Japon 2013 – Après le déluge/81

L’Isle le 25 mars:

Fukushima : la droite Japonaise largement à l’origine de la catastrophe, selon Bloomberg

Dans un billet daté du 22 mars, William Pesek, chroniqueur pour Bloomberg , oriente un projecteur sur le côté obscur de la droite Japonaise en attribuant à cette formation politique (PLD) l’essentiel de la responsabilité de la catastrophe de Fukushima-Daiichi. Ce constat est particulièrement mis en lumière par le procès intenté à Tepco par 26 marins américains irradiés lors de la phase aigüe de la crise nucléaire et qui réclament à l’opérateur – et donc à l’Etat Japonais – la bagatelle de 2 milliards de Dollars de compensation financière.

26 marins américains se disent “gravement irradiés” par l’accident de Fukushima-Daiichi

A terme, ce sont plusieurs centaines de militaires américains qui viendront probablement étoffer les rangs des 26 marins ayant d’ores et déjà réclamé à l’opérateur Japonais des montants compensatoires énormes pour avoir subi des irradiations importantes lors de la mission qui les a amené – pour on ne sait quelle raison au juste – au large des côtes du Tohoku les 11 et 12 mars 2011. Le porte-avions USS Ronald Reagan et une partie de la 7ème flotte américaine ont été repositionnés beaucoup plus vers le Nord à partir du 13 mars 2011 suite à cette alerte radioactive.

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(1) l’USS Ronald Reagan, CVN76

“Tepco a menti comme un arracheur de dents”

Selon les plaintifs, les Japonais n’auraient pas communiqué la gravité de la situation radiologique d’une catastrophe – qui échappait pourtant à tout contrôle – aussi les marins américains n’auraient pas été avertis par leurs supérieurs du niveau de la menace radioactive vomie par le site nucléaire en perdition.

La plainte de 34 pages introduite initialement en décembre 2012 par 4 marins dans l’Etat de Californie est basée sur l’argument que Tepco et le gouvernement Japonais auraient volontairement caché des informations sur l’état réel des réacteurs en assurant notamment aux américains que “la situation était sous contrôle”, une information qui aurait trompée la vigilance de l’US Navy au point de l’amener à estimer que ses bâtiments pouvaient être amenés sans aucun risque au plus près de la côte ou s’était déroulée la catastrophe du 11 mars 2011.

Une “vie de souffrance et d’empoisonnement” due aux radiations Japonaises

Les énormes compensations financières réclamées par les marins à Tepco et donc indirectement à l’Etat Japonais depuis la nationalisation de l’opérateur à la fin de l’année 2011 visent à compenser les préjudices sanitaires, financiers et sociaux engendrés par l’exposition à une irradiation et à une contamination jugée comme très importante par les plaintifs.

Parmi les symptômes attribués directement à l’exposition, les marins et leurs avocats soulignent par exemple des problèmes localisés au niveau de la glande thyroïde, ou encore des saignements au niveau du rectum.

Ces constatations les amène a redouter que leur espérance de vie se voie réduite sans que rien ne puisse ramener leur état de santé à la condition antérieure à leur irradiation. Les qualifications évoquées dans la plainte sont : la fraude, la négligence, le défaut de mise en garde, un dommage d’ordre privé et public ainsi qu’une “conception défectueuse” (des installations ?).

Le “Ronald Reagan” était pourtant ancré à 100 nautiques (185 km) au N/E du site !

Les marins concernés travaillaient pour la plupart au niveau du pont principal du porte-avions, il ne s’agit donc pas directement des équipages des trois hélicoptères dont les alarmes de radioactivité s’étaient déclenchées à environ 60 miles (110 km) au Nord du site de Fukushima-Daiichi et que les 17 membres d’équipage aient du subir une procédure de décontamination.

Bien sûr, les vents poussaient alors plus ou moins directement le “nuage radioactif” vers la flotte américaine mais valait-il mieux être à 21 km au NNO de la catastrophe comme certains résidents non-évacués de Minami Soma ou à 185 km au Nord-Est ?

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(2) le zonage revu fin 2011, une partie de la ville de MinamiSoma n’a été évacuée qu’à cette époque

La droite Japonaise serait principalement responsable de la catastrophe, selon William Pesek

Dans un papier publié vendredi, le chroniqueur de Bloomberg William Pesek estime que le parti libéral démocrate Japonais est très largement responsable de la survenue de la catastrophe nucléaire en ayant délibérément fermé les yeux sur les léthargies sécuritaires des opérateurs électronucléaires Japonais depuis une cinquantaine d’années, le PLD ayant gouverné le Japon durant la grande majorité de cette période .

Le nouveau Premier ministre Shinzo Abe a récemment décidé, contre l’avis de la majorité des Japonais, de revenir sur la décision d’arrêt programmé de l’industrie électronucléaire Japonaise “à l’horizon 2030” édictée par son prédécesseur, M. Noda en septembre 2012.

Le journaliste estime encore que M. Abe ne vise qu’à relancer à tout prix l’économie Japonaise (la méthode Abe) en s’alarmant fort peu de la survenue probable d’un nouvel accident nucléaire lié à la configuration particulière du pays, une situation sismique plus qu’instable ne se prêtant pas, selon toute évidence, à une exploitation totalement sécuritaire de l’énergie nucléaire.


Sources :

Fukushima Lawsuit Reveals Price of ‘Abenomics’ – Bloomberg, 22313

Tepco Faces Growing Suit by U.S. Troops Over Radiation Exposure – Bloomberg, 17313

U.S. Sailors Sue Japan Over Fukushima – US Court News, 261212

Séisme Japon: un porte-avions américain bloqué par la radioactivit頖 LeVif, 14311

USS Carrier Ronald Reagan Passes Through Radioactive Plume Off Japan Coast – ABC, 14311

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