Japon 2014 – Fukushima /226

Une vache radioactive de Fukushima inquiète les agriculteurs japonais

Des agriculteurs de Fukushima réclament une analyse des symptômes apparus sur des bovins de la région.

Vendredi dernier, des agriculteurs japonais de la région de Fukushima ont fait le siège de leur ministère de tutelle en apportant avec eux une de leurs vaches radioactives et malades. Cette dernière présente des taches blanches sur sa peau, une dégénérescence qui serait peut être liée à l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi, il y a de cela trois ans.

Les agriculteurs exigent de la part de leur gouvernement une enquête et des analyses approfondies afin de déterminer précisément les causes de cette maladie, rapporte le site sciencesetavenir.fr.

Des animaux élevés sur des terres contaminées

Depuis mars 2011, les terres contaminées ont été laissées à l’abandon par les hommes, mais pas par les animaux qui continuent d’y vivre. Comme cette vache, quelque 350 bêtes ont été abandonnées par leurs propriétaires sur ces terres interdites, mais vivent aujourd’hui dans « la ferme de l’espoir », à 14 kilomètres seulement de la centrale accidentée. Cette ferme est tenue par des agriculteurs qui ont décidé de s’occuper de ces bêtes en dépit de l’interdiction gouvernementale. 

Le responsable de l’exploitation, Masami Yoshizawa, souligne que leurs vaches « ne peuvent pas être découpées en viande. Elles ont été affectées par la radioactivité » (en même temps, il n’y a rien d’étonnant la dedans).

Son collègue, Naoto Matsumura, surnommé « le dernier homme de Fukushima » car il a tenu à rester seul dans sa ville de Tomioka après la catastrophe, exige une enquête de la part du gouvernement. Selon lui, il faut impérativement « examiner la cause de cette situation » pour faire en sorte que les « gens sachent ce qui s’est passé pour ces animaux ». Il indique enfin que cette enquête pourrait également permettre de savoir ce qui pourrait arriver aux hommes.

Un no-man’s land

Le gouvernement japonais concède que la plupart des terres entourant la zone sinistrée sont devenues inhabitables pour de nombreuses années (dont l’agglomération de Tomioka), mais il espère pouvoir un jour réinvestir les lieux. En effet, à moyen terme, Tokyo compte faire revenir des habitants dans la zone, à condition que la radioactivité soit ramenée à un niveau admissible pour les organismes internationaux (exposition de moins de 20 millisieverts).

Cette conjecture parait cependant bien optimiste à en juger par la situation actuelle. 

Alors que la décontamination est très difficile dans les zones rurales, la situation à la centrale de Fukushima est de plus en plus grave ; la pollution des nappes phréatiques ainsi que celle de l’océan est d’autant plus problématique qu’elle est quasi continue, et les solutions trouvées ne sont que très temporaires.

Une enquête importante

L’examen de cette vache qui semble contaminée pourrait permettre de faire la lumière sur les risques encourus à la fois par les habitants de ces régions (futurs, ou présents), mais également ceux possiblement liés à la consommation de produits locaux (productions animales et agricoles).

L’imperméabilité du gouvernement face à ces problèmes est cependant toujours en toile de fond, et l’intérêt général par la transparence est souvent mis à mal par la culture du secret et des non-dits, caractéristique du gouvernement et de la culture japonaise. 

Si le gouvernement a interdit l’accès à la zone, on imagine que c’est pour de bonnes raisons. Il n’est donc pas étonnant d’avoir des animaux élevés dans ces régions qui sont malades, surtout lorsque l’on connait les difficultés rencontrées à la centrale en elle-même pour empêcher la diffusion de la radioactivité. Mais ce n’est pas tant l’émoi que cherchent les agriculteurs, qu’un véritable sursaut des autorités.

Ce serait davantage une tentative de sensibilisation des pouvoirs publics et de l’opinion par rapport à ce qu’il se passe réellement dans ces zones sinistrées. Si des habitants comptent un jour retourner vivre dans ces espaces condamnés, il faut également se mettre au courant de tous les risques encourus à court, moyen mais aussi long terme, et s’assurer que des solutions durables ont été trouvées.

Vaste programme.

Image: Nipponconnection.fr

 

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