Japon 2013 – Après le déluge/7

L’Isle le 9 janvier:

Fukushima 1F1 : la JNES encore plus « optimiste » que TEPCO sur la progression du corium

Dans son rapport sur l’accident de Fukushima-Daiichi publié le 17 septembre 2012, l’Agence Japonaise de Sécurité Nucléaire JNES est revenue sur le corium (appelé molten core « cœur fondu ») et notamment sur le parcours que ce dernier aurait pu emprunter une fois qu’il avait quitté le cœur du réacteur n°. 1 dès le lendemain des séisme et tsunami du 11 mars 2011.

L’estimation de l’Interaction Corium-Béton effectuée initialement par TEPCO revue et corrigée par la JNES

l’ICB (MCCI en anglais ) est la projection du parcours qui aurait pu être emprunté par le corium (le combustible en fusion) et une estimation de sa progression lors d’un accident majeur dès lors qu’il a perforé la cuve du réacteur pour se répandre sur le plancher en béton du confinement.

Le combustible fondu et porté à environ 3000° C présente la particularité de réagir avec le béton, une caractéristique qui renforce ainsi sa puissance et donc sa vitesse de progression par un phénomène de réaction thermique s’accroissant au fil de leur association. Cette attitude est documentée depuis longtemps l’analyse initialeeffectuée en novembre 2011 par Tepco dans le cadre de l’accident Japonais semblait ainsi déjà plus plus qu’optimiste en limitant – on ne sait par quel artifice – la progression du corium à quelques dizaines de centimètres.

Fukushima 1F1 : la JNES moins optimiste que TEPCO sur l’ICB

D’après le modèle utilisé par la JNES, la masse de corium – estimée à 1.7 m3 environ (1,45 * 1.45 * 0.81 m) – aurait ainsi progressé dans le radier environ 30 cm moins bas et 2 x 20 cm moins en largeur que les estimations initiales effectuées par Tepco.

Des estimations ridiculement basses

Sur le volume de corium, Tepco et la JNES reconnaissant par ailleurs que 100% du combustible de l’unité n°. 1 a percé la cuve du réacteur, nos propres calculs estiment la masse du « pav頻 initial de corium à 80 tonnes (combustible) + 20 tonnes environ de ferraille (barres de contrôle + acier du fond de cuve réacteur + appareillage de contrôle) soit une centaine de tonnes représentant (masse volumique composite estimée à 15) un volume de plus ou moins 6 m3 soit un minimum de 3 fois plus que l’estimation de Tepco transcrite fidèlement par la JNES.

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En ce qui concerne le pouvoir d’abrasion d’une telle masse de corium, l’étude de l’ORNL de 1981, basée sur le réacteur n°. 1 deBrowns Ferry dont les caractéristiques sont très proches de celles de l’unité 1F1 de Fukushima-Daiichi, prévoyait quant à elle que la masse de corium initiale se formait 7 heures environ après la perte des réseaux électriques puis se renforçait au fil de la réaction évoquée pour percer complétement le radier d’environ 7m d’épaisseur en un peu plus de 7 heures ; la chronologie du percement total du radier était donc estimée à environ H (l’heure du Blackout Stationou perte de l’ensemble des alimentations électriques de l’unité considérée) + 14.

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Autrement dit, selon l’approche américaine modélisée en 1981, le 12 mars vers 6h du matin, le radier de l’unité n°. 1 de Fukushima-Daiichi était déjà définitivement percé, c’est à dire approximativement l’heure à laquelle – selon la chronologie wiki – Tepco affirme avoir pu réinjecter de l’eau douce (en quantité probablement infime) au niveau du réacteur n°. 1.

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L’incertitude sur le chemin emprunté par le corium persiste et signe

Outre cet optimisme flagrant sur la vitesse d’abrasion du radier par le corium au niveau de l’unité n°. 1, il existe en fait un autre problème qui reléguerait celui-ci au niveau d’une aimable plaisanterie : comme nous l’avions évoqué dans notre billet du 22 octobre, nous estimons – au vu des volumes corrigés – que la partie débordante du corium a pu emprunter le chemin de moindre résistance constitué par les 6 canalisations des « relief valves discharge » menant directement du plancher du confinement à l’anneau de suppression.

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Si le corium est effectivement parvenu à ce niveau, il faut rappeler que l’épaisseur du radier en béton sous le tore de suppression n’est plus que de 2 mètres environ !

La JNES perroquet des opérateurs

Le 2 novembre 2011, le Mainichi Daily affirmait déjà que la JNES ne faisait généralement que reprendre les données brutes fournies par les opérateurs électronucléaires sans parfois contrôler ne serait-ce que leur simple cohérence. Il semble que l’agence Japonaise ait amélioré son comportement sur le cas épineux de la catastrophe de Fukushima-Daiichi en réduisant un peu plus des estimations qui l’ont déjà probablement notablement été par Tepco.


Sources :

Severe Accident Analyses [sic] of Fukushima-Daiich [re-sic] Units 1 to 3, JNES, 17912

Progression of Accident at Fukushima Daiichi Nuclear Power Station and the Lessons Learned, TEPCO, 2012

Station Blackout at Browns Ferry unit 1, ORNL, 1181

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