L’Isle le 9 janvier:
Fukushima 1F1 : la JNES encore plus « optimiste » que TEPCO sur la progression du corium
Dans son rapport sur laccident de Fukushima-Daiichi publié le 17 septembre 2012, lAgence Japonaise de Sécurité Nucléaire JNES est revenue sur le corium (appelé molten core « cur fondu ») et notamment sur le parcours que ce dernier aurait pu emprunter une fois quil avait quitté le cur du réacteur n°. 1 dès le lendemain des séisme et tsunami du 11 mars 2011.
Lestimation de lInteraction Corium-Béton effectuée initialement par TEPCO revue et corrigée par la JNES
lICB (MCCI en anglais ) est la projection du parcours qui aurait pu être emprunté par le corium (le combustible en fusion) et une estimation de sa progression lors dun accident majeur dès lors quil a perforé la cuve du réacteur pour se répandre sur le plancher en béton du confinement.
Le combustible fondu et porté à environ 3000° C présente la particularité de réagir avec le béton, une caractéristique qui renforce ainsi sa puissance et donc sa vitesse de progression par un phénomène de réaction thermique saccroissant au fil de leur association. Cette attitude est documentée depuis longtemps ; lanalyse initialeeffectuée en novembre 2011 par Tepco dans le cadre de laccident Japonais semblait ainsi déjà plus plus quoptimiste en limitant on ne sait par quel artifice la progression du corium à quelques dizaines de centimètres.
Daprès le modèle utilisé par la JNES, la masse de corium estimée à 1.7 m3 environ (1,45 * 1.45 * 0.81 m) aurait ainsi progressé dans le radier environ 30 cm moins bas et 2 x 20 cm moins en largeur que les estimations initiales effectuées par Tepco.
Des estimations ridiculement basses
Sur le volume de corium, Tepco et la JNES reconnaissant par ailleurs que 100% du combustible de lunité n°. 1 a percé la cuve du réacteur, nos propres calculs estiment la masse du « pav頻 initial de corium à 80 tonnes (combustible) + 20 tonnes environ de ferraille (barres de contrôle + acier du fond de cuve réacteur + appareillage de contrôle) soit une centaine de tonnes représentant (masse volumique composite estimée à 15) un volume de plus ou moins 6 m3 soit un minimum de 3 fois plus que lestimation de Tepco transcrite fidèlement par la JNES.

En ce qui concerne le pouvoir dabrasion dune telle masse de corium, létude de lORNL de 1981, basée sur le réacteur n°. 1 deBrowns Ferry dont les caractéristiques sont très proches de celles de lunité 1F1 de Fukushima-Daiichi, prévoyait quant à elle que la masse de corium initiale se formait 7 heures environ après la perte des réseaux électriques puis se renforçait au fil de la réaction évoquée pour percer complétement le radier denviron 7m dépaisseur en un peu plus de 7 heures ; la chronologie du percement total du radier était donc estimée à environ H (lheure du Blackout Stationou perte de lensemble des alimentations électriques de lunité considérée) + 14.
Autrement dit, selon lapproche américaine modélisée en 1981, le 12 mars vers 6h du matin, le radier de lunité n°. 1 de Fukushima-Daiichi était déjà définitivement percé, cest à dire approximativement lheure à laquelle selon la chronologie wiki Tepco affirme avoir pu réinjecter de leau douce (en quantité probablement infime) au niveau du réacteur n°. 1.
Lincertitude sur le chemin emprunté par le corium persiste et signe
Outre cet optimisme flagrant sur la vitesse dabrasion du radier par le corium au niveau de lunité n°. 1, il existe en fait un autre problème qui reléguerait celui-ci au niveau dune aimable plaisanterie : comme nous lavions évoqué dans notre billet du 22 octobre, nous estimons au vu des volumes corrigés que la partie débordante du corium a pu emprunter le chemin de moindre résistance constitué par les 6 canalisations des « relief valves discharge » menant directement du plancher du confinement à lanneau de suppression.
Si le corium est effectivement parvenu à ce niveau, il faut rappeler que lépaisseur du radier en béton sous le tore de suppression nest plus que de 2 mètres environ !
La JNES perroquet des opérateurs
Le 2 novembre 2011, le Mainichi Daily affirmait déjà que la JNES ne faisait généralement que reprendre les données brutes fournies par les opérateurs électronucléaires sans parfois contrôler ne serait-ce que leur simple cohérence. Il semble que lagence Japonaise ait amélioré son comportement sur le cas épineux de la catastrophe de Fukushima-Daiichi en réduisant un peu plus des estimations qui lont déjà probablement notablement été par Tepco.
Sources :
Severe Accident Analyses [sic] of Fukushima-Daiich [re-sic] Units 1 to 3, JNES, 17912
Progression of Accident at Fukushima Daiichi Nuclear Power Station and the Lessons Learned, TEPCO, 2012
Station Blackout at Browns Ferry unit 1, ORNL, 1181



