«Fukushima aurait pu être un exemple de sécurité»

Gérard Kottmann : «Fukushima aurait pu être un exemple de sécurité»

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Le Mercredi 14 mai 2014 @ 03:18:00

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Dans une interview à creusot-infos, Gérard Kottmann, le Président du Pôle Nucléaire Bourgogne, fait le point sur l’avenir de la filière en France et dans le monde. Il décrypte les symboles de Fukushima et souligne combien le réacteur EPR présente des gages de sécurité qui lui ouvrent des portes sur des succès à l’international.

La page Fukushima est-elle tournée ?

«Je suis tenté de répondre oui et non. Mais le non rejoint le oui… Oui la page Fukushima est tournée quand on constate que les pays émergents, mais pas seulement, ont décidé d’investir dans le nucléaire, comme c’est le cas avec l’Arabie Saoudite, la Pologne ou le Vietnam. Il est assez clair que le nucléaire est incontournable pour le mix énergétique du futur.
Mais c’est vrai aussi que l’on a du travail pour contrebalancer des influences politico-médiatiques orientées sur le nucléaire, ou plutôt contre le nucléaire. Il s’agit de mettre en-avant les bénéfices du nucléaire depuis 40 ans, avec une électricité bon marché et un bilan carbone magnifique. Cela alors même que l’Allemagne vient d’être désignée comme le principal pollueur de l’Europe. C’est là ue réalité qui pose question…»

Et pour le non, alors ?

«On peut effectivement considérer que non la page Fukushima n’est pas complètement tournée quand on considère que l’on apprend sur la façon de gérer la sécurité. En ce sens nous disposons de retours d’expérience pour progresser encore et toujours plus et mieux en matière de sécurité. Il faut bien voir que l’énergie nucléaire est encore jeune. Et s’il faut reconnaitre quelques accidents, il faut aussi considérer les accidents qui ont pu être provoqués par les centrales thermiques.
Anne Lauvergeon avait raison de tire qu’avec une centrale EPR Fukushima aurait pu être évité. Je vais même plus loin, Fukushima aurait pu être un exemple de sécurité, si l’électricien avait été plus responsable dans la gestion et l’approche des risques. Or la gestion de Tepco a été catastrophique».

Pourquoi ?

«Un exemple : Il faut se poser la question de savoir pourquoi ça a explosé. Eh bien tout simplement parce que les Japonais n’avaient pas investi dans un recombineur d’hydrogène. Il s’est donc accumulé et cela a provoqué une explosion du toit.
Cela ne se serait pas produit en France, car toutes les centrales EDF sont équipées.
Le problème c’est que les adversaires et les opposants se servent de cette explosion qui n’était pas si grave que l’on veut bien le dire. Mais oui, il y a eu des images choc et c’est devenu impressionnant.
De même des tsunamis avec des vagues de 17 mètres de haut étaient prévisibles. Les Japonais étaient prévenus, mais ne se sont pas prémunis, par restrictions financières.
Mais il est bon de préciser que le cœur du réacteur nucléaire, lui n’a pas eu de problème, alors même qu’il était d’une génération ancienne».

De quoi la France, ou plutôt la filière nucléaire française a-t-elle besoin ? Du lancement de la construction d’un 2e EPR ?

«La France, notre filière nucléaire, ont surtout besoin de visibilité. A court terme, il faut que le grand carénage soit lancé et qu’il bénéfice à l’industrie française. Le grand carénage qui définit des mises en sécurité d’envergure, c’est 50 milliards d’euros. Ces travaux de protection ont été lancés, puisque les remplacements des générateurs de vapeur en font partie, mais il y a encore trop d’avis divergents sur le devenir de nos centrales et sur leur durée de vie. Plus on sera fort en France avec notre industrie nucléaire qui offre des garanties de sécurité maximales et plus nos centrales EPR sont plébiscitées partout dans le monde, comme c’est déjà le cas en Chine, en Pologne ou en Grande Bretagne. La France doit donc montrer l’exemple».

Recueilli par
Alain BOLLERY

 

 

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