L’Isle le 2 mai:
Le casse tête de l’alimentation au Japon après Fukushima
Pas facile de jouir en toute quiétude des plaisirs de la table depuis la catastrophe nucléaire l’an dernier. La suspicion frappe les aliments les uns après les autres et pas un mois ne passe sans qu’un taux de radioactivité anormalement élevé ne soit détecté ou qu’une escroquerie ne ravive l’angoisse des consommateurs.

Plus que jamais, la suspicion règne autour de la dangerosité des denrées alimentaires produites à proximité de la centrale éventrée de Fukushima. Elle a même grimpé d’un cran vendredi avec les révélations de la chaîne NTV et du Japan Today : un grossiste japonais en fruits et légumes aurait modifié l’étiquetage d’une cargaison de concombres pour dissimuler leur origine géographique. Plus précisément, il est accusé d’avoir estampillé les 358 caisses de légumes « Préfectures de Yamagata and d’Iwate », afin d’abuser les consommateurs et ainsi mieux vendre sa cargaison.
Les autorités, qui insistent sur le fait que cette fraude est la première de ce type depuis l’accident nucléaire de mars 2011, ont ordonné au marchand de « respecter les règlementations en vigueur sur l’étiquetage » à l’avenir.
« Ce type devrait être fracassé »
Mais la mollesse de cette réaction officielle a déclenché la fureur de nombre d’internautes nippons. « Ce type devrait être fracassé ! », s’emporte l’un d’entre eux, quand un autre aimerait, s’il est avéré que les concombres de la discorde sont bel et bien contaminés, que le grossiste soit « emprisonné, et définitivement interdit de vendre de la nourriture ». Certains craignent qu’une telle indulgence encourage même d’autres personnes à tenter la même escroquerie…
Comme de nombreuses denrées alimentaires, les concombres cultivés à Fukushima sont considérés comme inoffensifs depuis 2011, des exploitations agricoles ayant subit des tests à la suite des retombées radioactives.
99,9% des fruits et légumes pas testés?
Mais de nombreux Japonais contestent leur crédibilité. Un blogueur nippon tire lasonnette d’alarme : « La surveillance se focalise sur un échantillon unique, choisi dans une seule ferme pour tout un village. Un seul légume est saisi, puis il est minutieusement lavé avant d’en mesurer la radioactivité. Ensuite l’ensemble du village ou de la ville est déclaré »sain » et l’exportation des légumes est alors pleinement autorisé ( ) Bien peu de consommateurs sont pleinement conscients de ces méthodes de test. Je me souviens d’un paysan qui avait prévenu par Tweeter de l’inefficacité de ces mesures, affirmant que 99,9% des fruits et légumes en provenance de Fukushima n’étaient pas testés. »
Depuis un an et encore tout récemment, de nombreux cas de nourriture contaminée ont été révélés par les médias de l’archipel : thé vert, champignons, buf, etc. Et la méfiance des consommateurs grandit, même au delà du Japon : sur la côté Ouest des Etats-Unis notamment, où des rumeurs de contamination des poissons commence à se répandre…