium, menace ou est en train de polluer le sol, et la piscine attenante de combustible usé qui doit impérativement être maintenue en eau pour éviter la fonte des barres duranium-plutonium et autres poisons.
Mais il existe un autre lieu à haut risque à Fukushima Daiichi : la piscine commune aux 6 réacteurs. Elle se situe à une cinquantaine de mètres à louest de lunité 4.

Plan de situation des différentes piscines de la centrale de Fukushima Daiichi

Situation de la piscine commune : vue d’ensemble

Vue intérieure de la piscine commune de Fukushima Daiichi
La piscine commune et son bâtiment
Comme pour les installations du centre de stockage de la Hague en France, la piscine commune de Fukushima Daiichi ne possède pas denceinte de confinement. Elle est protégée par un simple bâtiment qui ne supporterait pas le crash dun avion. Rectangulaire, elle a une longueur de 29 m, une largeur de 12 m et une profondeur de 11 m. Son volume est de 3828 m3.

Vue extérieure du bâtiment (angle nord-ouest)
Suite au tremblement de terre du 11 mars 2011, le bâtiment ne semble pas avoir subi de dégât vu de lextérieur. Mais il est tout de même probable que des dégâts aient eu lieu, daprès ce que montre une vidéo tournée le 27 mai 2011 lors de la visite des experts de lAIEA. Dans un cliché tiré de cette vidéo, on distingue très nettement que la bordure ouest de la piscine est dégradée. Il nest pas possible que ces froissements de tôles aient été causés par le tsunami car le niveau technique de la piscine se situe à un étage supérieur, à une dizaine de mètres au dessus du sol, et la vague à cet endroit avait une hauteur de 4 mètres maximum.

Cliché extrait de la vidéo du 27 mai 2011
Pourquoi une piscine supplémentaire ?
Pour comprendre pourquoi le site avait besoin dune septième piscine, il faut revenir sur le fonctionnement dune centrale nucléaire. Le principe est de produire de la chaleur dont on se sert pour produire de lélectricité, mais ce processus produit en parallèle des déchets, constitués des assemblages de combustibles utilisés dans les curs des réacteurs. Ces assemblages resteront hautement radioactifs durant de longues années, et de ce fait nécessitent un refroidissement permanent. Mais ces assemblages ne sont pas directement transférables.
Pour ne pas perdre de puissance, chaque cur a besoin dêtre réalimenté avec du combustible neuf. Un assemblage étant prévu pour être utilisé en moyenne 3 ans, on réalise en gros une rotation par tiers chaque année.
Une fois les couvercles de lenceinte de confinement et de la cuve du réacteur enlevés, on inonde la cavité et on ouvre une double vanne la séparant de la piscine attenante. Leau des deux structures se retrouve alors en communication par lintermédiaire dun petit canal les reliant. Le transfert des assemblages de combustible usé peut ainsi être effectué tout en conservant une hauteur deau suffisante au-dessus des barres, ce qui permet au personnel dêtre préservé de la radioactivité.
Les assemblages devront rester dans cette piscine au moins 19 mois, jusquà ce quils perdent suffisamment dactivité pour pouvoir être transférés ailleurs. Et cet ailleurs est, à Fukushima Daiichi, cette piscine commune, nommée également CFSP (Common Fuel Spent Pool). Car il faudra encore conserver ces barres dans leau durant une période variant de 10 à 20 ans, afin quelles perdent leur puissance résiduelle.

Ecorché de la piscine commune de Fukushima Daiichi
Cest ce qui explique lencombrement actuel des piscines dentreposage. Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon envisageait la construction dun nouveau centre de stockage, les piscines de nombreux sites nucléaires approchant le maximum de leurs capacités de stockage. Même si le programme nucléaire nippon va être amoindri, voire abandonné, il nest pas certain que ce projet ne voie pas le jour. En effet, sortir du nucléaire ne signifie pas abandonner toutes les installations. La production délectricité nucléaire des 40 dernières années va devoir être assumée par les générations futures durant des milliers dannées.
Un site sous surveillance
Tepco reste très discret sur cette piscine, voire ne communique pas. Pourtant cest bien le lieu le plus dangereux du site nucléaire car la somme des déchets rassemblés en ce seul endroit est énorme : plus de 1000 tonnes de combustible usé y sont actuellement entreposées, autrement dit 6375 assemblages rassemblant plus de 400 000 barres. Le site est étroitement surveillé : lors des études géologiques, cest toujours cet endroit précis que lon a choisi pour faire se croiser les coupes de terrain. La construction antisismique a donc dû être très soignée, car dune part les barres ne doivent pas sentrechoquer, et dautre part létanchéité de la piscine doit demeurer parfaite.

Les tracés des coupes géologiques se croisent exactement à lemplacement de la piscine commune
Il est absolument nécessaire de refroidir en continu ces déchets. Sinon, en cas de dénoyage dû à lévaporation de leau, les barres séchaufferaient, se déformeraient, et finalement perdraient leur étanchéité, provoquant une pollution radioactive atmosphérique considérable. Le refroidissement de ces piscines est donc un impératif, une priorité incontournable pour la sécurité du Japon, voire du monde entier vu le nombre incroyable de tonnes de combustible entreposées en ce lieu à hauts risques (séisme possible, tsunami possible, ex-réacteurs, autres piscines en difficulté, présence d’hydrogène explosif).
Autres documents sur la piscine commune

Dessin de la piscine commune et dun caisson de 90 assemblages

Photo du site nucléaire de Fukushima Daiichi au moment de la construction de la piscine commune

Photo satellite du 14 mars 2011 : le bâtiment réacteur 4 est encore intact, et le bâtiment de la piscine commune ne semble pas avoir été affecté par les explosions des bâtiments réacteurs 1 et 3.

Photo aérienne postérieure au 15 mars 2011 (cliché daprès vidéo) : lexplosion du bâtiment réacteur 4 ne semble pas avoir affecté la piscine commune.

Façade ouest du bâtiment de la piscine commune

Vue de la piscine commune (extrait vidéo du 27 mai 2011).