Japon 2013 – Après le déluge/22

L’Isle le 31 janvier:

A Fukushima-Daiichi, un trou et des mSv pour rien

Tepco a délégué hier une équipe de techniciens pour forer un trou d’environ 20 cm de diamètre dans le plancher du 1er étage de l’unité n°. 2 de Fukushima-Daiichi ; “l’opérateur” espérait pouvoir observer par cet orifice le fond de la salle du tore via une mini-caméra ; hélas quelque chose a cloché et l’opération s’est soldée par un échec manifeste.

Une opération mal préparée ou des équipements profondément modifiés au fil des 50 années d’exploitation et non reportés sur les plans ?

2013-01-29_19h10_23L’opérateur semblait pourtant avoir soigneusement sélectionné d’après les plans en sa possession l’emplacement précis où l’équipe affectée à ce travail devait forer le trou au niveau du plancher du 1er étage du bâtiment-réacteur de l’unité n°. 2 ; cet orifice était censé déboucher dans une zone dépourvue de tout équipement, tuyauterie… Le lieu choisi se trouve dans la partie Nord-Nord-Ouest du 1er étage, au niveau de la petite salle qui abrite les échangeurs de chaleur du circuit RHR .

 

L’opérateur tombe sur un os sous la forme de tuyauteries… inattendues à cet endroit !

Le commentaire de Tepco suite à l’opération est assez laconique – comme souvent quant une opération planifiée par ce dernier tourne au vinaigre : l’opérateur se contente de remarquer que “des obstacles (tuyauteries, passerelle) ont été découverts suite à l’opération de forage”. Allons bon ! Ce sont les foreurs dudit orifice inutile, exposés à une dose individuelle de 2 mSv le 27 et de deux autres mSv le 28, qui seront ravis d’apprendre que l’opération n’aura finalement servi à rien et qu’ils seront, eux-mêmes ou d’autres équipiers, priés de renouveler l’opération après que les “responsables” aient de nouveau réfléchi au problème. Et s’ils allaient se les forer eux-mêmes, leurs trous tout foireux ?

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(1) Il ne semble pourtant pas si difficile de les contourner, ces fichues tuyauteries ?

Des modifications structurelles profondes et un accès impossible au bâtiment principal de Fukushima-Daiichi où les plans de ces dernières sont stockées ?

Selon le journaliste indépendant Ryuchi Kino cité sur le blog ex-skf, les plans où les modifications, parfois importantes, des installations des ilots nucléaires de Fukushima-Daiichi auraient été consignées seraient en fait inaccessibles car la zone du bâtiment administratif principal aurait été très endommagée par le séisme (?) et localisé en “zone interdite” , ce qui signifie qu’il est impossible de prendre le temps nécessaire à la recherche et à la récupération de ces documents, à supposer que les dites mises à jour aient effectivement été reportées au niveau de la documentation technique.

Tepco piégé par sa propre négligence

Quoiqu’il en soit, des documents aussi vitaux n’auraient-ils pas du être stockés dans une zone sécurisée, à une distance raisonnable du site principal ? A force de jouer avec le feu, Tepco finit par se bruler une fois de plus !

Nous ne comprenons pas non plus très bien en quoi la présence de tuyauteries de dimension relativement modestes et en conséquence facilement contournables interdit la descente de sondes et de caméras comme le prévoyait Tepco à l’origine, à moins que l’opération ne vise en fait d’autres buts, ceux-ci nettement moins documentés ou encore que la manœuvre ne se soit en réalité heurtée à un “os” encore plus important qui n’aurait pas été commenté.

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(2) L’opération ratée du 27 janvier 2013

Pour preuve, d’adroits techniciens ont d’ailleurs réussi par le passé à insérer des endoscopes dans des leiux similaires mais en empruntant des parcours pas forcément plus évidents, commel’opération organisée le 26 juin 2012 lors d’une exploration très ressemblante menée au niveau de l’unité n°. 1 ; Tepco avait alors ré-utilisé un orifice “naturel” dans le plancher du 1er étage de 1F1 et l’opération s’était relativement bien déroulée, sans avoir toutefois pu révéler la présence – ou l’absence – de tout ou partie du combustible égaré mais en mettant toutefois en évidence à ce niveau des débits de dose radioactive incroyablement élevés (> 100.000 Sv/h !).

(3) Une opération très similaire a été réalisée au niveau de l’unité n°. 1 le 26 juin 2012
Que s’est-il passé le 27 janvier 2013 pour que la caméra ne puisse être descendue ?

Un dernier détail nous trouble profondément : si le schéma n°. 2 est précis, le cliché n°. 1 pris à travers l’ouverture devrait montrer le mur Nord de la salle du tore sur la partie droite de la photo, la passerelle étant apparemment située au niveau externe du tore comme le montre le schéma n°. 3 ci-dessus et le tore situé sur l’extrême gauche de la photo. Il est impossible de croire que que l’orifice a été percé au mauvais endroit mais alors pourquoi diable ne peut-on observer la paroi Nord du BR1 qui devrait pourtant être contigüe à l’orifice foré ?


Sources :

Drilling Holes for the Investigation of Unit 2 Torus Room at FD NPP, Tepco, 28113

Pipes That Should Not Be There Are Blocking the Way in Reactor 2 Torus Room, ex-skf, 28113

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