L’Isle le 28 septembre/ Rapports des réunions de la Commission indépendante sur Fukushima (1)
Parallèlement à lenquête menée auprès de la population et des employés de la centrale de Fukushima Daiichi, la commission indépendante nommée par le parlement japonais a tenu 19 réunions du 19 décembre 2011 au 9 juin 2012. Ces réunions publiques avaient pour objectif de recueillir les témoignages de responsables (ministres, opérateur), de victimes (maires) et dexperts. Le rapport de la Commission publié en juillet 2012 en anglais donne le résumé de ces réunions. Voici la première partie de leur traduction en français, soit les 12 premières réunions, correspondant aux pages 71 à 77 du rapport original.
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Rapports des réunions de la Commission
(traduction Odile Girard)
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1ère réunion de la Commission
Lieu : The Fukushima View Hotel, Préfecture de Fukushima
Date: 19 décembre 2011
La première réunion de la Commission denquête indépendante sur laccident nucléaire de Fukushima sest tenue au Fukushima View Hotel dans la ville de Fukushima le 19 décembre 2011. La Commission a approuvé la version préliminaire des règles encadrant son fonctionnement, désigné un chef de projet, décidé de la structure des groupes de travail et de son siège, et commencé officiellement son activité. Reiko Hachisuka, un des membres de la Commission, a également présenté un rapport sur les conditions difficiles dans lesquelles vivent aujourdhui les populations concernées. Mme Hachisuka, qui a été évacuée dOkuma, où est située la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, pour vivre dans des résidences provisoires mises à disposition à Aizu Wakamatsu, a déclaré que les réfugiés souffrent dune perte du sentiment de sécurité et de stabilité affectives malgré les affirmations répétées depuis des années par TEPCO et le gouvernement que la centrale était sûre.
Afin de se rendre compte par elle-même des conditions prévalant à la centrale et dans ses environs, la Commission sest rendue sur place le 18 décembre. Elle a aussi observé les efforts de décontamination menés par la municipalité dOkuma. Après la première réunion de la Commission lundi, nous avons visité les logements provisoires de Kawamata qui abritent des réfugiés du district de Yamakiya (qui fait partie de la ville de Kawamata) où les taux de radiation sont élevés. Nous avons parlé personnellement avec le maire de la ville, Michio Furukawa, également représentant de la communauté en résidence provisoire. Nous avons vu les opérations mises en uvre pour décontaminer les champs et les forêts du district de Yamakiya.
2ème réunion de la Commission
Lieu : Keisei Memorial Hall, Tokyo
Date : 16 janvier 2012
Témoins :
Yotaro Hatamura, Président du Comité denquête du Cabinet du Premier Ministre sur laccident de la centrale nucléaire de Fukushima de TEPCO
Shinji Ogawa, Directeur-Général du Comité denquête du Cabinet du Premier Ministre
Masayuki Ishida, Directeur de la Division inspection qualité de lénergie nucléaire de TEPCO
Masayuki Ono, Directeur de la Division qualité et sécurité de lénergie nucléaire de TEPCO
Itaru Watanabe, Directeur-général adjoint du Bureau des politiques de la science et de la technologie au MEXT
Yoshinari Akeno, chef de groupe, Service de la Sécurité nucléaire du Bureau des politiques de la science et de la technologie au MEXT
Tadao Kanda, Directeur, Bureau d lévaluation des politiques, secrétariat du ministre, au MEXT
La Commission a désigné son président intérimaire et le co-président du groupe. Nous avons reçu une explication sur les rapports provisoires et initiaux sur laccident de la centrale nucléaire de Fukushima du comité denquête et de vérification du gouvernement, de TEPCO et du ministère de lEducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT).
3ème réunion de la Commission
Lieu : Shimin Plaza Kazo, Préfecture de Saitama
Date : 30 janvier 2012
Témoin : Katsutaka Idogawa, maire de Futaba.
Le maire de Futaba, Katsutaka Idogawa, a présenté la situation avant laccident de la centrale et les conditions au moment de laccident et durant lévacuation. Il a aussi discuté avec la Commission. Après la réunion, nous avons organisé une réunion avec les habitants de la ville pour écouter leurs derniers commentaires sur laccident et lévacuation, et pour avoir des détails sur la vie des évacués.
Katsutaka Idogawa
Commentaires de M. Idogawa :
- « Depuis ma nomination comme maire, je nai pas cessé de faire part de nos inquiétudes à propos de la centrale nucléaire à TEPCO et NISA. Ils narrêtaient pas de nous dire de ne pas nous faire de souci, que la centrale était absolument sûre. Mais laccident est bel et bien arrivé. Ils ne peuvent pas donner dexplication car laccident serait dû à « des facteurs qui vont au-delà de ce quils pouvaient imaginer ».
- Le centre hors-site était inutilisable parce que trop proche de la centrale. Il faut vérifier et voir à quel type daccident le centre durgence hors-site était censé pouvoir répondre.
- Il est nécessaire de clarifier le rôle joué par les instances de régulation nucléaire et les relations quelles entretiennent avec lindustrie. Pour ce qui est de TEPCO, nous aimerions quait lieu une évaluation de tous les facteurs qui pourraient avoir contribué à laccident. Nous avons besoin de savoir si des questions fondamentales ont été ignorées pour privilégier la profitabilité, si la formation du personnel était adéquate et si les compétences techniques étaient correctement transmises, et quel genre de formation était fournie au grand nombre dintérimaires embauchés pour les inspections régulières. Nous voulons savoir si le service de gestion de crise fonctionnait correctement.
- Pour ce qui est de la préfecture de Fukushima, une enquête est nécessaire pour établir par exemple si elle a diffusé des informations correctes à sa population et si elle fournit actuellement aux gens la protection dont ils ont besoin.
- Quant au niveau de lexposition aux radiations, les explications et les normes sont très diverses et ce nest pas clair du tout. Le taux maximum dexposition cumulative pour la population en général est légalement de 1 millisievert par an. Laccident nous a exposé à des radiations autres que le rayonnement naturel. Il est scandaleux que TEPCO prétende que les radiations émises par sa centrale sont bona vacantia, cest-à-dire un objet sans propriétaire dont ils ne peuvent pas être tenus responsables.
- Après lévacuation, les communications avec le gouvernement ont été absolument inexistantes. La télévision était notre seule source dinformation.
4ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 15 février 2012
Témoins :
Haruki Madarame, Chairman de la Commission de sûreté nucléaire (NSC),
Nobuaki Terasaka, ex-chairman de lAgence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA)
Haruki Madarame
Nobuaki Terasaka
1. Des instructions dépassées : Haruki Madarame, président de la Commission de Sécurité nucléaire, a admis que les instructions de sécurité étaient défectueuses et a présenté ses excuses. Laccident de Fukushima a émis beaucoup plus de radiations que les scénarios figurant dans le chapitre « accident hypothétique » contenu dans les instructions, où les scénarios envisagés étaient dune bien moindre envergure que les scénarios daccident grave utilisés par de nombreux autres pays. Le Guide pour lévaluation du site dun réacteur, qui date de 1964, est toujours la référence pour accorder le permis de construire des centrales nucléaires. Durant le débat, ce guide a été qualifié dobsolète et M. Madarame est davis quil doit être amendé.
2. Manque de préparation des agences : La NSC et NISA étaient toutes deux mandatées pour assurer la sécurité de lénergie nucléaire, mais manquaient de préparation pour les situations durgence. De plus, il a été établi que la NSC comme NISA navaient pas bien compris leur tâche essentielle qui est de protéger la population locale et le pays.
3. Connaissances insuffisantes : Le débat a révélé un manque de connaissances techniques et de compétences en ingénierie nucléaire au sein des agences de régulation et de la direction de ces agences. Le débat a également rappelé à tous lénorme importance de lindépendance et combien il est essentiel de sappuyer sur des décisions et des suggestions fondées sur des faits et des analyses scientifiques pour que ces agences puissent fonctionner correctement. Le Japon a manifestement la responsabilité détablir des normes et des directives de sécurité qui soient dignes de confiance au niveau mondial.
5ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 27 février 2012
Témoin : Richard A Meserve, ex-président de la Commission de régulation nucléaire américaine (NRC), Président de la Carnegie Institution for Science
Dr. Richard A Meserve
1. Une attitude proactive : Les responsables doivent faire des efforts permanents pour améliorer les normes de sécurité existantes. Les entreprises de construction et les opérateurs ne doivent pas présumer de la qualité des normes des agences de régulation et ne doivent pas avoir une attitude passive vis-à-vis des questions de sécurité et de sûreté.
2. Responsabilités et indépendance des opérateurs : Les opérateurs de centrales nucléaires ont indéniablement la responsabilité de prévenir les accidents et dempêcher laggravation des dommages pouvant en découler. En cas durgence, lopérateur est censé prendre des décisions et doit éviter de se tourner vers le gouvernement. Cest la raison pour laquelle les opérateurs doivent avoir les compétences nécessaires.
3. Responsabilités et indépendance des instances de régulation : Le rôle des instances de régulation est dexiger des décisions sensées de la part de lopérateur et de faire appliquer ces décisions pour éviter laggravation des problèmes. Les agences doivent rester indépendantes des opérateurs et du gouvernement. Les agences doivent également définir clairement le rôle de lopérateur, du gouvernement, et de la chaîne de commande. Ces rôles doivent faire lobjet dun entraînement régulier.
4. Transparence de la prise de décisions : Il est important de garantir la transparence dans toutes les procédures de prise de décisions, sauf celles qui touchent à la sécurité nationale. Il est important que les participants expriment ouvertement leur opinion pour gagner la confiance [du public].
5. Importance des ressources humaines : Le Japon devrait suivre le modèle de la NRC, où la majorité des employés passent toute leur carrière à soccuper de sûreté nucléaire ; il devrait aussi fournir aux experts des perspectives suffisamment intéressantes. Au Japon, les professionnels qui ont lhabitude de changer régulièrement de poste au sein de ladministration se révèlent souvent incapables de gérer les situations de crise.
6. Indépendance et transparence des enquêtes : Les caractéristiques les plus importantes pour lenquête sur laccident nucléaire sont lindépendance et la transparence.
6ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 14 mars 2012
Sakae Muto
Témoin: Sakae Muto, Conseiller de TEPCO et ancien Vice-président exécutif et directeur général de la division énergie nucléaire & implantation de centrales de TEPCO
1. Relations entre le gouvernement et lopérateur : Nous avons entendu un témoignage inattendu montrant que le Cabinet avait participé à des discussions sur des questions techniques concernant les réacteurs nucléaires. Le Premier ministre Kan a demandé le numéro de portable du directeur de la centrale de Fukushima, sans en informer la direction de TEPCO
2. Compétence de TEPCO : M. Muto a déclaré que lopérateur était le premier responsable de laccident, mais des questions demeurent concernant la compétence de TEPCO à assumer cette responsabilité.
3. Manque de préparation aux accidents : De longues discussions ont eu lieu sur la culture de sécurité et les actions préventives à mener contre les séismes. M. Muto a sous-entendu que la cause de laccident était le tsunami imprévu mais la possibilité dun tsunami avait été estimée en 2002 et TEPCO doit donc avoir reconnu les risques. Toutefois M. Muto a soutenu ne pas avoir eu connaissance de ces études. Ceci était clairement une défaillance de la culture de sécurité de TEPCO.
7ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 19 mars 2012
Témoins :
Volodymyr Holosha, Directeur de lAgence de lÉtat ukrainien pour la gestion des zones dexclusion, Ministre des Situations durgence
Anatoliy Gora, Directeur adjoint de la centrale nucléaire de Chernobyl
Leonid Tabachnyi, Vice-Président du Centre dobservation géophysique du service dhydrométéorologie au ministère ukrainien des Situations durgence
Volodymyr Holosha
Leonid Tabachnyi
1. Laccident de Chernobyl diffère de celui de Fukushima par les types de matériaux radioactifs rejetés, les conditions météo, la géographie et létat des enceintes de confinement des réacteurs. Cependant les deux accidents ont été qualifiés daccidents de niveau 7 (accident grave), une qualification de léchelle internationale des événements nucléaires (échelle INES). Chernobyl a provoqué dimportantes émissions de matériaux radioactifs et affecté lenvironnement et de très nombreuses vies. Les matériaux radioactifs continuent à affecter sévèrement la santé publique et lenvironnement 26 ans après laccident.
2. Questions concernant lexposition : De nombreuses personnes ayant travaillé dans les zones contaminées en Ukraine ont été exposées aux radiations. Beaucoup de petits enfants qui ont été exposés aux radiations ont développé un cancer de la thyroïde. Lexposition aux radiations ne se contente pas de provoquer des cancers de la thyroïde chez les jeunes enfants ; elle affecte lensemble du coprs. Les personnes évacuées souffrent de stress et de phobie des radiations. Les aliments contaminés sont surveillés et contrôlés séparément par type, quantité consommée, etc.
3. Questions concernant la diffusion de linformation : La nécessité de diffuser linformation a été reconnue par le gouvernement ukrainien, qui a tiré les leçons de lépoque de lURSS. Cependant, il y a beaucoup dunités de mesures, comme les becquerels, les sieverts et les curies, qui ne sont pas bien connues de la population. Linformation du public peut être diffusée de manière différente selon les niveaux de contamination.
8ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 28 mars 2012
Témoins :
Ichiro Takekuro, représentant de TEPCO et responsable de lénergie nucléaire chez TEPCO avant laccident. Il était au Kantai pendant laccident.
Kenkichi Hirose, Conseiller spécial du Cabinet du Premier Ministre, chargé de la NSC, ancien secrétaire-général de la Commission de sûreté nucléaire (NSC) et ancien directeur-général de lAgence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA)
Ichiro Takekuro
Kenkichi Hirose
1. Compétence de TEPCO : Quoique la première obligation de TEPCO soit de prévenir les accidents et de minimiser les dommages, lentreprise sest révélée comme nayant pas la capacité dauto-gouvernance qui aurait permis de mettre en place les mesures adéquates de prévention des accidents ; il lui manque aussi la culture qui lui permettrait de mener des efforts concertés pour améliorer la sûreté nucléaire en tenant compte du point de vue de la population. De plus, TEPCO ne reconnaît pas clairement les tâches et obligations liées à la sûreté nucléaire qui sont celles dun opérateur dénergie nucléaire. Pour ce qui est du programme de défense en profondeur, M. Takekuro a déclaré que TEPCO sétait concentré sur les trois premiers niveaux, sous-entendant que TEPCO nétait pas responsable de la mise en oeuvre des quatrième et cinquième niveaux de défense en profondeur. Au moment de laccident, TEPCO a envoyé M. Takekuro au bureau du Premier Ministre pour faire un rapport détaillé des conditions de laccident au Premier Ministre. Toutefois, on a découvert que M. Takekuro envoyait en réalité des ordres au site de laccident de la part du Premier Ministre. Il est évident que la culture dentreprise de TEPCO a failli dans ses efforts de prévention des accidents et damélioration de la sûreté nucléaire et failli à ses obligations dopérateur de centrale nucléaire. Ce point est aussi mis en évidence par la longue histoire de dissimulation daccidents de TEPCO
2. Responsabilités des agences de régulation : Les discussions ont clairement montré que les agences de régulation nucléaire comme NISA nont pas rempli leur première obligation, qui est de garantir la sécurité publique. Elles ont ignoré les fondements mêmes dune culture de la sécurité en laissant par exemple des mesures sécuritaires essentielles comme les vérifications (backcheks) aux opérateurs et en passant outre les recommandations de lAIEA ; leur responsabilité en loccurrence est accablante. Il est clair que la procédure de double vérification par la NISA et la NSC ne fonctionnait pas. Les défaillances et les comportements irresponsables révélés au cours du débat ne concernent pas seulement M. Hirose et les autres chefs. Le gouvernement est lui aussi hautement coupable, car cest lui qui a fait de la NISA une administration sous la houlette du METI. [ministère japonais de lÉconomie]
9ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 18 avril 2012
Témoin : Hiroyuki Fukano, Directeur-général de lAgence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA).
Hiroyaki Fukano
1. Directive Sécurité : La Directive Sécurité a été révisée par le gouvernement après laccident de Fukushima sur la base des mesures indiquées dans les Conclusions technologiques qui sont une analyse provisoire. Les conditions daccident envisagées dans la nouvelle Directive Sécurité sont définies en détail avec une séquence dévénements identique à celle de laccident de Fukushima. Aucune mesure ou définition nest donnée pour un accident éventuel dont lenvergure dépasserait le scénario envisagé dans la nouvelle Directive Sécurité et seules quelques mesures de sécurité nécessaires sont incluses :
- Le plan de construction de bâtiments résistants aux séismes, une notion dont le rôle sest révélé critique dans laccident de Fukushima, est défini comme une « tâche à moyen terme ».
- La mise en place de ventilation filtrée, qui existe dans de nombreux pays européens, est définie comme une « tâche à moyen terme »
- Le plan dévacuation durgence, qui est extrêmement important pour la sécurité des habitants, ne relève pas de la discussion sur les « conclusions technologiques » qui ont servi de base à la révision de la Directive Sécurité.
10ème réunion de la Commission + Mairie de Namie
11ème réunion de la Commission + Mairie dOkuma
Lieux : Nihonmatsu, Shimia Kaikan, Préfecture de Fukushima (10ème réunion)
University of Aizu, Préfecture de Fukushima (11ème réunion)
Dates : 21 et 22 avril 2012
Témoins :
Le maire de Namiemachi, M. Baba, et six autres témoins à la 10ème réunion de la Commission à Nihonmatsu
Le maire dOkuma, M.Watanabe, et quatre autres témoins à la 11ème réunion de la Commission à Aizu Wakamatsu. Après chaque réunion de la Commission, les membres de la Commission ont écouté les [doléances des] habitants durant les réunions dans les mairies.
Tamotsu Baba,
maire de Namie
Toshitsuna Watanabe,
maire dOkuma
1. La colère des évacués : Nous avons senti la profonde colère des habitants dont témoignent les commentaires suivants : « Il nous a fallu être évacués sans aucune information du gouvernement, de la préfecture ou de TEPCO sur laccident lui-même sur les modalités de lévacuation ou la direction quil fallait prendre. » « Il aurait dû y avoir quelquun, un employé de TEPCO par exemple, pour nous fournir des informations plus tôt. » Nous avons reconnu à nouveau limportance davoir des procédés de communication permettant de fournir en temps voulu une information facile à comprendre.
2. Garantir la sécurité des habitants : Un fonctionnaire local a indiqué quil se demandait « si le gouvernement local avait rempli son rôle de garant de la sécurité des habitants. » Certains ont dit que « les exercices dévacuation durgence nétaient quune façon de faire des exercices pour le plaisir de faire des exercices. Le but visé était surtout lauto-satisfaction de lorganisateur. Est-ce que ces exercices nauraient pas dû se faire sur la base dhypothèses plus réalistes ? » Les conclusions de nos précédentes réunions suggèrent que les régulateurs nont absolument pas létat desprit quil faudrait pour protéger les habitants.
3. Message des villes où sont situées des centrales nucléaires : Nous avons entendu des opinions importantes en particulier venant des habitants dOkuma. Voici quelques-unes des opinions les plus notables : « Les gens des villes où se trouvent des centrales nucléaires avaient tellement lhabitude de sentendre dire combien les centrales sont sûres. Cétait du lavage de cerveau ». « Je navais jamais imaginé quune centrale nucléaire puisse devenir un problème ». « Il ny eut aucune communication concernant tous ces problèmes qui peuvent échapper au contrôle humain ». Ces commentaires peuvent être très importants pour tous ceux qui vivent dans des villes où sont situées des centrales nucléaires.
4. Relations avec le gouvernement et confiance en celui-ci : Nous avons entendu des commentaires sur le gouvernement, laccusant en particulier de ne pas avoir réussi à fournir linformation nécessaire au moment de laccident. « Je ne peux toujours pas faire confiance au gouvernement ». « Je nai aucune confiance dans linformation fournie par le gouvernement sur la condition actuelle de lunité 4 et sur le niveau des doses de radiation. »
5. La vie et lavenir des évacués : Nous avons vraiment réalisé que les instructions dévacuation tardives ou mal définies – comme le souligne lemploi de cette phrase « par mesure de précaution » – ont eu un impact sévère sur la population. Un des participants a souligné la nécessité de « mettre en place un système par lequel le gouvernement continuera à surveiller les conditions sanitaires de la population de génération en génération. » En outre, de nombreux habitants ont à maintes reprises exprimé leur profond désir de « ne pas laisser les autres municipalités qui ont des centrales nucléaires subir ce qu[ils ont] subi. »
Réunion publique
à Namie
Réunion publique
à Okuma
12ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 14 mai 2012
Témoin : Tsunehisa Katsumata, chairman de Tokyo Electric Power Company (TEPCO) et ex-président de la Fédération des compagnies délectricité du Japon (FEPC).
M.Katsumata est PDG de TEPCO depuis octobre 2002 et en est devenu le chairman en février 2008
Tsunehisa Katsumata
1. Redevabilité dun opérateur de centrale nucléaire et du Premier Ministre : Tout en rappelant que « les compagnies délectricité sont sans aucune ambigüité responsables de la sécurité des centrales nucléaires, » [Katsumata] a indiqué que « cest le Premier Ministre qui était le directeur-général du siège de la réponse durgence où il fallait établir des priorités dans les décisions sur le site de la centrale ». Les trois directeurs principaux de léquipe dirigeante (PDG, président et vice-président) nétaient pas disponibles au moment de laccident. M. Katsumata na appris labsence du PDG quaprès laccident. Le fait quil nait pas contacté le PDG entre le moment où ce dernier est rentré de létranger et celui où il est retourné au siège montre de toute évidence son absence complète de conscience de limminence de la crise.
2. Faits critiques concernant le tsunami : Les causes de laccident, selon la déclaration de M. Katsumata, sont « en cours dinvestigation à TEPCO ». Cependant laffirmation que le tsunami, qui navait pas été anticipé, est la cause principale [de la catastrophe] est assez dérangeante. Elle révèle que le risque posé par un tsunami potentiel non anticipé navait pas été communiqué en interne au PDG. Il se trouve que M. Katsumata avait décidé qu « un tsunami de ce genre ne pouvait pas se produire dans la réalité. » Il semble que le risque de tsunami navait pas été envisagé sous langle des probabilités.
3. A propos des régulations : M. Katsumata a souligné [limportance de] la simplification des réglementations, mais les mesures que les opérateurs prennent indépendamment, dont les vérifications de résistance aux séismes et les réponses aux accidents graves, navaient pas été prises par TEPCO et dautres opérateurs. De sérieux doutes demeurent : quel rapport entre la demande de simplification des réglementations et les retards dans les réactions de TEPCO ? La Commission a aussi appris un fait peu connu, à savoir que la FEPC avait servi de forum pour les lobbies [de lindustrie nucléaire].
4. Résumé : M. Katsumata a admis que rétrospectivement il pouvait concevoir un certain nombre de mesures qui auraient dû être mises en place, par exemple les mesures anti-tsunami et les réponses aux accidents graves ; mais il sest abstenu de réflexions plus spécifiques. Le public doit déterminer, à travers les discussions daujourdhui, si M. Katsumata était suffisamment compétent pour être à la tête dun opérateur nucléaire géant.
(Comptes rendus des réunions suivantes : prochainement en ligne)