Portraits d’Haruna Yukawa et de Kenji Goto, les otages exécutés
Qui étaient Haruna Yukawa et Kenji Goto, les deux Japonais assassinés par l’organisation Etat islamique ? Voici leur portrait.
Courrier international| Ysana Takino 4 février 2015

C’est en Syrie que M. Yukawa a fait la rencontre de Kenji Goto, le deuxième otage de 47 ans. Les deux hommes sympathisent avant de se quitter et de rentrer au Japon. Kenji Goto est un journaliste indépendant connu dans la profession. Expérimenté, il connaît bien le travail en zone de conflit, et a fourni un travail considérable sur divers pays du Moyen-Orient. « En apprenant que M. Yukawa était probablement détenu par l’organisation Etat islamique, Kenji est immédiatement parti en Syrie pour le secourir. Sa femme venait d’accoucher de son deuxième enfant, mais Kenji n’est pas du genre à abandonner un ami », a raconté la mère du journaliste à l’Asahi Shimbun.
« Une perte pour le journalisme japonais »
« A l’heure où la plupart des grands titres japonais cessaient d’envoyer leurs correspondants sur place [en Irak], Kenji Goto continuait à fournir des informations indépendantes de qualité, notamment via la société de production Independent Press, qu’il a fondée en 1996. Il avait acquis une très bonne connaissance des risques liés aux enlèvements. La mort de Kenji est une grande perte pour le journalisme japonais », témoigne un de ses confrères et ami, la célèbre plume nipponne Akira Ikegami. L’ensemble des associations de presse japonaises a d’ailleurs déploré « la perte d’un journaliste précieux » en parlant de Kenji Goto.
Converti au christianisme en 1997, M. Goto était devenu un croyant emblématique. « Son pacifisme et son courage doivent nous servir d’exemple », peut-on lire dans les colonnes de l’Asahi Shimbun. Un des tweets du journaliste a été largement rediffusé depuis sa capture. On peut y lire : « Fermez les yeux et soyez patient. Si vous vous mettez en colère et hurlez, c’est fini. C’est comme prier. Haïr n’est pas du ressort des hommes, juger est du domaine de Dieu. Ce sont mes frères arabes qui m’ont enseigné cela. »