L’Isle le 17 janvier:
Hamaoka : des crayons de combustible bien fatigués
Une inspection réalisée en 1994 sur des assemblages de combustible irradié à la centrale nucléaire de Hamaoka avait révélé au moins une fissure importante ; un nouvel examen endoscopique effectuée récemment semble avoir découvert dautres défauts au niveau du combustible irradié dans lun des plus anciens réacteurs Japonais. Retour sur une dégradation inquiétante de lune des barrières radiologiques du combustible brulé dans les centrales nucléaires.
La tranche n°. 1 de Hamaoka
Le réacteur n°. 1 de la centrale dHamaoka était lun des tous premiers mis en service au Japon en 1974 ; il sagissait dun Réacteur à Eau Bouillante General Electric Mk 1 BWR/3 de 515 MW, légèrement plus performant mais ressemblant par ailleurs beaucoup à lunité n°. 1 de Fukushima-Daiichi.
Lunité n°.1 (ainsi que lunité n°. 2) ont été mises définitivement hors-service au début de lannée 2009 après avoir subi un bon nombre davaries dont la rupture dune vanne HPCI en 2001 ayant entrainé un accident LOCA .
Le site dHamaoka est en outre situé au niveau dune zone de subduction majeure (la faille de Nankaï) au niveau de laquelle les spécialistes Japonais prévoient une probabilité daffaissement majeure (un séisme égal ou supérieur à 8.0) sélevant à 90% au cours des 30 prochaines années.
1994 : au moins une fissure majeure détectée dans la partie inférieure de lun des crayons
Dans le cadre des longs travaux de démantèlement de lunité n°. 1, lassemblage au sein duquel les défauts ont été initialement repérés en 1994 a été déplacé en janvier 2012 de la piscine de combustible irradié de lunité n°. 1 vers celle de lunité n°.5, opération suite à laquelle un nouveau contrôle de lassemblage a été initié.
Le défaut initial isolé en 1995 ; notez le bleuissement des enveloppes inférieures des crayons
selon une ligne apparemment oblique correspondant approximativement à la hauteur de la fissure
La constatation de cet endommagement de lenveloppe de Zircaloyentourant les pastilles de combustible a été effectuée à la fin de lannée 1994, après que les techniciens en charge du contrôle de la radioactivité de leau du circuit primaire n°. 1 aient constaté une augmentation significative de la radioactivité dans le cur ; lassemblage défectueux fût ensuite isolé puis placé dans la piscine de désactivation n°. 1.
Dans la famille explications simplistes, Chubu veut : le problème de manutention
Ledit assemblage fût donc déplacé début 2012 de la piscine n°. 1 dans la piscine n°. 5 où un nouveau contrôle endoscopique fût effectué. De nouveaux défauts furent identifiés à cette occasion que lopérateur plaça par lune de ces pirouettes magiques du village électronucléaire non sur le dos dun vieillissement quelconque déléments anciens et probablement largement fragilisés par une réaction neutronique mais par des prétendues contraintes mécaniques de manipulation qui auraient déformé les crayons.
Nous voyons deux objections majeures à cette hypothèse :
1) La machine de manipulation de combustible ainsi que les châteaux de stockage temporaire sont conçus pour nexercer quune contrainte mécanique négligeable lors de la manutention du combustible ; toute la procédure de manipulation seffectue en outre le panier vertical ; la seule contrainte résultante éventuelle ne peut donc être quaxiale, cest à dire en tension sur lassemblage
2) Le bleuissement constaté sur le premier document évoque plutôt une contrainte thermique ou à la rigueur une réaction chimique quune contrainte mécanique sur lassemblage comme le signale intelligemment un commentateur averti sur le fil de commentaires enformable.com, même si ce dernier indique ensuite que la paroi des crayons ne mesure quenviron 0.035 inch soit moins dun millimètre dépaisseur !
La dégradation inexpliquée dune barrière disolement radiologique nest jamais une bonne nouvelle !
La contrainte évoquée pourrait à notre avis plutôt avoir été induite soit par une amplitude thermique temporaire sortant des zones de sécurité initialement prévues pour lalliage , soit par une usure neutronique intensive ou encore lassociation de ces deux causes.
Une autre explication logique pourrait impliquer le processus de fabrication des crayons de combustible, le procédé de fabrication mécanique le plus fiable soit-il nétant jamais à labri dévènements de probabilité rare mais jamais nulle.
Quoiquil en soit, il faut espérer que le comportement fuyard de cet assemblage reste un cas relativement isolé faute de quoi la technique actuelle de stockage à moyen terme des assemblages en piscine de désactivation devra être revue, lensemble du combustible irradié stocké en piscine vérifié visuellement , ce qui alourdirait à coup sûr des contraintes financières déjà très préjudiciables aux installations électronucléaires vétustes ; des charges financières évidemment non provisionnées qui alourdiraient un peu plus le coup de grâce ? le fragile équilibre financier dune filière déjà bien mal en point.
Sources :
Cracks found in spent fuel rods at Hamaoka nuclear power plant, enformable, 11113
Status of Hamaoka NPP Units N°. 1, 2 and 5, Chubu Electric, 191212
Nouvelle fissure sur une barre de combustible, at-s, 11113 (Japonais)
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