L’Isle le 7 mars:
Fukushima : la lenteur de la reconstruction pèse sur la santé mentale
Le Monde.fr avec AFP | Mis à jour le

Le ministre japonais de l’industrie a jugé mardi impossible de prévoir le nombre de réacteurs nucléaires qui pourraient être remis en exploitation au Japon d’ici à la fin de l’année, alors que le patron d’Areva a calculé qu’une demi-douzaine pourraient fonctionner d’ici là.
La relance des sites atomiques, aujourd’hui tous stoppés à l’exception de deux réacteurs à Oi, est « imprévisible » selon Toshimitsu Motegi. « De nouvelles règles plus sévères seront adoptées en juillet et ensuite débuteront les passages en revue des réacteurs nucléaires« , a rappelé pour sa part un porte-parole de l’Autorité de régulation nucléaire.
« Même si certains réacteurs remplissent les conditions de sûreté, il y aura des procédures additionnelles ultérieures, dont celles d’obtenirl’approbation de la population locale« , a ajouté un fonctionnaire de la même instance.
SPÉCULATIONS D’AREVA
Cette réaction intervient alors que les spéculations vont bon train. Lundi, le président du directoire du groupe français Areva, Luc Oursel, a dit s’attendre au redémarrage de six réacteurs d’ici à la fin de l’année. Le PDG de l’entreprise d’uranium canadienne Cameco a pour sa part estimé mi-février que huit devraient avoir été remis en service avant fin 2013.
Inversement, l’agence de presse Kyodo a indiqué, sur la base d’uneenquête auprès des compagnies, qu’aucun ne devrait être relancé cette année à cause des délais et contraintes réglementaires. Quant aux deux d’Oi en activité, ils devraient être arrêtés pour maintenance en septembre, ce qui risque d’entraîner une nouvelle période « nucléaire zéro » comme le Japon en a déjà connu une en mai et juin 2012.
LE MORAL DES HABITANTS AFFECTÉ
La situation dans la province de Fukushima est « très compliquée », en raison des répercussions de l’accident nucléaire, selon Hiroshi Suzuki, à la tête d’une commission consultative pour la reconstruction de la province de Fukushima. « Il n’y a pas suffisamment d’attention envers la santé mentale » des habitants a déclaré M. Suzuki.
« La situation est très grave. […] Bien qu’ils aient la possibilité de se réunir, ils ne peuvent pas communiquer entre eux à propos des dégâts qu’ils ont subis. C’est donc à nous, les personnes non affectées directement, de leur rendre visite et d’écouter ce qu’ils ont à dire, mais ces efforts ont été très insuffisants. »
Le gouvernement a ordonné à quelque 110 000 personnes d’évacuer une zone interdite autour du complexe atomique paralysé, gelant ainsi de facto la remise en état des villes et villages. Si certains ont commencé à revenir dans les lieux les moins contaminés, à la suite d’une redéfinition plus étroite de la zone interdite, il est àcraindre que certains endroits restent inhabitables durant des décennies.