Fukushima : centrale explosive et villes fantômes, visite au cœur de la zone interdite
Par Sophie Joussellin | Publié le 16/12/2013 à 22h25
Des employés de Tepco à l’oeuvre dans la centrale de Fukushima le 22 novembre 2013.
Crédit : TEPCO / AFP
DOCUMENT RTL – 1.000 jours après la catastrophe, la zone d’exclusion dessinée autour de la centrale de Fukushima est toujours jalonnée de villes abandonnées par leurs habitants.
11 Mars 2011. Un séisme et un tsunami ravagent une partie du Japon. Bilan, presque 20.000 morts et disparus. Le site de la centrale nucléaire Fukushima est frappé de plein fouet. Plusieurs réacteurs explosent et des centaines de milliers de personnes sont évacuées à des kilomètres à la ronde.
Près de deux ans plus tard, l’archipel nippon porte encore les stigmates de la catastrophe. Autour de Fukushima, les nombreuses villes fantômes abandonnées dessinent les contours de la zone rouge, le périmètre d’exclusion tracé au compas après la catastrophe. Sur le site, 4.000 personnes s’activent toujours pour stabiliser et démanteler la centrale nucléaire où une énième fuite a été détectée il y a quinze jours.
Le royaume des containers
À travers les vitres du car défilent des communes figées dans le temps. Futaba et Tomioka sont en zone rouge et plus personne n’y habite. La radioactivité est trop élevée, comme le rappellent les dosimètres. Voitures, maisons, boutiques ont été abandonnées là après l’ordre d’évacuation.
À quelques kilomètres, paradoxalement, le territoire de la centrale est animé par une certaine effervescence. Presque 4.000 personnes s’activent en permanence sur le site. La visite se fait en bus, équipé de masques, gants et sur-bottes. Ici, ce n’est plus le chaos. Mais le royaume des containers. Pour stocker les tonnes de déchets radioactifs issus des documents détruits. L’eau contaminée utilisée quotidiennement pour refroidir les réacteurs remplit 1.000 réservoirs gigantesques.
C’est sur le front de mer que l’on prend la mesure du tsunami. Des bâtiments détruits, des enchevêtrements de ferraille, des murs éventrés témoignent encore de la violence de la catastrophe. En quittant la centrale, par des routes où la végétation regagne du terrain, on voit la vie reprendre dans d’autres communes. Les anciens habitants peuvent y revenir quelques heures par jour. Des ouvriers masqués raclent la terre. Ils préparent le retour de la population.