Japon 2012 Apres le déluge/209

L’Isle le 14 décembre:

Fukushima : le robot Toshiba de nouveau figé en intervention, une patte en l’air

Le robot à pattes conçu par Toshiba a été missionné hier pour tenter de localiser la source d’une fuite importante située au niveau du confinement du bâtiment-réacteur n°.2 de Fukushima-Daiichi. Tepco n’a pas été très bavard sur les motivations précises de cette intervention – à priori non planifiée – mais il est possible que le niveau d’eau baignant la salle du tore ait pu diminuer par rapport aux observations précédentes, causant des questionnements sur la voie par laquelle ces eaux fortement contaminées disparaissaient.

Il est possible également que Tepco recherche toujours la voie par laquelle l’eau contaminée s’écoule du drywell (cuve PCV) vers la salle du tore mais c’est moins probable du fait de l’aspect très inopiné de l’intervention.

Fukushima : le robot Toshiba de nouveau figé en intervention, une patte en l'air

Le niveau maximal de l’eau dans la salle du tore n°. 2 peut ainsi être estimé à environ 1m sous la pipe située au Nord-Nord-Est, ce qui nous amène à un niveau OP. d’environ +3000 (3m), approximativement équivalent à celui constaté au niveau de l’unité 1F1.

Le robot Toshiba de nouveau figé en intervention, une patte en l’air

La petite merveille technologique élaborée par Toshiba semble décidément présenter un défaut récurent : le robot se serait de nouveau bloqué en pleine intervention, une patte en l’air, comme il l’avait fait lors de la démonstration effectuée devant la presse il y a quelques semaines.

Fukushima : où sont passées les milliers de m3 d'eau qui stagnaient dans la salle du tore 1f2 ?

Un petit mensonge de plus de l’opérateur

Alors que Tepco avait initialement signalé que l’intervention s’était déroulée sans problème, l’opérateur a finalement avoué lors de la conférence de presse d’hier que le robot s’était de nouveau trouvé en fâcheuse posture.

Où l’on apprend des choses intéressantes quand un journaliste fait consciencieusement son travail : pousser son interlocuteur dans ses retranchements

En reprenant la déclaration ci-dessus, on peut constater que l’opérateur déclare que le robot à d’abord « descendu l’escalier pour se retrouver sur le sol [de la salle du tore] » avant de remonter vers la passerelle d’accès au tore qui se situe un peu plus haut.

Si l’on entend par basement (sous-sol) le plancher de la salle du tore, le fait que celui-ci se situe à OP. – 1000 environ (1m sous le niveau moyen de l’Océan), provoque notre étonnement sur une aptitude inconnue du robot à nager dans des eaux passablement contaminées ?

Il semble en fait que le basement évoqué par Tepco consiste plutôt en un entresol intermédiaire qui figure sur le document ci-dessous (mid-basement) et qui serait quant à lui juste situé juste au-dessus de la surface estimée de l’eau radioactive.


Deux employés se « mangent » 1.35 mSv simplement pour récupérer l’engin déficient

Cette information nous fait bondir : Tepco, tout en sachant pertinemment que le robot présente parfois des problèmes comportementaux (des pertes d’attitude !), a malgré tout choisi de l’envoyer immédiatement en intervention dans une zone hautement contaminée avec pour résultat l’activation inopinée d’une expédition biologique de secours ; chacun des 2 intervenants s’est ainsi « ramass頻 1.35 mSv simplement pour hisser le robot inconscient et le ramener à l’extérieur de la salle du tore !

A ce niveau la radioactivité ambiante est d’environ 50 mSv/h avec un passage dans l’escalier ascendant à 110 mSv/h ! Exposer des humains à cette dose, même d’une manière rapide, pour aller récupérer un tas de boulons inanimé n’est-il pas un ordre relevant du plus parfait mépris de Tepco pour ses employés , attitude associée à la plus complète inconscience de la part des opérateurs en question.

Il faudra bien que l’on reparle de dosimétrie neutronique un jour ou l’autre

Attendu qu’un corium traîne ou a du moins traîné un moment dans les parages, il est possible que les intervenants soient en outre exposés à l’un des rayonnements les plus invasifs et les plus nuisibles à la vie organique : les neutrons sont très énergétiques, très pénétrants et cassent l’ADN comme aucune autre irradiation ne le fait (sauf peut-être le rayonnement Alpha ?).

Nous en reparlerons dans un futur billet car nous sommes intimement convaincus que personne ne tient compte de cette hypothèse – pourtant évidente au moins dans les premiers jours de la catastrophe – dans le tableau dosimétrique des intervenants, sauf à croire qu’ils se baladent avec une boule de bowling de 20 cm de diamètre dans la poche .

La référence de dosimétrie active neutronique : le genre de matériel que l’on a pas vu souvent traîner du côté de Fukushima-Daiichi ! Il s’agit pourtant de la technologie de dosimétrie opérationnelle neutron la plus sensible (du « thermique » à 12 MeV) et très sélective au rayonnement Gamma parasite. Par contre, pour la taille et le poids…


Sources :

TEPCO unable to locate source of leak in Fukushima reactor, asahi daily, 121212

Toshiba’s robot crashed within 1F2 torus room, ex-skf, 121212

Japan’s new nuclear-proof robot gets stage fright: High-tech machine locks up as it’s unveiled for the first time, Daily Mail, 221112

Les vidéos (très épurées) de Tepco :

Le « mini-moi » du robot principal grimpe sur le tore (00:30)

Le robot aux prises avec ce qui semble simple à un humain (00.35)

Le handouts de Tepco sur l’intervention, 111212

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