Japon 2013 – Après le déluge/80

L’Isle le 24 mars:

France : AREVA tord le bras de KEPCO pour expédier un chargement de MOX superflu vers le Japon

L’opérateur Japonais KEPCO a annoncé jeudi qu’un chargement de MOX retraité en France quitterait prochainement le port de Cherbourg pour le site nucléaire de Takahama, à l’Ouest du Japon. KEPCO aurait demandé à AREVA, vu le contexte, de sursoir quelque temps à ce transport mais le géant français du nucléaire tient apparemment à ce que le combustible retraité quitte le sol français au plus vite.

Takahama 3, un réacteur Moxé depuis janvier 2011

2013-03-23_14h27_06La tranche n°. 3 du site électronucléaire de Takahama a commencé a bruler du combustible mixte Plutonium-Uranium au début de l’année 2011 ; le réacteur n°. 3 a été stoppé le 21 février 2012 et placé en arrêt à froid suite à la catastrophe de Fukushima-Daiichi et en l’attente de la nouvelle règlementation électronucléaire que le Japon devrait prochainement finaliser ; il restera ensuite aux réacteurs survivants au tri initial à réaliser des travaux de mise en conformité qui s’avèreront probablement techniquement délicats et financièrement couteux.

L’utilisation de combustible mixte dans les réacteurs Japonais a longtemps été critiquée ne serait-ce qu’au titre des nombreux transports par voie maritime de matières extrêmement radioactives entre l’Asie et l’Europe que le procédé nécessite, les installations de retraitement Japonaises de Tokai et Rokkasho n’ayant jamais développé qu’un fonctionnement expérimental.

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(1) Un bâtiment transporteur de déchets et de combustible nucléaire (WNN)

Un transport superflu vu le contexte Japonais actuel mais apparemment imposé par AREVA

Le gouvernement Japonais de M. Abe ayant récemment affirmé qu’il prévoyait de privilégier l’intégrité énergétique du Japon plutôt que de favoriser la voie pourtant logique tracée par son prédécesseur, à savoir l’arrêt total et progressif de la filière nucléaire du pays et l’arrêt immédiat des réacteurs les moins surs, il est plus que probable que certains réacteurs Japonais redémarreront à plus ou moins long terme.

Il est par contre très prématuré à ce jour de définir les unités Japonaises qui pourraient éventuellement redémarrer et à quel moment ces dernières y seraient autorisées, probablement pas au cours de l’année 2013 selon les dernières informations disponibles, n’en déplaise à M. Oursel qui semblait récemment en savoir beaucoup plus que les Japonais eux-mêmes sur cette épineuse question.

Un transport imminent et dangereux selon l’ONG Greenpeace

L’organisation Greenpeace a indiqué qu’elle s’attendait à ce que le cinquième voyage de MOX Japonais appareille du port de Cherbourg dans les premiers jours du mois d’avril ; l’ONG a toujours exprimé son opposition à tout transport international de matière fissile et particulièrement de combustible MOX, considérant que ce type d’opération ouvre la voie à nombre de dangers et d’incidents possibles au cours du périple de quelques 18.000 Nœuds (33.000 km) effectué par le convoi maritime.

Point culminant de cet entêtement nucléaire typique, un convoi de MOX avait été refusé par le Japon en 2002 et avait donc effectué un inutile aller-retour de Sellafield à Takahama, soit la misérable distance de 65.000 Km. N’importe quel évènement imprévu sur ce si long parcours aurait pu déboucher sur un nouvel incident dramatique et éventuellement sur la perte définitive de quelques centaines de kilos d’oxyde de Plutonium civil, une mixture pouvant parfaitement être réutilisée à des fins militaires ou terroristes.

L’attitude d’AREVA de plus en plus inextricable

Le géant nucléaire français semble avoir définitivement perdu tout espoir de collaboration avec l’industrie Japonaise et le réaffirme aujourd’hui au moyen de cette incroyable histoire de MOX superfétatoire dont le Japon aurait avantageusement pu se passer au simple titre de son contexte électronucléaire actuel.

Bien sûr, le Japon est tenu de prendre livraison à la fois de “son” combustible retraité et des inévitables déchets HAVL qui l’accompagnent ; mais, très franchement, où se situait l’urgence et quel intérêt à tordre ainsi un peu plus le bras d’un pays déjà significativement meurtri par l’atome ? Faut-il que l’industrie électronucléaire nationale soit désespérée pour en arriver à de telles extrémités !

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(1) Le cycle simplifié du combustible retraité : les HAVL représentent 3% du combustible irradié


Sources :

Nucléaire : Areva confirme l’envoi prochain de MOX au Japon – 20 Minutes, 21313

Areva plans 1st nuclear fuel shipment to Japan since Fukushima, move may prove controversial in Japan – Reuters, 4313

Takahama MOX fuel shipment in works – Japan Times, 21313

Restart of reactors unlikely this year – UPI, 3313

Japanese Waste and MOX Shipments From Europe – WNI, 313

Sources et stocks français de Plutonium – France  Nuc


Lire également :

Luc Oursel sévèrement recadré par l’autorité de sécurité nucléaire Japonaise – gen4, 13313

Stop-Plutonium – un site de Greenpeace.org

Greenpeace enchaîne les actions contre le plutonium et le MOX – Dissident-Media

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