Japon 2012 Apres le déluge/129

L’Isle le 4 juillet: Après une période de silence nous voici revenu du coté de Fukushima et de ses informations sur la situation actuelle suite à la double catastrophe du 11 mars 2011

Les nouvelles du village nucléaire mondial

Les unités n°. 3 et 4 de la central d’Ohi au Japon

A Ohi, les choses ne se passent pas précisément comme le village nucléaire Japonais l’avait envisagé : l’unité n°. 3 devait se voir raccordée au réseau aujourd’hui mais – allez imaginer cela ? – le matériel fait décidément de la résistance, la turbine principale a ainsi récemment rencontré des problèmes de vibrations retardant d’autant la mise en production, même si le réacteur n°. 3 a bien re-divergé (1) dimanche matin.

Le redémarrage « officiel » de l’installation n°. 3 est maintenant fixé au jeudi 5 juillet, à moins que de nouveaux incidents / alarmes ne prolongent à nouveau ce délai. Une vingtaine d’alarmes différentes ont en effet résonné depuis le 16 juin lors de cette opération de « redémarrage » de l’unité n°. 3 d’Ohi, ce qui prouve bien que l’énergie nucléaire est loin d’être disponible instantanément et contrôlable à 100%.

Environ 700 manifestants barrent l’accès au site d’Ohi le 1er juiillet 2012

Durant ce temps, les manifestations anti-nucléaires se poursuivent au Japon avec quelques centaines de manifestants qui ont bloqué dimanche la route d’Osaka à Ohi, et un millier de personnes qui ont de nouveau manifesté contre le nucléaire dans le centre de Tokyo, 48 heures après la démonstration géante de vendredi ayant rassemblé 200.000 manifestants devant la résidence de M. Noda.

Apparemment indifférentes à ces réactions populaires locales ainsi qu’aux sondages qui établissent que plus de 70% des Japonais sont opposés au redémarrage précipité des réacteurs nucléaires du pays, les autorités Japonaises envisagent de redémarrer la tranche n°. 4 d’Ohi vers le 17 juillet ainsi que la très dangereuse unité de production de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par le sinistre opérateur TEPCO, au début de l’année 2013.

Pour conclure sur l’épineux sujet d’Ohi, deux éminents professeurs de sismologie Japonais (3) ontrécemment averti que : « Le Japon était en train d’ignorer les leçons sécuritaires exprimées l’année dernière » en redescendant de plusieurs niveaux sur les beaux discours sécuritaires ayant suivi la catastrophe de Fukushima-Daiichi. D’après les scientifiques, l’industrie électronucléaire continue de largement sous-estimer le risque sismique et les sismologues de la NISA semblent manifestement tout sauf neutres dans ce dossier.

Pendant ce temps, à Fukushima-Daiichi, la situation du refroidissement de la piscine n°. 4 reste précaire, l’opérateur TEPCO ayant du finalement installer un nouvel équipement d’alimentation électrique des unités de refroidissement, les unités mobiles primaire et secondaire (2) ayant refusé de fonctionner durant plus de 30 heures (3) ; la température de la piscine n°. 4 était alors passée de 33° à 43° C en une trentaine d’heures soit une élévation de température d’environ 0.33° / h.

1.33 µSv/h à Minamisoma, ex-zone « rouge » réouverte aux visites des ex-résidants

 

Sur le terrain de la contamination, une famille évacuée de Minamisoma raconte son calvaire et précise que : « La décontamination ne semble mener nulle part« . La famille est autorisée à retourner chez elle de manière provisoire (5), ce qui leur permet de malheureusement constater que les niveaux de radioactivité sont toujours extrêmement élevés, plus de 15 mois après l’accident.

 

USA : au Japon (et ailleurs) les preuves de la contamination se trouvent dans les filtres à air

Les Japonais, ainsi que toutes les autres personnes ayant des doutes sur la contamination de la zone dans laquelle elles vivent / travaillent / se déplacent se trouvaient confrontées à l’épineux problème suivant : comment vérifier la présence ou l’absence de niveaux élevés de contamination radioactive dans leur habitation / bureau / voiture ?

Les différents filtres testés par KI4U

Jusqu’à très récemment encore, le problème n’avait pas de réponse : les autorités Japonaises vous envoyaient paître avec vos échantillons et faire analyser ces filtres par des sociétés privées était hors de prix.

Depuis peu, la société Américaine KI4U (6) offre l’expertise gratuite des filtres d’habitacle de voiture, de climatiseur fixe ou mobile et autres filtres HEPA… Il suffit de cliquer dur le bouton « Get Tracking Code » en bas de cette page pour recevoir gratuitement un numéro d’expédition valable pour le transport de votre filtre vers les labos de KI4U et leur analyse radiologique. Les résultats vous parviendront généralement dans un délai de 7 jours après la réception du filtre.

BN’s SAM940 « Defender »

Les filtres expédiés seront testés à l’aide d’un SAM940 qui permet de détecter rapidement les niveaux de contamination et l’analyse des radionucléides éventuels retenus dans votre échantillon. L’appareil permet de détecter des concentrations anormales d’Iode-131, de Césium-137, de Plutonium-239, de Cobalt-60, de Potassium K-40 (pour étalonnage).

Si vous souhaitez que les filtres analysés vous soient retournés, KI4U vous demandera $10 pour la réexpédition.

Et si vous vous demandez : « mais pourquoi offrent-ils ce service ? » Nous répondrons que les gens de KI4U sont curieux de connaître la situation radiologique réelle des différents coins du monde, qu’ils disposent du matériel, des équipes et du temps nécessaires et surtout, surtout, qu’ils disposent de toute l’indépendance nécessaire vis-à-vis du village nucléaire, ce qui n’est pas monnaie courante dans le domaine très « verrouill頻 de l’expertise radiologique et dosimétrique.

Un exemple d’affichage du SAM940

(1) Divergence : démarrage du réacteur suite au lancement de la réaction de fission nucléaire

(2) Équipements de refroidissement de secours, les installations principales ayant été endommagées durant la phase critique de l’accident

(3) MM. Ishibashi de l’Université de Kobé et Watanabe de l’Université de Tokyo

(4) Du 30/6 à 0630 au 1er juillet à 1507

(5) La zone d’Odaka, Minamisoma a été déplacée de « zone interdite » en « zone de visite autorisée » le 15 avril 2012

(6) KI4U ressemble à un indicatif radioamateur (Joe Green) mais signifie également Ki 4 U autrement dit : « Des pilules d’iodure de Potassium pour vous » ; les labos de KI4U sont établis au Texas, USA

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Migration terminée

 

A part quelques soucis dans le transfert des images de Typepad – qui utilise un format d’image propriétaire – le transfert du blog s’est bien déroulé ; il reste juste quelques petites erreurs 500 temporaires à gérer au niveau du serveur mais le plus gros est fait.

La cadence normale de création de billets reprendra demain après-midi.

Merci à tous pour votre soutien !

« Trifouillax » devenu « admin » sans le vouloir vraiment ;)

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Migration plateforme blog : Typepad > WordPress

 

Suite à de petits problèmes récurrents, votre blog préféré va migrer – probablement ce weekend – de la plateforme TypePad vers l’univers WordPress. Cela signifie plus de possibilités techniques, une richesse accrue dans bien des domaines mais également une facture un peu plus douce à la période annuelle critique de tout blog / site web : celle ou l’animateur contemple, pensif, la douloureuse du service de blogging…

Si tout se passe comme prévu, rien ne sera perdu dans le transfert et tout sera transparent pour les utilisateurs. Comptez malgré tout sur quelques petits aléas techniques impondérables…

A bientôt donc sur la plateforme WordPress

C'est la fêteBol de rizPaix

juin29

Une nouvelle démonstration anti-nucléaire à Tokyo voit le nombre de manifestants quadrupler en une semaine

 

Ils étaient 200.000 selon les organisateurs, soit environ 4 fois plus que la dernière manifestation du 22 juin, à manifester devant la résidence du Premier ministre Japonais. Le slogan de Saïkado hantaï (non au redémarrage) a de nouveau été puissamment et longuement scandé sur les trottoirs de la capitale Japonaise (1).

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Malgré la présence remarquée d’un très petit nombre de contre-manifestants, l’énorme manifestation s’opposant à la remise en service des réacteurs nucléaires Japonais arrêtés après l’accident de Fukushima-Daiichi s’est déroulée dans le calme, même si la fin du cortège a dû être stoppée suite à une certaine désorganisation des organisateurs et des autorités qui ne s’attendaient pas à un tel succès : il est très délicat d’empêcher une foule énorme de déborder des trottoirs sur lesquels cette dernière est censée se cantonner. Si la même manifestation s’était déroulée en France, les trottoirs auraient été vides et les chaussées pleines !

 

(1) Très disciplinés et policés, les Japonais défilent et protestent généralement sur l’un des deux trottoirs et n’occupent en principe jamais les lieux utilisés pour la circulation des véhicules

Sources :

Fukushima-diary, (1/2)29/6, anglais

Fukushima-diary, (2/2) 29/6, anglais

Citizenside, 22/6, français (première manif du 22/6)

juin29

Ohi : un problème peut en cacher un autre

 

Nous avions récemment relaté une alarme au niveau de l’alternateur de l’unité n°. 3 d’Ohi qui s’était déclenchée mardi 19/6 vers 10h. Trois nouveaux incidents ont été révélés en quelques heures par l’opérateur KEPCO (Kansaï Electric).

 

Le 28 juin, un court-circuit dans une sous-station électrique

Il semble que de l’eau de pluie se soit frayée un chemin dans une salle de contrôle de production électrique ; un défaut d’étanchéité aurait ensuite permis à l’eau de ruisseler dans un boitier électrique de contrôle / commande. Cet incident très mineur – parce qu’il s’est produit dans une sous-installation non-nucléaire – laisse toutefois perplexe sur l’état et l’entretien du site d’Ohi.

 

Le même jour, une alarme de défaut d’alimentation électrique causée par une erreur de manipulation

Dans la foulée, Kepco a signalé qu’une alarme avait retenti en salle de contrôle / commande identifiant un problème électrique. Cette alarme aurait en fait été créée par un opérateur qui aurait accroché un interrupteur en voulant mettre sous tension un écran. Ici aussi, pas de conséquences mais la constatation que certaines commandes, après 40 années d’utilisation, peuvent encore être peu ergonomiques et mal pensées.

 

Le 29 juin, alarme sur une pompe du circuit primaire

Une alarme signalant un défaut de pression / débit sur le condenseur de vapeur du circuit primaire a cette fois-ci impacté l’unité n°4 ce matin vers 10h (Tokyo). Une surpression semble s’être produite au niveau de la sortie de la pompe auxiliaire qui échantillonne le liquide de refroidissement afin de vérifier sa composition.

 

KEPCO pire que TEPCO ?

D’après l’analyse d’ex-skf, les commerçants et industriels de la région de Kensaï sont réputés pour être très… économes, au point de parfois jongler un peu avec les agendas des travaux de maintenance. De ce point de vue, l’opérateur du site d’Ohi serait peut-être encore pire que TEPCO, ce qui est loin de rassurer les observateurs.

 

Sources :

ex-skf, 28/6, anglais

juin28

Analyse et commentaires sur l’investigation menée par Tepco le 26 juin au niveau de la chambre de suppression 1F1

 

Le lieu concerné

La partie Ouest de salle de la chambre de suppression, au niveau –1 du bâtiment-réacteur n°. 1 de Fukushima-Daiichi.Ashampoo_Snap_2012.06.28_15h06m28s_003_

1 – L’emplacement approximatif de l’intervention du 26/6

 

Plus précisément, d’après le document n°. 3, il semble que l’opération a été menée à proximité du “trou d’homme” situé au Sud-Est du bâtiment visible sur une vidéo et des schémas plus anciens (unité 1F2).

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2 – Emplacement plus précis (d’après le document Tepco n°. 3)

 

 

 

La technique utilisée

Un endoscope composé d’une caméra, d’un thermomètre et d’un radiamètre a été inséré depuis une conduite traversant le plancher du niveau 1 pour déboucher dans la partie Ouest de la salle contenant le tore de suppression.

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3 – point d’insertion du matériel et nivellement

 

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4 – Notez la passerelle (catwalk) qui fait le tour du tore

 

 

Les niveaux “OP”

OP (Océan Pacifique) : le niveau moyen de ce dernier, correspondant à environ 72 cm sous le niveau moyen de la baie de Tokyo. Tous les nivellements de Tepco sont basés sur cette référence. On notera que :

– Le haut du plancher du 1er étage est situé à OP10200 soit 10.2m au-dessus du niveau moyen du Pacifique et le bas à OP9550 ce qui nous permet de déduire que la dalle du plancher du 1er étage mesure 0.65m d’épaisseur

– Le point le plus bas du BR1 (le radier) est situé à OP-1230 soit une hauteur hors-tout de la salle de 10.78m

– Le niveau d’eau dans la salle est situé à environ OP4000 soit 5.23m

– Le tore mesure environ 8m de hauteur pour 40 m de diamètre, les pipes de raccordement obliques vers le drywell mesurent quant à elles environ 2m de diamètre

 

Les hommes, les conditions de l’intervention, la dosimétrie humaine

Nous estimons que Tepco a fait intervenir des travailleurs humains dans un contexte très difficile : forte radioactivité, humidité, chaleur… Le fait que l’opérateur ne communique pas, comme il en a l’habitude dans les compte-rendus, la composition de l’équipe et les doses d’irradiation des travailleurs concernés nous amène à estimer que ces derniers ont subi une irradiation importante. Au vu des niveaux repris ci-dessous, on peut facilement comprendre que les travailleurs ne pouvaient intervenir directement depuis la salle inférieure, la passerelle (catwalk) étant située au-dessus du niveau de l’eau stagnante mais dans une zone ou la radioactivité atteint plusieurs Sieverts par heure. Le plancher en béton de 65 cm permet ainsi aux travailleurs de n’être exposés “qu’à” un débit de dose d’environ 20 mSv/h, alors que le débit est 30 fois supérieur (0.62 Sv/h) juste au-dessous du plancher béton.

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5 – Les niveaux de débit de dose sur et sous le plancher du 1er étage

L’opération doit s’être prolongée au moins une heure (40 minutes de film + la préparation) ce qui correspondrait donc, si les relevés de dosimétrie sont corrects, à une dose efficace d’environ 20 mSv par intervenant.

 

La dosimétrie matérielle

Les relevés sont homogènement très élevés dans la partie aérienne du trajet (OP4000 à OP9550), le débit de dose maximal est obtenu a une profondeur d’environ OP4200, c’est–à-dire juste au-dessus du niveau de l’eau stockée dans la chambre de suppression. La dose redescend ensuite sur environ 3 mètres avant de remonter, en fond de parcours, à des valeurs très – trop – élevées (plusieurs centaines de millions de Sieverts/h), que Tecpo estime d’ailleurs “erronées”.

 

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6 – Les niveaux de débit de dose par niveau OP

 

Le corium de l’unité n°. 1 serait-il passé par là ?

En fait, le dosimètre semblait fonctionner correctement avant le niveau “12” aussi nous pensons qu’il aurait pu être endommagé au niveau inférieur de la salle de suppression, peut-être parce qu’il s’est trouvé à proximité immédiate d’une partie au moins du combustible fondu regroupé dans cette zone ? Il faut savoir que les dosimètres industriels, même s’ils sont très résistants aux radiations élevées, ne sont pas fait pour être approchés à proximité immédiate d’une source irradiant un débit de dose supérieur à quelques centaines de Sieverts et ne pourront survivre à une dose cumulée d’environ 1000 Sieverts.

 

Aurait-on localisé le “pied d’éléphant” de l’unité n°. 1 ?

Les niveaux de dosimétrie relevés au cours de l’opération du 26 juin sont nettement supérieurs à ceux relevés par exemple au même endroit de l’unité n°. 2, qui ne dépassaient jamais 0.12 Sv/h et s’établissaient à 0.055Sv/h contre 1.5 Sv/h au même endroit (niveau de la passerelle 1F1). La dose est environ 30 fois supérieure au niveau de l’unité n°. 1 ! L’hypothèse d’un curium ayant percé le fond de la cuve du réacteur puis s’étant échappé par gravité vers les pipes de l’anneau de suppression avant de percer ledit anneau (très mince comparativement aux 2 cuves PCV et RPV) semble se confirmer. Il est également possible que le combustible en fusion se soit fragmenté pour s’échapper du confinement primaire par plusieurs chemins différents (il y a 8 pipes transversales en tout).

7 – Les relevés effectués par un robot sur la passerelle (catwalk) de l’unité n°. 2 le 20 avril 2012

 

L’UNITÉ N°1 DE FUKUSHIMA-DAIICHI EST CONSIDÉRÉE DEPUIS LONGTEMPS COMME CELLE DONT LE COMBUSTIBLE AURAIT ÉTÉ LE PLUS ENDOMMAGÉ, DU FAIT DE SON NIVEAU TECHNIQUE REMONTANT À 1970 (MARK1-BWR/3) ; IL EST GÉNÉRALEMENT ÉTABLI QUE LA PREMIÈRE FUSION DE CŒUR S’EST PRODUITE À CE NIVEAU DÈS LE 12 MARS 2011 SOIT LE LENDEMAIN DU BLACKOUT STATION.

 

Analyse de la vidéo

Les images tournées sont de bonne qualité malgré les niveaux de doses très importants ; On observera avec attention :

(01:30) Aperçu de la rambarde de la passerelle surplombant le tore

(02:00) Le manipulateur positionne la caméra pour passer à l’extérieur de la passerelle

(02:15) Cette panne d’éclairage de 30 secondes permet de bien visualiser les nombreux photons frappant le capteur de la caméra créant de jolis artéfacts de couleur

(05:30) Notez la corrosion omniprésente sur les surfaces métalliques

(07:15) Après bien des essais, le contournement de la rambarde de la passerelle est réussi !

(12:30) On aperçoit pour la première fois la surface de l’eau

(14:30) plongée, notez comme toutes les surfaces visibles se parent de rouge dès qu’elles sont immergées

(16:30) Des surfaces oxydées se décomposent complètement, s’agit-il de l’anneau lui-même ou d’autre chose ?

(18:15) Idem pour ce plan, des surfaces vertes et rouges parfaitement irrégulières… C’est étrange…

(21:00) Plan parfaitement net, les surfaces rappellent presque des massifs de corail mais avec des éclats métalliques

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(23:00) Le suivi devient délicat suite aux nombreuses particules en suspension dans l’eau, probablement engendrées par la manœuvre de l’endoscope

(27:35) Le moindre effleurement de ce qui semble être l’anneau de suppression engendre le détachement de nombreuses particules

(30:00) Le radier en béton semble atteint ?

(35:00) Début de la remontée de l’endoscope

(36:30) Surface !

(37:45) Ca coince un peu en remontant, le gars doit rager…

 

Bravo aux manipulateurs, ce n’était pas évident !

 

Sources :

Résultats de l’investigation de la chambre du tore de suppression 1F1, Tepco, 26 juin (Document d’accompagnement PDF)

Vidéo tournée lors de l’intervention, Tepco, 26 juin, (zippée, 337 Mb)

 

Lire également :

Analyse et commentaires sur l’endoscopie 1F2 du 20/1/12, gen4, 20/1/12

Analyse des photos et vidéos du tore de suppression 1F2, gen4, 20/4/12

juin27

Mizumoto, réflexions sur un hotspot

 

Suite à la publication d’un billet sur ex-skf concernant le “façonnage” éventuel des points radioactifs par les services chargés de l’entretien des parc urbains de Tokyo, nous voudrions corriger quelques points et émettre une autre hypothèse, hélas assez peu encourageante pour la suite des évènements de contamination au Japon.

 

Le curage des fossés, égouts et canalisations

D’après le blog ex-skf citant une association, les services d’entretien du parc concerné auraient régulièrement ôté les boues des égouts et des canalisations du parc afin d’éviter que le parking situé en contrebas ne soit inondé à la suite de fortes pluies. Ces boues auraient été répandues à certains endroits spécifiques du parc créant ainsi de nouveaux points de re-contamination de la radioactivité.

 

L’équation de base : la radioactivité ne peut être détruite, elle peut seulement être fragmentée

Nous ne pensons pas que les opérations récurrentes de curage aient particulièrement aggravé la situation radiologique du parc ; à notre avis, elles ont seulement participé à la redistribution de la contaminationen la rendant peut-être un peu plus apparente, ce qui aura au moins eu le mérite d’attirer l’attention sur l’étendue de la contamination de l’accident, le parc étant situé à 220 km au Sud de l’ex-centrale de Fukushima-Daiichi. La vérité est que l’ensemble des districts Nord de Tokyo ont été assez sévèrement contaminés par les retombées accidentelles et que la dissémination de la contamination est toujours relativement inégale.

 

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La délicate équation des boues en zone urbaine et périurbaine

Contrairement aux zones rurales (1), en zone “urbanisée” (2), les boues sont toujours formées par l’accumulation de poussières de type “urbaine” qui sont, par définition, beaucoup plus “mobiles” que sur un sol naturel, autrement dit elles affichent un temps et une distance de voyage plus grands que sur un sol naturel. Les poussières sont donc brassées par le vent, les pluies, la neige (3) et tendent ainsi à toutes suivre le même chemin et donc a fabriquer les mêmes concentrations au niveau de la voirie. Imaginons un ensemble extrêmement urbanisé comme les faubourgs de Tokyo (parfois 5000 habitants au km2) : quels pourraient être les points de sortie éventuels de la contamination ?

– Une partie petite se fixera au sol (estimation grossière de 20 à 30% sur un sol bitumeux ou cimenté, à documenter)

– Le restant des boues (et donc de la radioactivité particulaire) suivra l’écoulement des ruissèlements au prorata de leurs débits

Si l’on place un parc de 100 hectares comme celui de Mizumoto au milieu d’un gigantesque espace “bétonné” l’entourant, le parc deviendra naturellement l’un des points de fuite des boues urbaines (4). Pis encore, si les réseaux d’assainissement sont saturés comme en cas de très fortes précipitations, les terrains restés naturels en zone urbaine deviendront les seuls points de sortie des lessivages des sols urbains… Le sol naturel concentrera donc la contamination comme une éponge placée au milieu d’un bac d’eau. Maintenant qu’une deuxième ou même que plusieurs phénomènes secondaires de re-concentration locaux brassent de nouveau la contamination au sein du parc lui-même n’est pas impossible, il faut juste garder à l’esprit que le parc ne serait initialement pas aussi touché s’il était situé… à la campagne !

 

Electronucléaire et urbanisme ne font pas bon ménage

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les centrales nucléaires ne sont pas installées au cœur des grandes agglomérations puisqu’elles sont aussi sûres ? La vérité est que les installations électronucléaires fuient toujours plus ou moins (5) et que leur implantation en zone urbaine, même si elle simplifierait énormément les problèmes de distribution et de transport de l’énergie, provoquerait rapidement des phénomènes de concentration de radioactivité à un point ou à un autre. A la campagne, les installations fuient tout autant mais cela ne se voit pas trop… Et si un accident majeur survient, cela laisse un petit délai pour déplacer des populations de toute façon moins nombreuses.

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Un bon exemple de re-concentration à Mizumoto à la jonction du béton et de l’herbe : 3.5µSv/h (source)

 

(1) Zones majoritairement en sol naturel, faiblement “bétonnée”

(2) Desservies par des “réseaux” (égouts), fortement bétonnées

(3) La neige est fréquente au Japon en saison hivernale

(4) En tenant évidemment compte de la déclivité du terrain

(5) Une certaine radioactivité est tolérée au niveau des installations nucléaires, il est en fait impossible de fixer des limites nulles ou trop faibles ; à noter que le vieillissement des installations aggrave généralement le débit de ces fuites

juin27

Discussion sur la vidéo de Chris Busby dite “de Stockholm”

 

Amis lecteurs, je vous invite à voir ou à revoir la vidéo suivante de l’ami Christopher Busby. Certes, cette dernière n’est pas vraiment une nouveauté car elle a été enregistrée en septembre 2011 à Stockholm, mais je profite de son excellent sous-titrage en français (merci à Nordmendus) pour tenter de la diffuser auprès d’une audience francophone la plus large possible.


Le Pr. Christopher Busby à propos de la… par Nordmendus

Voici les quelques questions qui me turlupinent après l’audition des déclarations du narrateur au sujet desquelles j’aimerai beaucoup obtenir vos avis :

1) (01:10 et 04:30) : Pensez-vous que la comparaison entre la contamination des filtres à air des voitures Japonaises et les poumons des enfants et des adultes Japonais soit judicieuse ?

2) (01:20) : Croyez-vous que les autorités Japonaises minimisent l’étendue et la gravité de la contamination, par exemple au moyen d’examens dosimétriques “corps-entiers” (WBC) minimisés ?

3) (02:00) Croyez-vous possible que les radio-nucléides comme les Césiums, le Strontium, puissent endommager le muscle cardiaque ?

4) (03:48) Estimez-vous opportun de baser les raisonnements de la contamination du sol et des habitants du Japon sur ceux relevés en Ukraine et en Biélorussie après la catastrophe de Tchernobyl ?

5) (04:38) D’après vous, des organisations privées ou même des groupes de citoyens ont-ils les moyens d’effectuer des campagnes de mesures de dosimétrie indépendantes au Japon ?

6) (06:00) Croyez-vous possible que le gouvernement Japonais dissémine volontairement la radioactivité sur tout le Japon (c’est un fait avéré) afin de “répartir” le nombre de doses et donc “d’équilibrer” préventivement la survenance de maladies radio-induites (c’est une autre certitude même si son degré est encore inconnu) à travers l’ensemble du pays ?

7) (07:40) Jugez-vous la comparaison entre le blocage de l’a thyroïde par l’iode stable et celle de l’ADN par du Calcium ou du Magnésium judicieuse ? Si c’est bien le cas, pourquoi ces pastilles très basiques ne figurent-elle pas dans les pharmacies au même titre que l’Iodure de Potassium ?

8) (08:05-08:15) Que pensez-vous de la proposition d’assurer la commercialisation de produits par l’organisation “Fondation C. Busby pour les enfants de Fukushima” ? Pour info, le site aurait recueilli environ 750.000 Yens soit 7500 Euros à la fin 2011

9) (08:50) Idem pour les “appareils de contrôle de la nourriture”. A supposer que l’opération soit envisageable, cela vous semble-t-il – sur le fond – une bonne idée de les distribuer aux parents Japonais ?

10) (09:20) Croyez-vous, comme le professeur Busby, que le gouvernement Japonais se désintéresse totalement de la situation des enfants de Fukushima, en supposant qu’ils soient effectivement gravement menacés par la contamination et que le gouvernement Japonais possède cette information ?

 

Merci pour vos commentaires futurs, bien sûr vous pouvez répondre et débattre de tout point en particulier concernant cette vidéo même s’il n’est pas repris dans la liste présentée ci-dessus.

juin26

Alerte Japon : le parc de Mizumoto à Tokyo officiellement reconnu “contaminé”

 

Les autorités de Tokyo viennent de reconnaitre que le parc de Mizumoto, situé dans le quartier de Katsushika, au Nord de Tokyo et qui est l’un des poumons de la mégalopole Japonaise, est contaminé dans au moins 9 endroits différents, qui présentent tous un débit de dose ambiante supérieur à 1µSv/h mesuré à 1 m du sol et sans tenir compte du bruit de fond ambiant.

Le parc de Mizumoto se développe sur 96 hectares et est l’un des 150 lieux reportés comme contaminés dans les environs de Tokyo. Les officiels ont annoncé qu’au moins 9 hotspots du parc devront être “décontaminés”.

Il aura donc fallu plusieurs mois aux autorités de Tokyo pour reconnaitre officiellement ce que des sources indépendantes signalaient dès février 2012.

 

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Le parc de Mizumoto, contaminé par Fukushima-Daiichi (Source : Nikkan Gendaï)

 

Source : NHK News, 25/6, anglais

 

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Lire également : “Après le parc de Mizumoto, l’arrondissement d’Edogawa est également contaminé à la hauteur de la zone « rouge » de Tchernobyl”, gen4, 02 mai 2012

EDIT (1845) D’après ex-skf, le Parti Communiste Japonais aurait insisté pour que les autorités Tokyoites mesurassent une deuxième fois la radioactivité exactement aux mêmes endroits qu’une première campagne de mesures effectuées il y a 15 jours. A la grande surprise des autorités, le niveau de débit de dose relevé le 25 juin dépasse les premières mesures de radioactivité et surtout s’affranchit maintenant des normes de décontamination pourtant très laxistes (1 µSv/h + BDF à 1 m du sol). Comme quoi le temps ne suffit pas à arranger les problèmes de contamination, bête qui se déplace, évolue et ne suit que fort modestement les injonctions et rodomontades officielles.

Nous reviendrons prochainement sur une explication possible des débits de dose constatés à plusieurs centaines de kilomètres du site de Fukushima-Daiichi et principalement les phénomènes de re-concentration de la contamination en zone urbaine et périurbaine. Concluons simplement ce billet en notant que les normes humaines concernant la radioactivité sont décidément de plus en plus floues, ou de moins en moins “normées” si vous voulez.

juin26

Regardez : des milliards de particules radioactives remises en circulation à Fukushima-Daiichi

 

Tepco accélère visiblement les travaux au niveau de l’unité n°. 4.

Suite à la pression internationale qui s’est doublée récemment d’une prise de conscience nationale du risque induit par l’état plus que précaire du bâtiment-réacteur n°. 4, Tepco a apparemment décidé d’accélérer les travaux de dégagement des gravats afin d’installer au plus vite le side-car sur la partie Sud de ce qu’il reste du BR4.

 

Une déformation du mur Ouest qui progresse manifestement

La mauvaise nouvelle a été communiquée hier par Tepco : selon l’opérateur, la déformation qui avait été notée au niveau de l’angle Sud-Ouest du mur Ouest du BR4 a augmenté d’environ 30% en l’espace d’un mois (46mm contre 33 le 25 mai).

 

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Le point R6.5 est déformé de 46 mm vers l’extérieur au niveau de l’étage n°. 3

 

Cette situation préoccupante est-elle en partie induite par les travaux de démolition des anciens niveaux 5 et 6 de l’unité n°. 4 ? Le fait que Tepco ait fragilisé un peu plus la structure restante en installant une tôle de protection de 60 tonnes au-dessus de la SFP4 a-t-il une incidence sur cette déformation ?

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Une tôle “de protection” de la SFP4 pesant 60 tonnes a été installée par Tepco le 15 juin 2012

Des travaux précipités : pourquoi ne pas tenter de récupérer les énormes quantités de particules radioactives remises en circulation par le tronçonnage du haut de l’ex-BR4 ?

 

Si la “tente” installée au niveau du bâtiment*réacteur n°. 1 avait été positionnée sur le BR4 avant le début des travaux visibles ci-dessus, une partie au moins des énormes quantités de particules remises en circulation par l’opération aurait pu être filtrée… Notez également la présence proche de travailleurs lors de la formation des nuages de “poussières”, pour ne pas dire au centre des nuages : pourquoi restent-ils là au lieu d’attendre ailleurs, à l’abri des radiations, que les particules retombent et se stabilisent ?

Sources :

Tepco, 26/6 (Japonais)

Lire également :

Experts Warn of another disaster awaiting at Fukushima, ABC News, 25/6, anglais

juin26

Les réfugiés du nucléaire, partie 2/2 : des gens, des terres, des animaux

 

Après avoir insisté dans le billet d’hier sur les paroles d’hommes et de femmes de l’ex-village d’Itate, évacués tardivement, mal dans leur peau, des êtres que les autorités entendent priver de sentiments, nous allons aujourd’hui présenter à nos lecteurs quelques réflexions à la suite de l’observation de la seconde partie du petit film d’Ian Thomas Ash : “Les habitants d’Itate, réfugiés du nucléaire, un an après”.

 

(11:33) “Ils nous ont même dit de ne pas sortir de nos maisons” [en attendant l’évacuation]

Une cultivatrice de riz désherbe préventivement sa rizière avant son évacuation car, précise-t-elle, “sa parcelle risquerait d’être envahie par les herbes folles”. Ces gens espéraient pouvoir revenir, ils espéraient – au moins un moment – que l’évacuation ne serait que temporaire. C’était bien mal connaitre la radioactivité…

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(12:10) “Je suis perdue… Qu’est-ce qu’un Sievert peut bien signifier ?”

“L’endroit où je devais être évacuée a lui-même été évacué car il était trop radioactif… Je dois maintenant trouver un autre lieu… Il n’y a plus une seule personne jeune ici pour me dire ce que je dois exactement faire.”

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(12:56) Une année plus tard, les herbes folles ont envahi la rizière

Qu’à bien pu devenir l’agricultrice âgée ? Fait-elle partie des centaines de décès (principalement des personnes âgées) dans la région de Fukushima imputables à l’évacuation, donc à l’accident et des dizaines de milliers qui ont été plus ou moins atteintes dans leur chair, dans leurs tête par cette catastrophe ? Notre amie est peut-être malade, surement affaiblie par cette évacuation.

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Comment rester impassible et neutre face à une telle détresse ? La catastrophe de Fukushima-Daiichi est décidément, des trois plaies qui ont touché le Japon au printemps 2011, celle qui laissera le plus de marques, le plus de souffrances ; le deuil sera impossible car l’évacuation a tiré un trait rouge et brulant sur ce qui est le plus cher aux yeux de personnes d’un certain âge : la terre, les habitations, les villages, les racines profondes de l’humanité.

 

(14:00) “J’ai voulu connaitre par moi-même le niveau de radioactivité [sur mes terres]”

M. Katsuzo Shoji, exploitant agricole à Itate, était tout d’abord incrédule : il a voulu vérifier par lui-même en juin 2011 le niveau de contamination de la terre qu’il exploite sur un carré de choux (1) qu’il a planté pour l’occasion. Une année plus tard, la ferme de M. Shoji est abandonnée, le carré de choux également ; en fait, nous ne connaitrons probablement jamais le niveau de la contamination du dernier carré de choux de M. Shoji. Le bétail a quant à lui été abattu fin juin 2011.

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Les “compensations financières” : 8670 Euros pour une vie ?

Amis lecteurs, si arrivés à ce point vous pensez que les Japonais évacués ont au moins bénéficié d’une assistance financière convenable, vous vous fourrez le doigt dans l’œil : chaque adulte évacué n’a touché qu’une indemnité “provisoire” de 1 million de yens soit environ 9000 Euros.

Et enfin, comme promis, la réponse à notre test sur les Japonais encore évacués à ce jour

C’est un chiffre qui est très discrètement publié, peu commenté mais malgré tout extrêmement contesté – et contestable – : nous reprendrons les chiffres communiqués par l’Asahi Shimbun fin novembre 2011 et repris dans un entrefilet de Courrier International daté du 2 décembre 2011 :

– NOMBRE TOTAL D’ÉVACUÉS SUITE À LA TRIPLE CATASTROPHE DE MARS 2011 : 330.000 (TOUTES PRÉFECTURES)

– ÉVACUATIONS LOCALISÉES DANS LA PRÉFECTURE DE FUKUSHIMA ET OFFICIELLEMENT IMPUTÉES À LA CATASTROPHE NUCLÉAIRE (2) : 153.000 HABITANTS DONT 93.000 RELOGÉS EN-DEHORS DE LA PRÉFECTURE DE FUKUSHIMA

153.000 ÉVACUÉS / RÉFUGIÉS, SOIT LA POPULATION D’UNE VILLE FRANÇAISE COMME DIJON OU GRENOBLE ET EN GARDANT BIEN À L’ESPRIT QUE LE ZONAGE TEL QU’IL A ÉTÉ EFFECTUÉ PAR LES JAPONAIS EST PLUTÔT RESTREINT : SI UNE VILLE COMME KORIYAMA, SITUÉE À PEINE QUELQUES KILOMÈTRES PLUS LOIN DE FUKUSHIMA-DAIICHI QU’ITATE DEVAIT FINALEMENT ÊTRE ÉVACUÉE, LE TOTAL AUGMENTERAIT DE 360.000 PERSONNES SOIT L’ÉQUIVALENT DE LA POPULATION D’UNE VILLE COMME CELLE DE NICE.

(1) Les légumes à large feuilles étant très sensibles à la contamination par exemple aux Césiums, les particules radioactives pénétrant à la fois dans les feuilles mais également dans les racines par l’intermédiaire du sol contaminé

(2) Evacués pouvant prétendre à une compensation financière de l’opérateur Tepco au titre de la catastrophe nucléaire cf. http://www.gen4.fr/2012/01/politique-tepco-nationalis%C3%A9-tous-les-r%C3%A9acteurs-japonais-seront-hors-production-courant-avril-2012.html

 

Lire également : We’ve no idea when we’ll be back, Japan Focus, 11 mai 2011

juin25

Les réfugiés du nucléaire : “Ce qui nous arrive est inimaginable !”

 

Tout d’abord, procédons à un petit test : selon vous, combien de Japonais sont encore actuellement concernés par le “zonage” de Fukushima-Daiichi ?

Nous vous communiquerons la réponse demain avec la seconde partie du billet. Donc, seriez-vous capable de donner à brule-pourpoint une estimation même très sommaire du nombre de Japonais qui ont été évacués suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi et qui sont toujours relogés loin de leur habitation d’origine ? Pensez-vous qu’il soient encore 5000, 10.000, 25.000, 50.000, 75.000 ? Nous vous aidons un peu : le Japon est l’un des pays du monde qui détient le record de la densité de population avec 340 habitants au Km2 en moyenne ; il faut savoir qu’en outre la population Japonaise se concentre beaucoup plus sur la côte Est où la densité atteint parfois 1500 habitants au km2 (1), comme dans la mégalopole Pacifique du “Japon de l’endroit”, une mince bande de territoire de 30 km de large sur 1300 km de long s’étendant de Fukuoka au Sud-Ouest au Nord du district de Kanto (Iwaki) en passant bien sûr par la baie de Tokyo.

 

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La région touchée par la catastrophe affiche quant à elle une densité d’environ 150 habitants au km2, comparable à celle d’un département français moyennement peuplé comme celui de la Gironde ou du Vaucluse. Evidemment, les  grandes agglomérations comme celle de Fukushima (300.000 habitants, 60 km au N/O de FD) et ou de Koriyama (340.000 habitants, 55 km à L’ouest de FD) auraient poséd’énormes problèmes d’évacuation et de relocation si elles avaient du se voir concernées par des mesures de zonage étendues.

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Trop tard, beaucoup trop tard…

Les habitants de l’agglomération d’Itate, petite ville de 6000 habitants située à 40 Km au Nord-Est de la centrale dévastée sont en colère : leur ville a été non seulement évacuée très tardivement (en mai/juin 2011), mais – de manière peut-être encore plus nette que pour les évacuations initiales – les maigres informations qui leurs ont été transmises par les autorités ne leur permettaient pas de se projeter dans l’éventualité d’un retour.

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“Ils ont osé nous jurer que les centrales étaient absolument sures !”

Ce qui est terrible c’est qu’en France par exemple, à défaut d’éviter une telle catastrophe – ou seulement avec des rodomontades, comme à Fukushima – une opération de la taille de celle de l’évacuation Japonaise aurait probablement induit un minimum de mesures d’accompagnement : cellules “d’accompagnement”, aides et soutiens psychologiques… Mais au Japon, rien de tout ceci : les habitants sont traditionnellement censés être assez “résistants” pour endurer les pires situations sans broncherni se plaindre ; or, ces habitants déplacés ont “malgré tout” vécu des émotions et des souffrances qu’ils n’ont pas été autorisés à extérioriser ; résultat : des problèmes psychologiques qui s’additionnent dorénavant aux problématiques de contamination…

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Une femme qui ne peut retenir ses sanglots : plus d’une année après ce qu’il faut bien appeler une évacuation ratée (2), elle évoque la triple faillite de cette opération : psychologique, physique et financière. Initialement, les habitants d’Itate étaient situés bien au-delà de la zone d’exclusion de 20 km, ils pensaient donc – de la même manière erronée qu’ils croyaient le site nucléaire sans danger – n’être absolument pas concernés par la radioactivité. Hélas, les frontières officielles de la contamination se sont avérées toutes aussi relatives que celles de 1986, les autorités ont donc du rétropédaler bien tardivement pour finir par ordonner l’évacuation du village, plus de deux mois après sa contamination initiale. Cette évacuation a été achevée à la fin du mois de juin 2011.

Des habitants qui n’ont même pas été confinés durant plus de deux mois alors qu’il séjournaient dans une zone extrêmement contaminée : de 50 à 500 KBq/kg de radio-césium avec au moins deux zones à plus de 500 kBq/kg au Sud du village.

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Certains habitants d’Itate sont néanmoins – par obligation ou par dépit – restés sur place

Le Kannushi (prêtre) du sanctuaire Shinto d’Itate arbore la tenue masculine Japonaise traditionnelle :hakama magnifiquement brodé (3) et do-gi (4). Malgré un sol fortement contaminé “la mousse fait 8 ou 9” (µSv/h ?), le prêtre n’a pas quitté son sanctuaire d’Itate. Il évoque devant la caméra certaines autres personnes, très âgées, invalides, dépressives, qui ont fait comme lui et ont refusé de quitter leurs habitations. Ces “réfugiés immobiles” ont vu disparaitre autour d’eux les commerces, les administrations, les voisins, les amis… les fidèles dans le cas de notre ami, qui n’abandonnera pour autant pas son sanctuaire. Il fait partie des “30 d’Itate”, 30 habitants qui resteront sur place, quoiqu’il arrive.

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Les autorités n’ont pas communiqué les données de contamination disponibles par “peur d’une panique générale”

De manière complètement irrationnelle, les autorités Japonaises n’ont initialement pas voulu prendre en compte la gravité réelle de la situation radiologique engendrée par la catastrophe de Fukushima-Daiichi en refusant par exemple d’admettre que la contamination s’était étendue bien au-delà du cercle imaginaire de 20 km tracé autour de la centrale. Ce détail est évoqué ouvertement par le prêtre : “s’ils [les autorités] ne nous ont pas évacués alors que les niveaux [de radioactivité] étaient les plus élevés, alors pourquoi le faire maintenant [en juin 2011] ? … tous les habitants sont en colère à cause du manque de communication.”

 

“Ils nous ont dit que ce n’était pas comme Tchernobyl, mais que va t-il arriver à ces enfants [irradiés] ?”

Une autre habitante d’Itate pensait au moment de l’évacuation aux enfants qui ont vécu deux mois dans cette zone, au milieu d’une contamination et d’une irradiation constantes : “Mais que va t-il leur arriver ?” demandait-elle alors.

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“Nous pourrons nous remettre du séisme et du tsunami…”

Cette déclaration du Kannushi d’Itate évoque bien la gravité de la crise nucléaire qui pourrait sembler – a priori – secondaire par rapport aux autres facettes de la catastrophe mais dont l’acuité va s’aggraver au fil des années. Sans même évoquer une probable crise sanitaire “à la Tchernobyl” que la majorité des médias et la plupart des scientifiques tenteront probablement de minimiser – le travail a déjà commencé – il est évident que la situation des déplacés et des “réfugiés immobiles” va sérieusement se compliquer au fil des années.

 

“Mon fils aurait du travailler ici, avec moi, mais il travaille maintenant dans un autre temple”

Le prêtre pense aux effets à long terme que les radiations pourraient provoquer sur son fils aussi ce dernier ne l’assiste plus dans les tâches journalières liées au sanctuaire ; notre ami évoque d’ailleurs en fin d’entretien la pire des punitions du village : ceux qui ont un avenir ont fui Itate, et ceux qui y sont restés n’en ont plus.

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Le sanctuaire Shinto d’Itate

 

 

A suivre demain pour la seconde partie du reportage “Les habitants d’Itate, une année après l’évacuation”.

 

(1) Hors la mégalopole Tokyoïte, 30 millions d’habitants, qui dénombre plus de 5000 habitants au km2 !

(2) L’évacuation d’Itate, effectuée en mai/juin 2011, a été le fruit d’un revirement tardif du cabinet Japonais qui ne pouvait plus masquer davantage la situation d’une contamination qui s’étendait bien au-delà de la zone initiale de 20km

(3) Hakama : pantalon traditionnel ample destiné à masquer, à l’époque médiévale, les déplacements d’un samouraï lors d’un combat

(4) Gi, do-gi, keikogi, plus populairement “kimono” : haut de tenue en coton lourd et ample, destiné à faciliter le port de l’armure des guerriers

 

Sources :

“Les habitants d’Itate, un an plus tard”, vidéo Youtube, Yann Thomas Ash, juin 2012, Japonais avec sous-titres anglais

La page de Yann Thomas Ash, 24 juin, anglais

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