L’Isle le 11 mars:
Tepco : « Nous ny arriverons pas sans aide »
Lors de la conférence de presse du 8 mars, le porte-parole de Tepco est revenu pour la première fois sur la certitude affichée encore récemment avec le plus grand aplomb dun contrôle absolu de la situation à Fukushima-Daiichi ; lopérateur a réclamé à cette occasion non seulement lassistance du gouvernement et du monde scientifique Japonais mais également le prêt de main-duvre de la part de lindustrie électronucléaire.
(1) Tepco se dit « dépass頻 par le manque de main-doeuvre (fukushima-diary)
Tepco manque désormais officiellement de viande à REM
Lappel à laide prononcé vendredi par Tepco tranche singulièrement avec les discours précédents où la situation, y compris sur le plan de la main-duvre disponible, était présentée comme maîtrisée depuis le début de lannée 2012. En évoquant un manque de main-duvre spécialisée, lopérateur Japonais valide enfin la déclaration qui établit le fait que lindustrie électronucléaire nécessite en permanence des appoints de travailleurs frais, des hommes (pas de femmes à notre connaissance) choisis non en fonction de leurs compétences réelles mais qui présentent pour principale qualité de détenir un dossier dosimétrique vierge pour ne pas devenir grillé trop rapidement.
(1) Les liquidateurs Soviétiques à luvre en 1986, notez la pellicule grillée en partie inférieure
Larmée civile de liquidateurs Japonais périclite donc mais faut-il sen féliciter pour autant ?
Cest un fait assez peu connu : Tepco avait déjà tenté de recruterdes intervenants sur le marché international mais il semble aujourdhui que les dossiers dosimétriques des milliers de travailleurs utilisés soient déjà bourrés par deux petites années dintervention sur le chantier de Fukushima-Daiichi. Quen sera-t-il des 40 ou 50 années à venir ? Un seul opérateur électronucléaire peut-il envisager de réquisitionner la majorité voire la totalité des ressources mondiales de main-duvre électronucléaire ? Faut-il former intensivement et spécifiquement de la viande à REM ?
(2) Environ 250 Euros par jour pour griller dans la zone rouge de Fukushima-Daiichi (fukushima-diary)
Sans robots biologiques, pas de calendrier de liquidation envisageable au Japon
Par le biais de la révélation de cette quête désespérée de chair à neutrons une fenêtre de plus entrouverte sur limposture électronucléaire le Japon commence enfin à reconnaitre limmensité voire limpossibilité matérielle de poursuivre la tâche prévue initialement : liquider Fukushima savère décidément bien plus difficile que liquider Tchernobyl et ce, pour une raison évidente : la gestion complète de latome nécessite non seulement des des effectifs civils, volontiers disposés à vivre plus ou moins longtemps après leur travail mais également des personnels militaires prêts à mourir pour latome.
Un exercice de lancer de poudre aux yeux qui se retourne finalement contre le Japon
Le Japon est désormais pris à son propre piège : en déclarant laccident contrôlé fin 2011, les autorités Japonaises laissèrent alors maladroitement entendre que les réacteurs nétaient plus aussi brûlants, que les conséquences étaient maîtrisées, les installations stabilisées, le risque sanitaire inexistant etc. Une année plus tard et à laube du deuxième anniversaire de la catastrophe de Fukushima-Daiichi, il est difficile mais indispensable de revenir au plus vite sur cette déclaration illogique pour solliciter dans la foulée lassistance internationale la plus large possible.
Bref, le Japon doit, au même titre que les pays vivant actuellement une situation économique intenable, faire amende honorable, manger leur chapeau en passant sous les fourches caudines afin denclencher un processus dassistance internationale nécessité par la gravité de la catastrophe et lindisponibilité des moyens humains exceptionnels déployés par les Soviétiques à la suite de laccident de Tchernobyl. A défaut, les Japonais poursuivront un bon moment leur calvaire électronucléaire et nationaliste.
Du béton, cette fois-ci pour la bonne cause
Ensevelir la totalité du site sous des milliards de tonnes de sable et de béton pourrait toujours constituer une alternative plus ou moins efficace ; cette opération fût dailleurs étudiée dès les première heures de la catastrophe mais écartée à la suite dun débat obligatoirement limité par lurgente pression atomique. Lintervention décrite serait autrement plus économique en main duvre spécialisée à condition de revoir sérieusement les zonages dévacuation – mais elle pourrait également permettre, dans la mesure où le combustible nest pas entièrement déconfiné, de saffranchir partiellement du problème majeur des fuites deau radioactive vers les nappes aquifère et maritime. Sil savère au contraire que le combustible est majoritairement déconfiné, la messe sera dite et bétonner le site ne deviendra plus alors quune réaction tardive et inappropriée, une de plus sur la longue liste de celles engendrées par la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi.
(3) La réponse liquide, un tonneau des danaïdes selon le Dr Price interrogé par ABCA (daily-mail, 3/11)
La manuvre densevelissement représenterait par contre un constat déchec majeur pour lensemble du village électronucléaire ; il faut donc sattendre à ne la voir finalement déployée quen cas dabsolue nécessité, comme par exemple lévocation dune situation socio-sanitaire dramatique à la suite de la contamination avérée et étendue des nappes phréatiques.
Sources :
Tepco Tepco cant maintain the stable supply of Fukushima workers, needs help of the gov and industry Fukushima-diary, 9313
Lire également :
Les conditions de travail des intervenants de Tepco sont si difficiles quil ny aura sans doute bientôt plus de « volontaires » gen4, 28112
Fukushima worker hunting from overseas fukushima-diary, 30512
« La centrale » – Elisabeth Filhol, prix du livre France-Culture 2010

