A Fukushima, Tepco lance le chantier pharaonique du démantèlement
Tepco va récupérer les combustibles stockés dans la piscine du réacteur 4.
Le groupe prévoit un an de travail avant de passer aux autres piscines.
Trente-deux mois après la destruction de quatre réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi, le groupe Tepco vient de proclamer qu’il avait achevé les étapes préparatoires au lancement du pharaonique chantier de démantèlement du site, programmé sur les quarante prochaines années. Dans les prochaines heures, l’électricien va initier le délicat retrait des assemblages de combustibles stockés dans la piscine de refroidissement du réacteur numéro 4. « Cela marque vraiment le début du démantèlement », a proclamé Akira Ono, le directeur du site.
Au moment de l’accident, le réacteur numéro 4 était déchargé de tout combustible nucléaire et, contrairement aux tranches 1, 2 et 3, il n’a donc pas connu de fusion de son coeur. Mais sa piscine de refroidissement est beaucoup plus saturée que les bassins des autres tranches. Au total, elle abrite 1.300 assemblages de combustible usé et un peu plus de 200 assemblages de combustible « frais ». Chacun de ces assemblages ressemble à un « squelette » de 4,5 m de long, constitué de petits crayons de combustible prisonniers de gaines étanches en alliage de zirconium.
Pour récupérer ces assemblages et les déplacer vers le bassin de refroidissement commun de la centrale, jugé beaucoup plus stable, les groupes japonais, et particulièrement Hitachi, qui avait développé l’unité 4, ont dû reconstruire toutes les infrastructures détruites lors de la catastrophe de mars 2011. Ils ont consolidé les supports de la piscine située en hauteur et bâti une structure adjacente au réacteur 4 afin de supporter les gigantesques ponts et les « grues » nécessaires aux opérations de retrait. « Ce sont des éléments connus. Ils reprennent les techniques que tous les électriciens utilisent en temps normal pour déplacer les combustibles », note un spécialiste.
« Pas de danger particulier »
Ainsi un appareil « FHM » ou « fuel handling machine » va descendre son crochet dans la piscine, saisir un assemblage et le transférer, sans jamais sortir de l’eau, dans un énorme emballage lui aussi immergé. Une fois que 22 assemblages auront été transvasés, cet emballage de 90 tonnes sera fermé hermétiquement, sorti de l’eau par une puissante machine et transféré par camion vers le bassin commun, situé à une centaine de mètres. Là, la procédure inverse sera enclenchée. Les combustibles seront sortis et « rangés » sous l’eau.
Selon Tepco, l’ensemble de la procédure n’occasionnera aucun débit de dose radioactive. « Il n’y a pas de danger particulier. La seule différence, c’est l’environnement radioactif dans lequel les travailleurs évoluent », confirme l’expert. Il pointe aussi les éventuels risques de dégradation de certains combustibles, qui ont séjourné un temps dans de l’eau de mer corrosive et ont été couverts par des débris.
Si aucun incident majeur n’intervient, ce nettoyage de la piscine numéro 4 pourrait théoriquement être achevé en quelques mois. Mais Tepco évoque un peu plus d’un an de travail, avant de passer à la gestion des autres piscines où les assemblages sont moins nombreux, mais où la radioactivité est beaucoup plus forte.