L’Isle le 26 décembre: Le sacrifice nucléaire de nos enfants : 14 recommandations pour aider le Japon contaminé par la radiation.
Dr. Helen Caldicott est pédiatre, spécialiste en fibrose kystique et présidente fondatrice de Physicians for Social Responsibility qui, au nom dun groupe de coordination plus grand, a reçu le prix Nobel pour la Paix en 1985. Il semble que ce texte na pas été assez diffusé, cest pourquoi jen reproduis ici la traduction française, ainsi que les liens vers les versions anglaise, allemande et japonaise.
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Le sacrifice nucléaire de nos enfants : 14 recommandations pour aider le Japon contaminé par la radiation.
Par Helen Caldicott, M.D.
Le 24 Août 2012
source originale en anglais : http://www.helencaldicott.com/2012/08/the-nuclear-sacrifice-of-our-children/
texte en allemand : http://akiomatsumura.com/wp-content/uploads/2012/08/matsumura_caldicott.pdf
texte en japonais : http://akiomatsumura.com/wp-content/uploads/2012/08/Helen-Japanese-translation-+-bio-for-web.pdf
source traduction française : http://akiomatsumura.com/wp-content/uploads/2012/08/Helen-Caldicott-article-French-sep-12.pdf
« En voyage à Cuba en 1979, jai été frappée par le nombre de panneaux publicitaires en bord de route affichant ces mots « Nos enfants sont notre patrimoine national ».
Ces mots résonnèrent dans mon âme de pédiatre car je les trouve tellement vrais. Mais comme laffirme Akio Mastsumura dans son article, nos enfants sont actuellement sacrifiés sur lautel des programmes politiques et nucléaires des Nations unies pour la survie des hommes politiques, dont la plupart sont des hommes, ainsi que pour des raisons de « sécurité nationale ».
Le problème dans le monde actuel est que les chercheurs ont oublié le commun des mortels à leur niveau dentendement de la science. Savent-ils quune mauvaise application de la science, et notamment de la science nucléaire, a détruit et continuera à détruire une grande partie de lécosphère et de la santé humaine ?
A vrai dire, la plupart des hommes politiques, daffaires, des ingénieurs et des physiciens nucléaires ne comprennent manifestement rien à la radiobiologie, et notamment quant à savoir comment la radiation provoque le cancer, les déformations congénitales et les maladies génétiques qui se transmettent de génération en génération. Ils ne reconnaissent pas non plus que les enfants sont vingt fois plus sensibles au rayonnement que les adultes, que les fillettes sont deux fois plus vulnérables que les petits garçons et les ftus bien plus encore.
Doù la réaction ridicule et irresponsable des hommes politiques japonais au désastre de Fukushima, non seulement parce quelle repose sur une ignorance totale mais aussi parce quelle est influencée par les liens politiques quils entretiennent avec TEPCO (Tokyo Electric Power Company) et lindustrie nucléaire, qui ont tendance à orchestrer une grande partie du débat politique japonais.
Laccident de Fukushima a libéré 2,5 à 3 fois plus de radiations que Tchernobyl alors que le Japon a une population beaucoup plus dense et importante que lUkraine, le Belarus et la Russie ; étant donné également quun million de décès attribués à Tchernobyl sont survenus dans les 25 années après cet accident, on sattend à ce que plus dun million de Japonais succombent aux retombées de Fukushima au cours des 25 prochaines années. Cependant, pour cette génération, le temps dincubation du cancer à la suite de lexposition à la radiation peut varier entre 2 et 90 ans. Ce constat sapplique donc aussi à toutes les générations japonaises futures qui seront exposées à un environnement et à une alimentation radioactifs.
Il semble que les dirigeants japonais se livrent activement à ignorer ou à dissimuler ces effrayantes prédictions médicales et que dans leur ignorance ils décident que les gens peuvent très bien retourner ou continuer à vivre dans les zones hautement contaminées. Cependant, à la suite de Fukushima, même certaines sections de Tokyo enregistrent la présence disotopes radioactifs dangereux dans la poussière des maisons, les plantes et le sol des rues.
Les cancers de la thyroïde associés à Tchernobyl ont fait leur apparition seulement trois ou quatre ans après laccident (alors quaujourdhui, 92 000 cas ont été diagnostiqués). Cependant, douze mois à peine après lévènement, à la Préfecture de Fukushima les écographies de 36% des 38 000 jeunes de moins de 18 ans révèlent la présence de kystes ou de nodules thyroïdiens (des biopsies doivent être effectuées pour exclure toute malignité). Un tel temps dincubation raccourci donne à penser que ces enfants ont presque indubitablement reçu une forte dose dirradiation à la thyroïde en inhalant et en ingérant de liode radioactif.
Ces résultats sont de mauvais augure pour le développement dautres cancers puisque des centaines dautres éléments radioactifs se sont dispersés, qui se concentrent maintenant dans les aliments, le poisson et les poumons humains. Certains de ses éléments ne restent radioactifs que pendant quelques minutes mais beaucoup le restent pendant des centaines à des milliers dannées. Ceci signifie que la plus grande partie de lalimentation japonaise restera radioactive pendant plusieurs générations à venir. Cest ainsi que les accidents nucléaires nen finissent jamais. 40% de la masse terrestre européenne est encore radioactive et le restera pendant des millénaires.
Que devrait-il donc se passer au Japon ? Voici mes recommandations :
1. Toutes les régions du Japon doivent faire lobjet dune évaluation de la radioactivité du sol et de leau car les vents peuvent déplacer la pollution radioactive à des centaines de kilomètres du point dorigine à Fukushima.
2. Les déchets et les débris radioactifs ne doivent en aucun cas être incinérés pour éviter que les isotopes ne se reconcentrent dans les aliments et le poisson, se répandant ainsi davantage.
3. Tous les lots daliments doivent être adéquatement analysés au moyen de spectromètres afin de déceler les éléments radioactifs précis quils renferment.
4. Aucun aliment radioactif ne doit être vendu ou consommé, ni dilué dans de la nourriture non-radioactive pour les besoins de la vente car les composants radioactifs ont cette faculté de pouvoir se reconcentrer dans divers organes du corps.
5. Toute leau destinée à la consommation humaine doit faire lobjet dune analyse hebdomadaire.
6. Tout le poisson capturé au large de la côte est doit être analysé pendant plusieurs années à venir.
7. Toutes les personnes, surtout les enfants, les femmes enceintes et celles qui sont en âge de procréer qui continuent à vivre dans les zones de haute irradiation doivent immédiatement être évacuées vers les zones non-radioactives du Japon.
8. Toute la population qui a été exposée à lirradiation de Fukushima notamment les bébés, les enfants, les immunosuppressifs, les personnes âgées et autres doivent faire lobjet de visites médicales régulières afin de détecter tout/e malignité, dépression médullaire osseuse, diabète, anomalie thyroïdienne, maladie cardiovasculaire, vieillissement prématuré et cataractes. Ils doivent aussi bénéficier de traitements adaptés pour le restant de leur vie. La leucémie commencera à se manifester dans les deux prochaines années et atteindra son pic dans cinq ans. Les cancers solides commenceront à faire leur apparition 10 à 15 ans après laccident avec une fréquence croissante pour cette génération au cours des 70 à 90 années à venir.
9. Tous les médecins et prestataires de soins médicaux au Japon se doivent de lire et dapprofondir leur examen de « Tchernobyl Conséquences de la Catastrophe pour lhomme et la nature », rédigé par lAcadémie de Sciences de New York, afin de bien saisir la gravité de la situation qui les confronte.
10. Je propose aussi en toute humilité que les médecins en particulier, mais aussi les hommes politiques et le public, consultent ma page web nuclearfreeplanet.orgpour plus dinformations, quils écoutent également les entretiens relatifs à Fukushima et à Tchernobyl dans mon émission radio à ifyoulovethisplanet.org et quils lisent mon livre NUCLEAR POWER IS NOT THE ANSWER (La puissance nucléaire nest pas la solution).
11. La communauté médicale internationale et en particulier lOMS doivent être mobilisées immédiatement pour venir en aide à la profession médicale et aux hommes politiques japonais, afin notamment de lancer la tâche monumentale à laquelle il est fait référence ci-dessus.
12. Le gouvernement japonais se doit dêtre disposé à écouter les avis et à recevoir laide proposée par la communauté internationale.
13. Le Japon doit, de toute urgence, demander et recevoir les avis et laide internationale par le truchement de lAIEA (Agence Internationale de lEnergie Atomique) et de la NRC (Commission de Règlementation Nucléaire) aux Etats-Unis, des spécialistes nucléaires situés au Canada, en Europe, etc. afin déviter leffondrement de lunité 4 de la centrale de Fukushima Daiichi et du bassin de combustible usé, au cas où surviendrait un tremblement de terre dampleur de plus de 7 à léchelle de Richter. Si ce bassin seffondrait, cela engendrerait une chaleur et un feu qui pourrait libérer des substances radioactives 10 fois plus importantes que celles de Tchernobyl. Il ny a pas de temps à perdre alors que, en ce moment la communauté mondiale attend passivement que la catastrophe arrive.
14. Les médias internationaux et japonais doivent immédiatement rapporter les faits relatifs au Japon qui sont énoncés ci-dessus. Ne pas le faire, cest courir à la catastrophe mondiale. »