L’Isle le 14 janvier:
Fukushima : le suivi dosimétrique aux extrémités des intervenants a été inexistant durant les trois premiers mois de la catastrophe
Malgré des probabilités dexposition à des doses aux extrémités importantes, les travailleurs employés sur le chantier de Fukushima-Daiichi nauraient été que tardivement équipés de dosimètres passifs aux mains et aux pieds, appareils de mesure qui sont théoriquement obligatoires dès que la répartition de la radioactivité ambiante est asymétrique (débris ou contamination déposée au sol, au sol, flaques, exposition à hauteur de la tête).
Des travailleurs mal équipés
Le Mainichi Daily du 4 janvier revient sur la protection des travailleurs exposés à la radioactivité sur limmense et éternel chantier de Fukushima-Daiichi en révélant des défauts graves et prolongés au niveau des relevés dosimétriques des intervenants ; ces derniers auraient été lors des 3 premiers mois après laccident équipés uniquement dappareils de dosimétrie active au niveau de leur poitrine alors que les doses auxquelles ils étaient exposés auraient pu très logiquement être bien plus importantes aux niveau de leurs extrémités.
Des sources Bêta ignorées
Un travailleur a notamment dû sauter à de nombreuses reprises dans des flaques deau contaminées afin de procéder à des relevés de radioactivité ; ses chaussures et ses chaussettes étaient dailleurs détrempées après lopération ! Alors que la dosimétrie ambiante était stabilisée à environ 20 mSv/h, des relevés au niveau desdites flaques faisaient apparaître des doses supérieures à 100 mSv. Des milliers dintervenants ont probablement travaillé sur le site lors des deux ou trois premiers mois dans les mêmes conditions sans que cette exposition spécifique ne soit apparemment prise en compte dans leurs dossiers médicaux.
Noyaux légers et noyaux lourds
Les émetteurs Bêta dispersés à la suite dun accident électronucléaire majeur peuvent facilement se concentrer au niveau du sol car leurs retombées recouvrent les surfaces (sol et eau) et nagissent quà des distances relativement modérées contrairement à laction du rayonnement Gamma qui est généralement considérée par défaut. Dans ce cadre accidentel, les principaux émetteurs Bêta sont émis lors de la désintégration des noyaux moyens dispersés par les incendies et / ou les explosions (Césiums, Strontium, Iodes) et de noyaux légers (gaz rares, tritium, carbone 14). Le cas du Tritium (H3) est très spécifique car une fois dispersé sous forme gazeuse (T2) du combustible endommagé cet élément tend à se transformer en eau tritiée (HTO) non seulement par dissolution dans des flaques deau très nombreuses après le passage du Tsunami mais également suite à un phénomène doxydation progressive au contact de lair.
Lincorporation par contact cutané
Les émissions Bêta ne diffusent pas très loin de leur source et ne pénètrent pas non plus très profondément dans les cellules lors de leur désintégration après leur incorporation . Les expositions internes par voie transcutanée se limiteront en conséquence souvent aux zones proches du contact initial, un phénomène localisé qui impose en théorie des mesures de dosimétrie localisées donc spécifiques aux membre exposés.
Les dosimètres dextrémité
Sur le plan pratique, les contrôles dosimétriques aux extrémités seront confiés à des dispositifs passifs se présentant sous la forme de bagues ou de bracelets qui se portent au niveau des doigts ou des extrémités des membres susceptibles dêtre exposés. Ces dosimètres sont hélas passifs et sont parfaitement adaptés à la mesure différée des équivalences de doses Bêta et Gamma.
Une attitude une nouvelle fois critiquable et critiquée de Tepco
Tepco a reconnu les faits dans un communiqué mais à tenté de limiter sa responsabilité en évoquant le fait que « les doses Gamma étaient initialement très supérieures aux doses Bêta », un argument qui a été dénoncé par le Professeur Émérite Anzai de lUniversité de Ritsumaikan qui a déclaré que lopérateur et les autorités auraient immédiatement du ordonner toutes les dispositions utiles pour mesurer les expositions des extrémités et de la tête des travailleurs affectés au chantier et ceci dans le but de prévenir toute apparition ou développement de maladie radioinduite.
La santé des intervenants aurait ainsi pu être mise en péril car ces derniers auraient été exposés dès le début des événements à des doses Bêta très importantes, daprès M. Anzai.
Bague dosimétrique Bêta / Gamma (dosi-tech.be)
Sources :
Fukushima nuke plant workers not checked for radiation doses to arms, legs, mainichi daily, 4113
Évaluation des doses extrémité et peau, AREVA, 22611
Fiche Tritium, ACCRO, 59
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