Paris le 29 mars:
Fukushima : le nouveau système de décontamination ALPS ne traitera pas le Tritium
Tepco vient de mettre en ligne les caractéristiques détaillées du nouveau système de décontamination deau radioactive ALPS ; très à lécart des quelques 62 radionucléides traités, le Tritium et leau tritiée représentent malgré tout une menace radiologique certaine qui nest toujours pas prise en charge par ce nouveau dispositif. Par ailleurs, la contamination initiale de leau (avant traitement) représente une activité de 4.1*106 Bq/cm3 soit 4 milliards de Becquerels par litre, ce qui reste énorme, compte tenu des décontaminations antérieures effectués par les systèmes Kurion / Areva / Sarry.
Leau Tritiée : la grande oubliée !
Nous avons beau nous écarquiller les yeux, impossible de retrouver leau Tritiée (3H2O) dans la longue liste des 62 radionucléides traités par lALPS. Évidemment, le Tritium (H3) une fois incorporé dans leau (H2O) possède la réputation dêtre relativement insaisissable mais il nempêche que certaines installations nationales seraient capables de le faire. Malheureusement, lexemple récent des concentrations relevées par lACRO près de lusine de retraitement de La Hague (50) semble prouver que ces installations de détritiation ne sont pas efficaces voire pas installées en ce lieu précis et cest bien dommage car de toutes les INB françaises, La Hague et Marcoule sont celles qui rejettent le plus deau tritiée dans lenvironnement
(1) LACRO vient juste de publier des chiffres inquiétants concernant le Tritium rejeté à La Hague (ACRO)
Le Tritium, une vieux contentieux atomiste
Il est utile, arrivé à ce point, de rappeler que le contentieux sur leau tritiée et le Tritium remonte à la grande époque de la splendeur du CEA qui a sollicité et obtenu assez facilement des autorités de contrôle nucléaires françaises létablissement de normes ad hoc concernant les rejets admissibles de Tritium par les installations de retraitement de combustible françaises : si lénorme centrale électronucléaire (5460 MWe) de Gravelines (59) peut ainsi rejeter en mer jusquà 13 Tbq/an de H3, La Hague a lautorisation de rejeter dans la même mer du Nord depuis lannée 2007 jusquà18500 TBq/an, soit 1400 fois plus, ce qui en ferait la principale source mondiale de pollution au Tritium !
(2) Le mythe de locéan-poubelle est apparemment toujours dactualité ? (IRSN)
La détritiation est cependant possible, la preuve : le Tokamak ITER
Il faut bien dire que les réacteurs expérimentaux de type Tokamak [Tokamak : du Russe TOroidal’naya KAmera s MAgnitnymi Katushkami Chambre toroïdale à bobines magnétiques] usent et abusent entre autres inconvénients des noyaux légers comme le Deutérium ou le Tritium dans la création du plasma recherché pour son énergie quasi-infinie mais si peu saisissable.
Le Tritium représente ainsi une composante importante du combustible de ces réacteurs expérimentaux à fusion et, comme tout combustible nucléaire, ne se retrouve utilisé que partiellement doù le problème évident de son traitement post-combustion.
(3) Détritiation : cest donc possible ? (ASN/ITER)
Le Tritium, nettement plus dangereux que ce que certains veulent nous faire croire ?
De nombreux organismes indépendants comme lACRO ou la CRIIRAD alertent depuis quelques années les autorités sur la nécessité de revenir sur les règlementations et les seuils de rejets de Tritium dans lenvironnement pour un certain nombre de raisons dont certaines tiennent à la très mauvaise connaissance de la radiotoxicité de ce radionucléide dans le milieu marin ; le fait que certains organismes officiels essayent volontiers de noyer le poisson dans ce dossier en évoquant des notions vaporeuses de dilution et de dispersion nous ramenant à la grande époque de locéan-poubelle, au sein duquel seuls les poissons et les crustacés semblent pour linstant sémouvoir.
(4) Lun des arguments plaidant pour une réévaluation urgente de la radiotoxicité du Tritium (ACRO)
(5) Selon la CRIIRAD, limpact de la radiotoxicité attribuée au Tritium serait sous-estimé de 10 à 30 fois
Quy a-t-il de plus quhypocrite que de mettre en avant un principe de précaution dans certains domaines pour le dénier stoïquement dans dautres ; la véritable précaution ne devrait-elle pas strictement se résumer à la somme de toutes les précautions ? Et à Fukushima, la précaution dans le cadre de la détritiation semble apparemment coûter cher, beaucoup trop cher
Sources :
Overview of the Multi-nuclide Removal Equipment (ALPS) Tepco, 29313
Concentration anormale en tritium dans leau de mer à proximité de lusine AREVA ACRO, 27313
Les risques liés au Tritium rejeté dans lenvironnement sont sous-estimés ACRO, 2008
Le diaporama sur le Tritium de la CRIIRAD Chareyron, 2008
Le livre blanc du Tritium IRSN ?
Deutérium et Tritium : le combustible dITER ASN/ITER ?



