Fukushima : la faramineuse facture de la catastrophe
Le Point – Publié le – Modifié le
Indemnisations, pertes d’emploi, frais de décontamination…, le coût atteindrait le double du montant d’abord estimé, soit 80 milliards d’euros. Au minimum.
L’économie japonaise restera plombée de longues années par la catastrophe. Le prix de l’énergie y a grimpé en flèche depuis trois ans. © NOBORU HASHIMOTO / AFP
C’est, grosso modo, l’équivalent du PIB marocain réalisé en 2013. L’accident atomique de Fukushima coûtera « au minimum 11 082 milliards de yens » (80 milliards d’euros) à l’économie du Japon, selon une étude universitaire réalisée par Kenichi Oshima, professeur d’économie environnementale à l’université Ritsumeikan. Soit presque le double de l’estimation du gouvernement japonais.
Augmentation à venir
« C’est le résultat de calculs faisables avec les informations dont nous disposions en juin, mais cela va encore augmenter : de ce fait, 11 000 milliards est le seuil minimal », a prévenu Kenichi Oshima. Le gouvernement japonais avait pour sa part évalué à 5 800 milliards (40 milliards d’euros) l’argent nécessaire pour couvrir les conséquences de ce sinistre qui a eu un impact considérable en mars 2011 sur la région et ses habitants, à la suite d’un gigantesque séisme dans le nord-est de l’archipel. Selon le chercheur, on pourrait y ajouter les 2 200 milliards de yens (près de 15 milliards d’euros) supplémentaires, qui seront nécessaires pour mettre en conformité les installations nucléaires du pays à la suite de la révision des normes de sûreté pour éviter un deuxième désastre ailleurs. « Ce sont des coûts indirects, donc ils ne sont pas dans le total », a-t-il précisé.
Les sommes prises en compte intègrent l’indemnisation des personnes évacuées et/ou ayant perdu leur travail à cause de l’accident, soit pour le moment quelque 4 980 milliards de yens, fournis à la compagnie gérante Tokyo Electric Power (Tepco) par un fonds spécialement créé auquel contribuent l’État et les compagnies d’électricité. Ces dommages et intérêts pourraient toutefois encore doubler. Le fonds a d’ailleurs relevé son plafond à 9 000 milliards de yens au lieu de 5 000 milliards. Sont aussi inclus les frais de décontamination des alentours de la centrale et de stockage des déchets résultants, soit 3 540 milliards de yens.
Les Japonais paieront
S’y ajoutent 2 168 milliards de coûts directement liés à la gestion de la situation au sein du complexe atomique et de démantèlement des réacteurs saccagés. Le reste relève d’autres dépenses administratives relatives à cet accident. L’universitaire pointe en outre du doigt le fait que ces coûts vont reposer sur les citoyens, en tant que contribuables si l’État paye, ou en tant qu’utilisateurs de courant via la facture émise par la compagnie si elle finit par rembourser les sommes avancées. Selon lui, la particularité de ce type d’accident est que le coût pour la société augmente au fil du temps et qu’on ne parvient pas à le prévoir et à l’appréhender dans son intégralité.